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Née métisse dans le sud ségrégationniste des années 60, Natasha Trethewey retrace les étapes qui ont menées à l’évènement qui définira toute sa vie: l’assassinat de sa mère par son beau-père.
Trente-cinq ans après, le lecteur est plongé dans la vie de Gwendolyne, une femme noire, qui osera épouser un homme blanc, aura un enfant, et qui plus tard, se remariera avec un vétéran du Vietnam, violent et manipulateur. Des années d’enfer quotidien autant pour la mère que pour la fille.
Avec beaucoup de pudeur l’autrice évoque les violences conjugales, la culpabilité du survivant, la discrimination ainsi que les défaillances du système judiciaire. Memorial Drive est un livre sur la reconstruction et la résilience, une leçon d’humanité qui ébloui par sa simplicité et la beauté des mots qui transcendent la tragédie.
20 ans après l’assassinat de sa mère, et par le plus grand des hasards, Natasha Trethewey entre en possession du dossier de police relatif à ce crime.
La mère de Natasha est tuée en 1985 par son ex mari, beau-père de l’autrice, au terme de trop nombreuses années de violences conjugales et de menaces de mort.
Il faudra encore 10 ans de plus à cette femme de lettres pour trouver les mots de ce récit, des mots qui sonnent terriblement justes, glaçants parfois, toujours émouvants.
Natasha revient sur ses années d’enfance avec tendresse. Elle est entourée, choyée par une famille nombreuse. Mais elle est la fille d’une femme noire et d’un père blanc, et dans les années 70, dans le Mississippi, c’est encore interdit. De cette union qui se termine alors que Natasha a 7 ans, elle garde une couleur de peau qui posera toujours question et le souvenir d’une relation fusionnelle avec sa mère.
Et puis c’est le départ pour Atlanta, le second mariage de sa mère avec cet homme étrange puis violent.
Avec une précision presque chirurgicale Natasha dissèque certains épisodes de la vie de cette nouvelle cellule familiale, revient sur chaque détail, va puiser dans ses souvenirs pour comprendre, analyser ce qui s’est passé.
Elle dénonce le peu d’aide reçue par sa mère, femme érudite et suffisamment argentée pour pouvoir s’en sortir seule selon les institutions. Elle dénonce les manquements de la police.
Mais surtout elle rend hommage à sa mère et c’est très beau.
C’est un récit intelligent, utile et poignant et que l’on imagine transposable à beaucoup d’autres.
Et c’est un très bel hommage d’une fille à sa mère. Je vous le recommande.
« C’est en essayant de guérir la blessure qui ne guérit jamais qu’émerge l’étrangeté. » Lorca
Gwendolyn Ann Turnbough est la maman de l’autrice. Elle mourra assassinée par son deuxième mari, le 5 juin 2015 alors qu’elle était séparée de lui. Elle avait quarante ans, sa fille dix-neuf.
Natasha Trethewey nous livre ici un récit admirable, fort, puissant et certainement cathartique. Elle écrit pour se souvenir, non de l’assassinat de sa mère mais de la période qui l’a précédé, et sur lequel sa mémoire a inconsciemment jeté un voile.
C’est donc sur la période entre la séparation d’avec son premier mari, le père de Natasha, en 1973 et sa disparition en 1985 que l’autrice décide de se pencher.
Elle convoque les souvenirs, les rêves, les mythes qui ont bercé son enfance pour tenter d’expliquer ce qui a pu mener une femme libre et hardie (elle s’est mariée avec un homme blanc à l’époque où les mariages inter-raciaux étaient interdits) à une relation destructrice.
Elle s’appuie aussi sur les documents que sa mère a transmis aux autorités pour se protéger et qui révèlent une femme intelligente et forte.
C’est avec pudeur et sincérité que Natasha Trethewey nous livre ici un récit qui est un véritable hommage à sa mère. Une façon pour elle de dépasser la douleur, d’exorciser le malheur et d’apaiser ses maux et tourments enfouis.
Magnifique !
Ce livre se lit et vous laisse aussi vite dans le désarroi. Qu'aurions nous fait à sa place ? Natasha a le sentiment d'avoir sa part de responsabilité dans ce drame. Nous tous avons aussi notre part de responsabilité dans ces drames. Mais le principal responsable reste l'auteur du drame.
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