Des découvertes et des récits puissants à offrir à Noël
Le 5 juin 1985, Gwendolyn est assassinée par son ex-mari, Joel, dit « Big Joe ». Plus de trente ans après ce drame qui a changé sa vie, Natasha Trethewey, sa fille, affronte enfin sa part d'ombre en se penchant sur le destin de sa mère. Tout commence par un mariage interdit entre une femme noire et un homme blanc dans le Mississippi. Suivront une rupture, un déménagement puis une seconde union avec un vétéran du Vietnam. À chaque fois, Gwendolyn pense conquérir une liberté nouvelle. Mais la tâche semble impossible. Elle est toujours rattrapée par la violence.
Dans ce récit déchirant, Natasha Trethewey entremêle la trajectoire des femmes de sa famille et celle d'une Amérique meurtrie par le racisme. Elle rend à sa mère, Gwendolyn Ann Turnbough, sa voix, son histoire et sa dignité.
Des découvertes et des récits puissants à offrir à Noël
Née métisse dans le sud ségrégationniste des années 60, Natasha Trethewey retrace les étapes qui ont menées à l’évènement qui définira toute sa vie: l’assassinat de sa mère par son beau-père.
Trente-cinq ans après, le lecteur est plongé dans la vie de Gwendolyne, une femme noire, qui osera épouser un homme blanc, aura un enfant, et qui plus tard, se remariera avec un vétéran du Vietnam, violent et manipulateur. Des années d’enfer quotidien autant pour la mère que pour la fille.
Avec beaucoup de pudeur l’autrice évoque les violences conjugales, la culpabilité du survivant, la discrimination ainsi que les défaillances du système judiciaire. Memorial Drive est un livre sur la reconstruction et la résilience, une leçon d’humanité qui ébloui par sa simplicité et la beauté des mots qui transcendent la tragédie.
20 ans après l’assassinat de sa mère, et par le plus grand des hasards, Natasha Trethewey entre en possession du dossier de police relatif à ce crime.
La mère de Natasha est tuée en 1985 par son ex mari, beau-père de l’autrice, au terme de trop nombreuses années de violences conjugales et de menaces de mort.
Il faudra encore 10 ans de plus à cette femme de lettres pour trouver les mots de ce récit, des mots qui sonnent terriblement justes, glaçants parfois, toujours émouvants.
Natasha revient sur ses années d’enfance avec tendresse. Elle est entourée, choyée par une famille nombreuse. Mais elle est la fille d’une femme noire et d’un père blanc, et dans les années 70, dans le Mississippi, c’est encore interdit. De cette union qui se termine alors que Natasha a 7 ans, elle garde une couleur de peau qui posera toujours question et le souvenir d’une relation fusionnelle avec sa mère.
Et puis c’est le départ pour Atlanta, le second mariage de sa mère avec cet homme étrange puis violent.
Avec une précision presque chirurgicale Natasha dissèque certains épisodes de la vie de cette nouvelle cellule familiale, revient sur chaque détail, va puiser dans ses souvenirs pour comprendre, analyser ce qui s’est passé.
Elle dénonce le peu d’aide reçue par sa mère, femme érudite et suffisamment argentée pour pouvoir s’en sortir seule selon les institutions. Elle dénonce les manquements de la police.
Mais surtout elle rend hommage à sa mère et c’est très beau.
C’est un récit intelligent, utile et poignant et que l’on imagine transposable à beaucoup d’autres.
Et c’est un très bel hommage d’une fille à sa mère. Je vous le recommande.
« C’est en essayant de guérir la blessure qui ne guérit jamais qu’émerge l’étrangeté. » Lorca
Gwendolyn Ann Turnbough est la maman de l’autrice. Elle mourra assassinée par son deuxième mari, le 5 juin 2015 alors qu’elle était séparée de lui. Elle avait quarante ans, sa fille dix-neuf.
Natasha Trethewey nous livre ici un récit admirable, fort, puissant et certainement cathartique. Elle écrit pour se souvenir, non de l’assassinat de sa mère mais de la période qui l’a précédé, et sur lequel sa mémoire a inconsciemment jeté un voile.
C’est donc sur la période entre la séparation d’avec son premier mari, le père de Natasha, en 1973 et sa disparition en 1985 que l’autrice décide de se pencher.
Elle convoque les souvenirs, les rêves, les mythes qui ont bercé son enfance pour tenter d’expliquer ce qui a pu mener une femme libre et hardie (elle s’est mariée avec un homme blanc à l’époque où les mariages inter-raciaux étaient interdits) à une relation destructrice.
Elle s’appuie aussi sur les documents que sa mère a transmis aux autorités pour se protéger et qui révèlent une femme intelligente et forte.
C’est avec pudeur et sincérité que Natasha Trethewey nous livre ici un récit qui est un véritable hommage à sa mère. Une façon pour elle de dépasser la douleur, d’exorciser le malheur et d’apaiser ses maux et tourments enfouis.
Magnifique !
Ce livre se lit et vous laisse aussi vite dans le désarroi. Qu'aurions nous fait à sa place ? Natasha a le sentiment d'avoir sa part de responsabilité dans ce drame. Nous tous avons aussi notre part de responsabilité dans ces drames. Mais le principal responsable reste l'auteur du drame.
Merci pour ce partenariat entre les Editions de l'Olivier et le Picabo River Book Club et merci leatouchbook d'être à l'origine de tout ça.
Ce livre nous raconte le deuil, la perte de sa maman. Ce deuil impossible en temps normal, devenu pire selon les circonstances. Comment on devient adulte brutalement alors même que la vie s'effondre.
Natasha Trethewey, métisse née en 1966, époque où le mariage interracial était interdit dans vingt et un états, retrace l'histoire de sa mère, noire, et de son père, blanc, qui pensaient que l'amour peut vaincre tous les tabous, et de son statut, ni noire ni blanche et pourtant les deux.
Son enfance, qui paraît être idyllique est néanmoins émaillée de jugements racistes sur le couple que forment ses parents, par des blancs qui s'arrogent ce droit.
Un jour le couple parental se sépare, et plus tard un autre homme arrive, qui aura le visage de la mort.
C'est fascinant la façon dont l'autrice retrace ce passé qu'elle avait voulu gommer et que, du présent, elle ait cette impression que tout était déjà joué, que leur destin funeste les attendait alors que tous les signaux d'alarme étaient là pour empêcher la tragédie d'arriver.
À travers ses rêves et ses souvenirs enfouis, elle nous parle de sa mère et du coup de toutes les mamans, omniprésentes, qui nous tiennent la main tout au long de nos vies, encore bien après qu'elles aient dû nous laisser continuer le chemin sans elles... nous ne sommes jamais sans Elle.
C'est une histoire poignante, un long cri silencieux rempli de douleur. C'est révoltant et douloureux à lire. Ça nous raconte l'abus de certains hommes qui se croient détenteurs de la vie de leur compagne, c'est la chronique d'une mort annoncée et la chute dans un gouffre sans fond pour ceux qui restent.
Hélas, les uxoricides perdurent, donnant le sentiment que quelque chose échappe à la société qui ne parvient pas à juguler cette abomination.
Ce récit d'une mort qui semblait évitable mais ne l'a pas été m'a fait revenir en mémoire une phrase d'Arthur Rimbaud à sa soeur : J'irai sous la terre et toi tu marcheras dans le soleil.
La tristesse m'a submergée car une Maman c'est l'univers tout entier.
Les années et les décennies passent, le manque reste. C'est aussi ce que nous dit Natasha Trethewey.
Dans ce récit autobiographique, l'autrice, née en 1966 d'une union entre homme blanc et une femme noire, se livre sur son enfance dans le Mississippi, revient sur le drame qui a coûté la vie de sa mère et laissé une marque indélébile sur sa vie, et sur les années qui ont précédées et qui annonçaient déjà le drame à venir.
Memorial drive est tout d'abord le témoignage d'un lieu et d'une époque. Nous sommes aux États-Unis, dans l'Etat du Mississippi ; Nous sommes à la fin des années 60 et à cette époque, le Mississippi connaît une longue période de violences racistes, notamment avec le ku klux klan, organisation née de la défaite sudiste.
Memorial drive est aussi, à travers les portraits de sa mère, de sa grand mère, etc. un grand portrait de femmes et un bel hommage.
Memorial drive est enfin un témoignage bouleversant des violences faites aux femmes, tant physiques que psychologiques, de leur écœurante et rageante banalité, et du peu de cas que l'on en fait.
L'écriture, tout en finesse, subtilité et retenue, nous offre davantage un témoignage factuel. Il aura fallu 30 années à Natasha Trethewey pour affronter ce douloureux passé et en témoigner... Et probablement une prise de distance nécessaire pour pouvoir nous la livrer.
L'autrice jongle avec les modes de narration pour nous offrir un témoignage complet et j'ai trouvé ce choix narratif très intelligent et judicieux.
Pour autant et malgré des thèmes soulevés très forts et auxquels je suis très sensible, je n'ai pas réussi à me laisser pleinement embarquer. Je ne sais pas comment l'expliquer. Je justifie souvent un manque d'engouement par une question de sensibilité mais ce n'est pas le cas pour ce récit là. Peut-être davantage une question de moment, tout simplement.
Lecture dans le cadre de la quatrième édition du prix bookstagram du roman étranger.
"sais tu ce que ca fait de porter une blessure qui ne guérit jamais?" la voix de sa mère -la dernière question comme un refrain...porter, oui,
poignant.
J'aime ces histoires ou les mots coulent de source même les plus savants que je ne connais pas ; c'est un régal d'aller chercher une définition ou un synonyme voire une photo quand il s'agit d'une "unique plante adorée" par exemple : "un dieffenbachia" -que mon IPhone ne reconnaît pas non plus d'ailleurs- étonnante plante qui reserve quelques secrets, aussi.
MÉMORIAL DRIVE c'est le nom d'une artère à Atlanta et du coup j'ai très envie d'y aller en "pèlerinage" comme Natasha Trethewey "la fille de la femme assassinee (...) une jeune femme à l'aube de sa vie soudain happée par l'âge adulte et le deuil." Où elle a grandit "J'ai souvent vu cette porte en rêve. Elle est enfin devenue un seuil que je peux franchir."
Le Mississipi, la Nouvelle-Orléans, dans un contexte difficile pour les parents de l'autrice, couple mixte; vivre avec les menaces quotidiennes "pourquoi tu vis avec cette bande de négros?"
L’autrice jongle parfaitement avec… nos nerfs ! On passe de la mère qui «me regarde avec adoration (…) Un médaillon en forme de coeur pend au col de ma robe. « Il a la forme de ton visage. » à l’intolérable : la mère battue; la mère assassinee.... toujours avec la même ferveur d'écriture. Puis c’est le vide, l’amnesie post-traumatique, le travail de mémoire, les regrets, les remords, le sentiment de culpabilité les « je savais »...... "La mémoire croit avant que la connaissance ne se rappelle." W. Faulkner.
C'est un très beau texte.
Découvert dans la sélection d'octobre du #grandprixdeslectriceselle2022
Difficile mais beau.
A lire absolument.
En 1985, lorsqu’elle a dix-neuf ans, l’auteur perd sa mère, tuée par balle par un mari violent qui la menaçait depuis longtemps, au point d’avoir déjà été incarcéré. Il lui faudra plusieurs années avant de pouvoir faire face aux souvenirs, et encore trois décennies pour mettre en mots, dans ce livre, l’histoire de son enfance et de sa mère Gwendolyn.
Qu’il est déchirant, ce récit autobiographique aux allures de roman ! Au-delà de la narration de l’intime, marqué par un traumatisme qui, après une vie à tenter de l’apprivoiser, hante encore l’auteur et l’étreint d’une douleur palpable, c’est l’histoire raciale des Etats-Unis qui se dessine à travers plusieurs générations d’une même famille. Née d’une mère noire et d’un père blanc dans une Amérique qui interdit encore les mariages interraciaux, pointée du doigt pour sa peau à la fois trop claire et trop foncée pour lui assurer une identité claire et une appartenance incontestable, Natasha apprend très vite que son métissage sera d’abord pour elle un poids à subir en silence, dans une omniprésente désapprobation générale.
Intégrée dès le plus jeune âge, cette habitude de faire profil bas dans un monde qui la réprouve sera en grande partie à l’origine de la douleur qui la poursuivra sans remède après la perte de sa mère. Car jamais la fillette, puis l’adolescente, ne se sentiront autorisées à s’arracher du carcan de l’endurance passive, subissant comme une fatalité les manipulations perverses du beau-père, et absorbant sans mot dire le dramatique vécu maternel, en observatrice impuissante qui aurait tant voulu protéger mais n’héritera au final que de la lancinante culpabilité de sa résignation. L’on comprend ce que la prise de parole de l’écrivain peut comporter ici d’essentiel, pour la réconciliation de l’auteur avec cette part d’elle-même qu’elle a si longtemps tenté d’effacer, et pour rendre à sa mère une voix, et peut-être une forme de sens à son histoire.
De la narration se dégage le bouleversant portrait d’une femme qui croit trouver la voie de la liberté et de l’indépendance, mais qu’un destin tragique rattrape cruellement au travers d’un conjoint violent. Longtemps martyrisée, pourtant mise sous protection, elle est finalement tuée par cet homme, dans un enchaînement de circonstances à pleurer. L’on reste notamment sans voix à la lecture des transcriptions des dernières conversations téléphoniques entre Gwendolyne et son bourreau. Leur enregistrement devait permettre à la courageuse jeune femme d’obtenir un mandat d’arrêt contre son mari, mais trop tard...
Douloureux, profondément sincère, ce livre impressionne par la qualité et la sensibilité de son écriture, souvent poétique, toujours hantée par une figure maternelle érigée à l’état d’icône et restituée dans un troublant jeu d’ombre et de lumière. D’une symbolique toute biblique, il matérialise aussi de manière frappante la dramatique éclipse venue irrémédiablement assombrir la vie entière de l’auteur. Un livre terriblement poignant.
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