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« Il faut se méfier des mots » une phrase écrite sur un mur, une œuvre de l'artiste français Ben située rue de Belleville à Paris qui interpelle quand on passe devant, sans savoir que c'est dans ce quartier que s'est déroulée cette histoire, certainement un peu autobiographique ?
Chez Nadege Erika, les mots sont beaux, à chaque page, j’ai ressenti l’urgence de la vie surtout dans la 2e partie du roman. Des phrases à garder «Je vis au bord des larmes. »
D’abord, retour dans le quartier de Belleville, où se rendre compte que tout a rétréci, l’impression d’une histoire sur la mixité sociale, d’un quartier de Paris, qui est en train de devenir à la mode, la rue Piat là où Naelle a vécu la semaine chez grand-maman avec son frère et ses 2 sœurs (tous issus de pères différents). Tandis que le WE, ils vivaient chez leur mère Porte de Montreuil (escalier 12) dont la vie était très bohème.
Ensuite, j'ai été happée par l'histoire de jeunesse de Naëlle. Propulsée très vite dans la vie, quand grand-maman doit s’exiler de son quartier devenu trop cher pour rejoindre la Province. Conséquence ou pas : Nana a grandi trop vite aussi en tant qu'ainée de la fratrie, tombée amoureuse de Gus, en couple, enceinte de jumeaux et le drame à 19 ans. le cri d'une mère, d’une femme face à la perte de son enfant. L’incompréhension, l’ignorance, l’incompétence d’un médecin… Elle veut comprendre ce qui s’est passé. S’ajoute la difficulté a exprimer son malheur dans une famille où on ne parle pas des morts.
Elle a du vivre avec un deuil impossible à faire et j'ai ressenti la détresse de cette mère, si jeune.
Un premier roman très prometteur.
Un roman fiction où l'on distingue deux parties.
Dans la première partie, l'autrice raconte l'enfance et l'adolescence de Naëlle avec son frère et ses sœurs entre Belleville et Porte de Montreuil. Entre Grand-Maman et sa mère Jeanne. La première lui apportant un cadre, la deuxième vivant comme une bohème. Elle y décrit son quotidien dans un milieu populaire.
La deuxième partie commence dans la vie de jeune femme de Naëlle. Amoureuse de "Gus", un drame personnel la touche et on rentre dans un récit plus intime et émotionnel.
L'ensemble est très fluide et se lit rapidement. C'est un premier roman prometteur. On sent que l'autrice a mis beaucoup d'elle, de ses sentiments.
Une belle découverte.
Le livre de Nadège Erika est un roman aussi réaliste que poignant, un grand roman ! Il fait partie de la sélection du Prix Harper Collins Poche 2025, catégorie littérature.
J'ai été touchée par sa langue simple et non dépourvue d'humour qui évoque pourtant des sujets difficiles tels que le deuil, la misère sociale, les relations dans une famille "dysfonctionnelle"…
Naëlle a été biberonnée aux années 90, chaque souvenir qu'elle évoque en est imprégné. Si c'est pour moi une plongée plus ou moins nostalgique, pour elle c'est une tragédie (elle n'en a pas forcément conscience au moment où elle le vit, mais plus tard elle mettra des mots sur cette trame qui tisse un malheur…).
Ainsi, la jeunesse de Naëlle se scinde en deux axes distincts : la semaine dans l'HLM de Grand-maman à Belleville, les week-ends et les dîners Banania-biscottes à Porte de Montreuil, dans celui de Jeanne, sa mère, qui peine à remplir le frigo.
C'est ainsi que grandit et se structure Naëlle. Est-elle seulement à sa place quelque part entre cette mère négligente et cette grand-mère qui se bat pour que réside un semblant de vie de famille "normale" ? Comment se construire dans l'absence, dans le manque ?
La tragédie insuffle ses ressorts venimeux dès le début de l'histoire, on la sent qui gronde… et puis, elle nous percute le cœur avec tant d'injustice !
Un premier roman magnifique, très humain qui décortique avec justesse les liens familiaux et l'environnement de quartiers populaires en mutation (gentrification, classes sociales qui entrent "en collision"), mais donne aussi à voir un espoir, la résilience (Mon petit est inspiré de l'histoire de Nadège Erika, elle est aujourd'hui éducatrice spécialisée et romancière).
Naëlle et sa fratrie grandissent à Belleville chez leur grand-mère, formidable personnage pétri d’amour, de respect et d’un savoir précieux (Belleville d’avant les bobos, où les enfants dévalaient les rues dans des sacs poubelles dès les premières neiges car oui, dans les années 90, il y avait de la neige dans les rues à Paris, je vous parle d’un temps…).
Naëlle navigue entre deux mondes : une aïeule très structurée, rassurante, pleine de bon sens qui l’appelle « mon petit », d’où le titre) et une mère absente, bohème et foutraque, toujours entre deux coupures de courant et visites des huissiers ou des services sociaux.
Le contexte de pauvreté et de violence n’entame pas le formidable allant de cette histoire, écrite d’une plume pleine de gaieté et de fantaisie.
Le ton restera le même lorsque, quelques années plus tard, la toute jeune fille rencontrera un beau gosse immature et irresponsable qui l’éblouira avec ses yeux verts et ses Nikes dernier cri.
La description lucide d’une catastrophe annoncée serre le cœur, « mon petit » est tout à la fois un drame révoltant et sordide (il est question de drogues, de coups, de morts d’enfants, de mépris des médecins…) et le récit d’une résilience volontaire et têtue où le suivi des personnes en grande difficulté a toute sa place.
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