"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Je me faisais une joie de découvrir enfin ce chef d'oeuvre de la littérature russe, moi qui ai aimé ses grands romans.
J'ai aimé le début, ces deux personnages qui rencontrent un troisième, visiblement étranger, en tout cas pas comme eux.
J'ai aimé le récit de la mort de Jésus, du point de vue de Ponce Pilate.
Et puis la multiplication des personnages m'a perdu, j'attendais le fameux Maître et la fameuse Marguerite qui mettra du temps à venir.
Je n'ai pas aimé ce déferlement de situations absurdes (car elles ne sont même pas cocasses), mon côté trop cartésien, sans doute.
J'ai fini en avance rapide ce mythe de Faust revisité à la sauce Russe hallucinée.
Le sous-titre (« Comment des jumeaux causèrent la mort d’un chef de service ») contribue à redonner un peu de réalisme à l’histoire que nous propose Boulgakov qui pourrait être du Kafka avec beaucoup d’humour, ou du Monthy Pithon pour la mise en image percutante ; ou encore Mel Brooks pour des enchainements sans limites.
Le professeur Transfigouratov n’est pas n’importe quel médecin. C’est une sommité, capable de conserver un appartement de sept pièces dans la Russie soviétique, ce qui relève de l’exploit.
Mais il faut dire qu’il s’est fait une spécialité dans le rajeunissement des gens. Et si les moyens employés sont peu orthodoxes, les résultats sont là, ce qui lui vaut un régime d’exception.
Un soir, il croise un chien des rues, Bouboul.
Il décide de l’adopter et de réaliser sur lui une expérience : lui greffer l’hypophyse d’un homme.
Voilà le postulat de cette histoire complètement loufoque.
Boulgakov signe ici un roman fantastique qui égratigne la réalité de son époque.
La science est utilisée pour satisfaire de bas intérêts. Les patients venus pour être rajeunis n’ayant souvent que des intérêts lubriques à satisfaire. Également, en donnant une voix au chien des rues, le roman montre le côté malsain de ces opérations réalisées sans souci des cobayes utilisés.
Boulgakov illustre aussi l’ironie de cette société de camarades où la corruption permet de ne pas s’astreindre aux contraintes du peuple.
Les hommes du Parti communiste étant, d’ailleurs, de viles personnages comme si le parti n’était qu’un repaire de gens obtus et stupides.
C’est un récit étrange qui m’a moins séduite que Le maître et Marguerite, mais que j’ai trouvé intéressant par l’ironie qui s’en dégage et les attaques menées contre le régime soviétique.
De Le Maître et Marguerite de Mikhail Boulgakov, je ne connaissais pas grand-chose. Intrigué par son titre et sa couverture (de chez pocket), je me suis laissé séduire par son introduction. Le contexte est simple : La Russie des années 30, un auteur censuré, qui aura mis une dizaine d’années à écrire son chef-d’œuvre, sous plusieurs versions et qui le terminera 3 semaines avant sa mort.
Ce roman oscille parfaitement entre satire et fiction, fantastique et politique, mais je ne m’attendais à rien de tout ça. Trompé sans doute par le titre, je m’attendais à une histoire d’amour sous fond d’une union soviétique impitoyable sous le commandement de Staline… C’est presque ça, mais quand même pas tout à fait.
C’est près de l’Etang du Patriarche, qu’on y fait la rencontre de Satan, prénommé Woland accompagné de sa fidèle bande. D’un poète déchu et son ami à la tête coupée, de tours de magie chimériques, de disparitions, de satanisme, même de sorcellerie… se mêle ensuite un histoire parallèle de Yeshoua (Jésus) et de Ponce Pilate, écrite par le Maître, personnage clef du livre et son amante Marguerite.
J’ai parlé de chef-d’œuvre un peu plus haut, parce que c’en est un. Au-delà de son style, son humour, sa décadence, son burlesque, c’est aussi un livre nécessaire, pour l’auteur et pour les lecteurs. Il faut bien rappeler le climat sous-jacent lors de l’écriture du livre, ce n’est pas un détail… et cela cristallise et classe l’œuvre comme un pan, un indispensable, de la littérature Russe.
Loin d’être un expert de la littérature Russe, j’ai tout de même appris à aimer les histoires de Dostoïevski, je vais bientôt me plonger dans du Tolstoï (Anna Karénine et Guerre et Paix) et Gogol fait partie de ma liste à lire (Les Âmes Mortes). Bref, Boulgakov a quand même eu l’audace et la hardiesse de sortir un livre sous le régime soviétique, transgressant alors la ligne idéologique du parti en parlant de despotisme, d’espionnage, de religion, de diable, et prenant le risque d’une condamnation à mort.
C’est alors que Le Maître et Marguerite m’a permis de mieux comprendre le régime russe des années 30, de par son intelligente raillerie en mettant en scène des personnages rocambolesques, grotesques et vulgaires, mettant la zizanie dans la ville de Moscou et plus spécifiquement dans le milieu du spectacle avec le théâtre des variétés et le milieu littéraire et de la poésie avec la maison Griboïedov.
Il aura fallu attendre un peu plus de 30 ans, en 1973 pour que le livre se fasse publier à l’étranger, et 50 ans encore, pour que je le lise. Un de mes grands coups de cœur de cette année, il y a des chances qu’il parte sur une île déserte avec moi.
« Les manuscrits ne brûlent pas ! »
Retrouvez l'article complet : https://lesyeuxsouslespoches.wordpress.com/2023/08/04/le-maitre-et-marguerite-de-mikhail-boulgakov-1941/
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