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Nassira El Moaddem

Nassira El Moaddem

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    Couverture du livre « Les filles de Romorantin » de Nassira El Moaddem aux éditions L'iconoclaste

    dubonheurdelire sur Les filles de Romorantin de Nassira El Moaddem

    Un concours m’a permis, il y a quelques mois, de gagner l’ouvrage Les filles de Romorantin. Je ne connaissais pas Nassima El Moaddem mais je connais le Bondy Blog qui a pour but de donner à voir et à entendre les invisibles. Nassima El Moaddem est une fille de Romorantin. Elle y a grandi, elle...
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    Un concours m’a permis, il y a quelques mois, de gagner l’ouvrage Les filles de Romorantin. Je ne connaissais pas Nassima El Moaddem mais je connais le Bondy Blog qui a pour but de donner à voir et à entendre les invisibles. Nassima El Moaddem est une fille de Romorantin. Elle y a grandi, elle en est partie mais l’apparition du mouvement des gilets jaunes la ramène vers la ville de son enfance.


    Sa posture de journaliste, associée à son héritage de fille de Romorantin, lui fait re-découvrir sa ville, devenue une fille des invisibles et des oubliés où les inégalités, les souffrances sont bien présentes. A travers ce reportage sociologique, elle renoue avec sa vie d’avant, retrouvant des amies d’enfance mais elle porte aussi un regard lucide et juste sur l’évolution politique, économique et sociale de Romorantin.

    J’ai trouvé ce reportage intéressant et j’aime l’écriture de Nassima El Moaddem, juste, simple et efficace. En sortant de cet ouvrage, on porte un autre regard sur les gilets jaunes, sur les oubliés et les invisibles de notre société.

    Sans être moralisateur, ce reportage fait ouvrir les yeux sur un monde que les médias n’exposent pas, auquel ils ne s’intéressent pas et pourtant qui est si proche de nous.

    En résumé : un reportage sur les oubliés, les invisibles, à lire pour porter un autre regard sur notre monde.

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    Couverture du livre « Les filles de Romorantin » de Nassira El Moaddem aux éditions L'iconoclaste

    Marie Kirzy sur Les filles de Romorantin de Nassira El Moaddem

    Nassira El Moaddem est journaliste ( le Monde, France 2 entre autres ), elle a dirigé le Bondy Blog et été sa rédactrice en chef. Mais avant sa brillante carrière, elle est née à Romorantin dans le Loir-et-Cher, elle y a vécu jusqu'à ses 18 ans et son départ pour des études à Paris. Elle revient...
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    Nassira El Moaddem est journaliste ( le Monde, France 2 entre autres ), elle a dirigé le Bondy Blog et été sa rédactrice en chef. Mais avant sa brillante carrière, elle est née à Romorantin dans le Loir-et-Cher, elle y a vécu jusqu'à ses 18 ans et son départ pour des études à Paris. Elle revient sur les lieux de son enfance et de son adolescence pour enquêter sur le mouvement des Gilets jaunes.

    Ce récit est d'abord le portrait d'un territoire en déclin, d'une petite ville de province qui ne se remet pas de la fermeture brutale, en 2003, de l'usine Matra travaillant pour Renault, le premier employeur privé de la région, là où le père de Nassira a été ouvrier. Un tsunami économique, encore inscrit dans les paysages et les mentalités. Une ville qui se sent aujourd'hui oubliée. Nassira El Moaddem décrit parfaitement ce déclassement, notamment dans le chapitre consacré à son enclavement géographique : seulement deux-cents kilomètres pour rejoindre la capitale, mais 2h15 en train avec un changement à Salbris pour troquer un Intercités crasseux pour une petite micheline. Une ligne qui devrait bientôt sacrifier sur l'autel de la rentabilité

    C'est aussi le portrait de ses habitants et notamment de Caroline, la meilleure amie d'enfance de Nassira, celle qui n'est jamais partie, celle qui galère en mère célibataire, celle qui est à découvert le 15 du mois. Celle qui est devenue Gilet jaune et qui permet à la journaliste d'infiltrer le mouvement au quotidien. On a tout dit sur les Gilets jaunes, il n'y a pas de scoops ou de surprises dans ce qu'elle raconte. Mais c'est dit sans parti pris idéologique, sans fard, avec tendresse pour ces révoltés, mais sans rien occulter non plus comme la montée du Rassemblement national ou le racisme latent voire assumé de certains.

    Les passages les plus intéressants et d'éclairants sont d'ailleurs ceux que l'auteur consacre aux Romorantinais d'origine immigrée. Voici ce que répond Sedat à la question centrale de la non participation des Français d'origine immigrée au mouvement des Gilets jaunes : « Si nous, les Turcs, les Arabes, les Noirs de France, on avait pris part au mouvement, les casseurs auraient eu un nom et un visage ? On aurait été désignés direct. On nous aurait désignés direct. On nous aurait qualifiés d'islamistes, d'intégristes violents. de toute façon, au moindre petit truc, on est pointés du doigt, donc heureusement qu'on n'a pas pris part. C'est malheureux à dire, parce que cette misère-là, c'est aussi la nôtre ! »

    Et derrière ces portraits sociétaux, se dessine celui, intime, de l'auteure. Celle qui est partie, qui s'est extraite de sa condition sociale, celle qui a réussi. Elle s'interroge sur sa légitimité à parler des déclassés, des oubliés, des invisibles, dans sa culpabilité à avoir fui la ville au moment où Matra fermait, dans son sentiment d'imposture, elle qui a été la première de sa famille à faire des études supérieures. Elle interroge aussi de façon très pertinente sur l'identité ou plutôt les identités multiples qui s'entrechoquent en chacun : elle, la fille d'immigrés marocains, la fille d'ouvrier, la Romorantinaise mais aussi la Parisienne, la journaliste, la bourgeoise.

    Ce récit très réussi est aussi bien celui d'un territoire blessé, d'une fracture que de l'échappée de celle qui y est partie et qui revient. Il parvient haut la main à parler à la première personne tout en maintenant une rigueur journalistique, entre réflexions personnelles et enquête de terrain, tour à tour nostalgique et incisif. Le tout en étant très accessible et vivant.

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