2049. Ils sont douze à essayer de vivre en autarcie au coeur d'un village après l'effondrement de l'État et de la société dû à l'emballement du dérèglement climatique. Tous ont perdu des êtres chers suite aux violences engendrées par cet état de fait ou aux maladies qui n'ont pu être soignées faute de médicaments.
Si le village a été épargné, c'est grâce à l'éboulement d'une falaise, l'isolement les ayant protégés et même sauvés. Mais les denrées deviennent rares et avant de mourir de faim, ils décident à l'unanimité, malgré les risques encourus, de quitter leur lieu de vie et de partir dans la vallée, dans l'espoir de trouver des sources de subsistance. Ils se dirigent avec maintes précautions vers le Bourg mais c'est un spectacle de désolation qu'ils rencontrent de toutes parts : tout a été pillé, vandalisé, saccagé et de plus ils ne découvrent aucune trace de nourriture ni de matériel qui puisse être d'un quelconque intérêt.
Au cours de cette angoissante et périlleuse excursion, ils doivent fuir et se voient contraints de se réfugier dans une maison complètement isolée. Après avoir repris quelques forces, en inspectant les lieux d'un peu plus près, ils découvrent non sans surprise un escalier dérobé qui les conduit vers un sous-sol équipé de façon ultra-moderne, une sorte de bunker souterrain. Dans la pièce d'entrée, de nombreux documents éparpillés laissent à penser que les occupants sont partis précipitamment. Beaucoup des papiers portent en haut le logo « Safe track project » que Tom traduit aussitôt par Projet chemin sûr. Ils découvrent du matériel ultra sophistiqué et rien moins qu'une machine à remonter dans le temps !
Remonter dans le temps et changer le cours de l'Histoire, tel est le procédé qui leur est offert pour remédier à toutes les erreurs pour ne pas dire toutes les horreurs que les hommes ont commises et qui les ont conduits à la quasi disparition de leur espèce.
Qui n'en n'a pas rêvé ? Si, dans un premier temps, cela peut paraître miraculeux, il faut beaucoup de réflexion et de discussions, avant de prendre des décisions aussi délicates. Nos protagonistes prendront-ils le risque ? Si oui, qui se sacrifiera pour tenter l'expérience et partir ? À partir de quelle décision historique cela a-t-il foiré et comment modifier ces moments critiques, autant de questions sur lesquelles nos héros vont se pencher et tenter de s'accorder.
Inutile de vous dire que ce roman de science-fiction parti sur un ton bon enfant et déjà évoqué dans bien d'autres bouquins, à savoir une poignée de survivants livrés à eux-mêmes et tentant de survivre aux multiples dangers environnants, devient après la découverte de ce laboratoire, une profonde réflexion philosophique alliée à une extraordinaire aventure pleine d'angoisse, de psychologie et de poésie où le suspense est maintenu de façon brillante. Et, on découvre alors, que la première partie qui mettait en place les différents acteurs était très utile puisqu'elle décortiquait la personnalité de chacun, des personnalités très différentes qui peuvent s'avérer complémentaires.
J'ai aimé le profond sentiment de solidarité qui anime le groupe et le grand esprit démocratique dont ils font preuve. Toute décision est prise avec le consensus de la collectivité.
Nicolas Dubouloz a trouvé avec 2049, le chemin le plus sûr, une manière très originale pour nous interroger sur les causes du dérèglement climatique, quelles pourraient en être les conséquences très proches et la question se pose de savoir s'il n'est pas déjà trop tard pour y remédier.
Il réussit tout de même à placer dans ce roman de science-fiction, pas moins de deux uchronies, deux modifications de la grande Histoire, dont l'issue est pour le moins surprenante. J'avoue avoir été subjuguée par les deux, aussi éloignées l'une de l'autre, à la fois dans le temps et dans leurs idées.
Nicolas Dubouloz porte un regard critique pessimiste et pourtant lucide et réaliste sur l'humanité, avec cependant une belle attention sur ces personnes rescapées de l'effondrement de la civilisation, nous les rendant très attachantes.
Nicolas Dubouloz a puisé, certes, dans sa formation scientifique pour écrire ce roman mais également dans sa passion pour l'Histoire et son plus grand talent est de savoir nous faire partager brillamment son angoisse pour l'avenir.
La fin de ce roman protéiforme, palpitant de bout en bout ne peut que laisser rêveur et laisser place à une forme de mélancolie...
Je remercie sincèrement Nicolas Dubouloz pour m'avoir incitée à m'immerger dans son premier roman qui se révèle une petite pépite dans le monde de la science-fiction. 2049, le chemin le plus sûr, tout à la fois angoissant et terriblement palpitant m'a tout simplement enthousiasmée.
Il me semble que ce bouquin passionnant peut être lu par tout un chacun, et qu'il est un excellent moyen pour sensibiliser encore davantage ados et adultes à la terrible situation climatique actuelle tout en leur faisant revisiter l'histoire, en les faisant voyager dans le passé !
À noter que l'auteur sera présent au Salon du livre de Fay-aux-Loges (Loiret) le 14 novembre 2021.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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