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Retour de toute l'équipe de Le pari des guetteurs de plumes africaines, ce roman très drôle, dépaysant et plaisant. Je retrouve dans ce nouveau roman ce qui faisait le charme du premier : humour, ironie, critique de la société kenyane des hommes politiques corrompus, et cette sorte d'intemporalité liée au lieu et aux personnages un rien démodés, M. Malik en tête. Disons qu'il reste fidèle à certains principes d'habillement, de politesse, de bienséance qui le rendent un peu coincé, et pas vraiment dans son époque. Mais il cache bien son jeu. Cette fois-ci le safari et le futur mariage de sa fille Pétula lui prennent tout son temps. Cependant lorsque le club est menacé, il met tout en oeuvre pour le sauver.
Comme dans le roman précédent, Nicholas Drayson fait une visite guidée du pays, de sa faune et sa flore et de ses particularités :
"Dans une métropole, trouver une place où garer votre voiture est toujours un problème. A Nairobi, le problème est aggravé par le fait que lorsque vous avez trouvé votre place de stationnement, il vous suffit de laisser votre véhicule un instant sans surveillance pour constater le déclenchement d'étranges phénomènes. Tout d'abord, les roues ont disparu. Patientez encore quelques secondes et la garniture en caoutchouc de la vitre arrière s'en détachera, comme découpée par une lame acérée, et la vitre elle-même cessera d'exister. Encore une minute supplémentaire, et tout ce que contient le véhicule d'éléments facilement transportables s'évanouira dans les airs. Quelques minutes de plus, et les portières, les sièges et les garnitures intérieures, le silencieux -voire même l'entièreté du moteur- auront tout simplement cessé d'être là." (p.252)
Néanmoins, malgré tous ces atouts, je n'ai pas pris le même plaisir à lire cette deuxième aventure de M. Malik qu'à lire la première. Plus d'effet de surprise ? Sans doute. Mais aussi des longueurs, des répétitions nombreuses, résumés inutiles de situations lues quelques pages auparavant et de très nombreux personnages. Le début est assez confus, il faut plusieurs dizaines de pages pour vraiment entrer dans le roman. Et puis, les digressions de l'auteur sont légion ; souvent drôles et incisives, mais parfois nettement moins marquantes. Ce bouquin aurait gagné en efficacité en s'appliquant un régime minceur ; quelques coupes adroites et éclairées ici ou là, et hop, plus de longueurs, et hop Yv il aurait été emballé !
Ceci étant dit, je reste sur une très belle impression, dans cette atmosphère "cosy" des salons de l'Asadi Club et dans celle feutrée de la maison de M. Malik. Le petit plus étant donné par le titre du livre et par ceux des chapitres, comportant quasiment tous des noms d'animaux, le dernier cité devenant le premier du chapitre suivant et le dernier cité dans le livre est bien sûr le même animal que le premier écrit. Une boucle bouclée. Les titres ainsi reliés pourraient former une sorte de long proverbe africain très imagé.
Si un peu de dépaysement vous tente, du soleil, de la chaleur, laissez-vous faire, en passant un peu vite quelques pages, ces effets sont garantis
Vous l'aurez compris, ce roman est drôle. Humour british so typical ! Enfin, ce que je pense être de l'humour anglais. Parfois le rire ou le sourire tient à presque rien : M. Malik sommé de répondre à une interrogation et plutôt partant pour stopper la conversation engagée qui l'agace fait une erreur : "Ce dernier [M. Malik], il faut le préciser, en était alors à son deuxième verre de Tusker, avec toute l'imprudence qui va de pair. Il aurait dû réagir en ces termes: "Hmm." Au lieu de quoi, il avait lâché ceci :
- Hmm ?
- Que voulez-vous dire, "Hmm" ?" (p.41)
Et voici la conversation relancée et me voici moi, à rire à ce presque rien que je trouve vraiment hilarant. Je pourrais vous citer beaucoup d'exemples de passages drôles, mais mon article deviendrait trop long, je vous laisse donc le soin de les découvrir par vous-mêmes.
Voyons l'histoire maintenant : elle tient la route largement. Si le principe du départ est simple voire simpliste, Nicholas Drayson ne se contente pas d'aligner les noms d'oiseaux, il nous montre les moeurs kenyanes, nous instruit sur la faune et la flore -surtout les oiseaux bien sûr- sans jamais être lourd. Il faut dire qu'il est aidé par les noms incroyables des volatiles vivant dans ce pays. Dépaysement assuré (bien vu : chaque titre de chapitre est un nom d'oiseau : "Le souïmanga à croupion pourpre", "L'euplecte ignicolore", "Le ganga à face noire", ...). Et puis, là où l'on pensait voir un héros, M. Malik, terne, pâle et en retrait, on s'aperçoit que le bonhomme n'est dépourvu ni de ressources ni d'humanité.
En ces temps un peu moroses littérairement parlant -j'ai enchaîné quelques déceptions de lectures-, voici un roman qui m'a redonné le sourire et qui assurément peut le redonner -ou permettre de le garder- à tous.
www.lyvres.over-blog.com
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