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uand je pense à la Colombie, c’est le café, la chaleur, la danse, les couleurs.. une vraie touriste-à-la-con en somme.
Mais la Colombie, c’est aussi et surtout, les Gamines : ces enfants des rues, issus des bidonvilles, abandonnés par leurs pauvres familles, qui risquent leur vie pour survivre, à chaque instant. Dans les rues de Bogotà, errent Carla, Rafaele, Juan, Soledad, Maria, Guillermo et tous les autres. Ils mangent seulement lorsqu’ils gagnent quelques pièces de monnaie, dorment sur des cartons, se battent pour rester ensemble, défendre leur bande et leur territoire.
Ils font la manche, fabriquent des colliers de perles pour les touristes, lavent des pare-brise, font des menus travaux de bricolage chez les plus aisés… se dérobent pour échapper comme ils peuvent aux rafles de trafiquants d’organes, volent, dealent, tuent parfois.. et se prostituent souvent… Moyenne d’âge 10/12 ans.
Le danger est partout, c’est aussi ça, la Colombie.
De l’autre côté de l’Océan en France, vivent Pédro et Cécilia,14 ans et des poussières, adoptés à 6 ans par deux familles, habitant Lyon. Ces deux enfants, que la rue à unit très fortement, ont été recueillis dans le même orphelinat de Bogotà et adoptés le même jour. Mais n’étant pas frère et sœur, ils n’ont pas pu être pris par une seule et même famille. Pour leur adaptation, les parents adoptifs ont décidé de garder le contact et de ne pas couper ce lien qui leur permet d’avoir quelques racines et repères.
Les 8 ans passés en France pour Pédro et Cécilia, leur ont permis de connaître un avenir serein, rempli d’amour, de présence, de nouveaux liens fraternels.. Cependant, et bien qu’ils puissent s’épauler et se confier l’un à l’autre sur leurs troubles d’enfants adoptés, arrive un moment où le besoin de connaître ses racines se fait plus fort. Les ados ne se rappellent pas leurs 6 premières années, n’ont pas de souvenirs, ou alors quelques bribes et des flash.. peut-être même imaginés. La quête d’identité devient alors viscérale et ce, malgré l’amour que leur portent leurs parents adoptifs. Ils se mettent à rêver, à espérer, à reconnaître les traits d’un père sur le visage d’un inconnu..
Au travers de ces 400 pages, Mirabelle Borie nous promènera de Lyon à Bogotà, avec une alternance de chapitres aux émotions multiples. Ce rythme permet aussi d’entrechoquer et contraster les points de vue et les deux vies : la misère des rues et la douceur d’un foyer aimant dans une famille. Petit à petit, on relie les deux extrêmes et les destins se rejoindront sur une fin ouverte et très émouvante.
« Dulce de leche » est doté d’une écriture très fluide et accessible, mais il ne fait certainement pas l’impasse sur la violence du quotidien des Gamines, qui est tout de même le cœur du roman. L’auteure qui ne nous épargne pas, sait pourtant rester subtile en n’étalant pas les scènes obscures. Nous adultes avons bien assez d’images dans la tête pour imaginer comment se font payer les jeunes gamines une fois que la porte des maisons closes se referme sur elles..
Dans ce roman, il y a pléthore de protagonistes : les parents adoptifs discrets, présents et aimants, Don Rodrigo, le mafieux proxénète qui sème la terreur dans les rues, ou le généreux Don Armindo, responsable d’un refuge pour enfant à Bogotà… et bien sûr, tous ces enfants, de Colombie ou de Lyon. Tous ces personnages ont leur propre personnalité, leur charisme : ils sont sincères, terriblement vrais et extrêmement attachants ou carrément détestables.
Sous couvert d’un roman jeunesse fictif, l’auteure nous embarque dans une histoire sur les liens qui unissent les hommes, sur la résilience, la rage de vaincre mais aussi sur une triste vérité qu’il ne faut pas occulter.
« Dulce de leche » c’est un titre doux et sucré, mais la réalité est tout autre. Il y a encore de vraies causes à défendre dans ce monde. Inspiré de tristes faits réels actuels, l’auteure nous livre ici un roman dont on ne peut rester indifférent.
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