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Dans Un XXe siècle vietnamien, Nguyễn Thế Anh regroupe neuf parties qui balaient l'essentiel des thèmes agitant l'histoire complexe d'un grand pays où la France a été impliquée de façon peu glorieuse. Il ajoute bien sûr toutes les références nécessaires pour aller plus loin sur telle ou telle question, son livre est fort bien documenté et ses explications très accessibles.
Nguyễn Thế Anh, né en 1936, connaît et maîtrise parfaitement son sujet puisque, en tant qu'historien, il a été Recteur de l'Université de Hué puis responsable de la chaire Histoire et Civilisation de la péninsule indochinoise à l'École des hautes études de Paris et qu'il en est Directeur d'études émérite. J'ai eu la chance de pouvoir détailler son livre grâce à une Masse critique de Babelio et aux éditions de la Frémillerie que je remercie.
« France-Indochine, un siècle de rapports politiques et culturels » rappelle que, dès 1855, Napoléon III faisait commercer notre pays avec le Siam, le Cambodge et le Viêt-Nam. Cela dégénère puisque, le 25 septembre 1856, un navire de guerre français bombarde les fortins de Đà Nẵng. On remet ça deux ans plus tard avec la prise de la ville puis, le 18 février 1859, celle de Saigon. Cette fin du XIXe siècle voit notre impérialisme conquérant s'étendre en Asie du sud-est. Malgré quelques ouvertures, la puissance coloniale affirme son centralisme et son dirigisme.
Durant la Première guerre mondiale, 43 430 militaires plus 48 980 travailleurs viennent d'Indochine combattre pour la France et soutenir l'effort de guerre comme cela a été le cas pour nos colonies africaines.
Si le Front Populaire prend des mesures sociales, la répression est toujours sévère pour les autochtones qui refusent de se plier à la puissance colonisatrice. Avec la défaite de 1940, l'Indochine suit le régime de Vichy, s'allie au Japon mais doit vite faire des concessions au Pays du Soleil levant alors qu'au Tonkin, une famine fait plus d'un million de victimes.
En 1941, Hồ Chí Minh (1890 – 1969) crée le Viêt Minh. Dans la partie intitulée « du rêve mandarinal au chemin de la révolte : Hồ Chí Minh et l'École des Colonies », j'apprends que celui qui s'appelle, à l'époque, Nguyễn Tất Thành, écrit depuis Marseille, en septembre 1911, au Président de la République et au Ministre des Colonies pour demander à entrer à l'École des Colonies créée à Paris en 1887. L'auteur publie ces lettes et les réponses négatives. Dix ans plus tard, celui qui deviendra Hồ Chí Minh, est admis à l'Université des Travailleurs communistes d'Orient, à Moscou…
La Seconde guerre mondiale à peine terminée, le corps expéditionnaire français débarque à Saigon et c'est le début de la guerre d'Indochine qui aboutit au désastre de Ðiện Biên Phủ, le 7 mai 1954 et aux accords de Genève. La France reconnaît l'indépendance des États indochinois et le Viêt-Nam est coupé en deux le long du 17e parallèle.
Un siècle d'histoire commune se termine. Après sept ans et demi de guerre, le bilan est désastreux et la guerre d'Algérie prend aussitôt le relais. Les États-Unis, un peu plus tard, seront engagés dans le même piège…
Si je me suis davantage étendu sur l'histoire commune entre notre pays et le Viêt-Nam, c'est parce que celle-ci est un peu oubliée. Ensuite, Nguyễn Thế Anh traite du confucianisme et de la modernité, revient sur les premières années du XXe siècle avec l'élite intellectuelle vietnamienne et le fait colonial, parle du Viêt-Nam et de son rôle catalyseur dans la lutte entre capitalisme international et socialisme révolutionnaire, aborde le bouddhisme et l'engagement politique, détaille le mécanisme de la débâcle américaine et termine avec deux chapitres consacrés au fonctionnement du Parti Communiste vietnamien, depuis la réunification jusqu'au début du XXIe siècle.
Lorsque le P.C. vietnamien fête ses soixante-dix ans, en 2000, il compte deux millions de membres sur soixante-dix-huit millions d'habitants. Les dissensions entre les gardiens de l'orthodoxie marxiste et ceux qui veulent réformer pour sortir le pays du marasme économique n'en finissent pas.
Alors que les apparatchiks se disputent le pouvoir, c'est le peuple qui souffre le plus : dénuement et pauvreté. Depuis, une vingtaine d'années se sont écoulées et il serait bon de faire un autre point sur la situation politique et économique du Viêt-Nam, toujours sous la menace du grand voisin chinois. Mais ce sera pour plus tard…
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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