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Moscou, vers 1925... Obscur journaliste, Maksoudov a écrit un roman mais il est persuadé que personne ne l'a lu. On lui demande pourtant de l'adapter pour le théâtre ; la pièce serait montée par le célèbre Ivan Vassiliévitch, en qui l'on reconnaîtra Stanislavski. Aussitôt, Maksoudov se met à l'ouvrage, achève sa pièce et vient la lire à Vassiliévitch qui propose (c'est-à-dire impose) des changements tellement ridicules et inacceptables qu'il envoie tout promener. Cependant, il apprend bientôt que sa pièce est retenue ; il est même invité à assister aux répétitions. Avec effarement, il voit son travail, sous la direction autoritaire et capricieuse de Vassiliévitch, se défigurer sous ses yeux. Lui-même rejeté et oublié, il se passionne néanmoins pour cette farce...
Interrompu par la mort de Boulgakov, ce Roman théâtral, autobiographie déguisée en satire tragique et désopilante, est son oeuvre la plus émouvante.
Dans ce roman écrit en 1937 et paru en 1965, Boulgakov conte avec une drôlerie désespérée ses déboires d'écrivain persécuté par le régime de Staline. Libération
M. Mikhaïl Boulgakov est un maître, si ce n’est le maître, celui du Maître et Marguerite, son fantastique chef-d’œuvre. Aussi, lire un roman inachevé de cet auteur culture m’a de suite tenté plus que fortement, d’autant qu’il s’agit d’un roman dont l’inspiration vient directement de la propre vie de Boulgakov.
Je n’ai pas été déçu de ce voyage dans les méandres absurdes de la bureaucratie soviétique, qui a imposé partout sa loi dans l’année 1925 qui est celle du récit. Dans un Moscou dont nous suivons en même temps que le narrateur les péripéties météorologiques, Maksoudov (le narrateur en question) nous compte l’histoire de son roman qui va devenir par un improbable concours de circonstances (auquel il ne croit pas lui-même tellement il était persuadé que personne n’avait lu le roman (Neige noire en écho à La Garde Blanche, autre roman fameux de Boulgakov)) une pièce de théâtre (comme La Garde Blanche, qui deviendra au théâtre Les Jours des Tourbine). Dès ce moment commence une suite de scènes (comme au théâtre) d’un comique plein de désespoir, à la fois parce que l’auteur se confronte à un monde aux règles ridicules, mais aussi parce l’auteur entre en crise, ne sachant plus si sa vocation est bien d’écrire. Et cette double confrontation entre l’auteur et les autres et l’auteur et lui-même est un régal, car Boulgakov d’une écriture limpide, à coup de descriptions assassines et de petits détails d’une justesse terrible, nous enchante en nous décrivant les méthodes de ces gens du Théâtre Indépendant. Les faveurs pour des places, les commérages, les fondateurs âgés qui souhaitent des rôles de jeune, les génies autoproclamés aux méthodes douteuses, comme la réécriture complète de la pièce (qu’importe si un pistolet devient poignard ou qu’une sœur se change en mère…), tout y passe et nous nous régalons tout au long du récit !
Seul bémol, attendu, l’inachèvement de ce roman. Pour devenir encore plus grand il aurait fallu une fin à ce récit, dont les promesses sont si belles qu’on ne peut que regretter que Boulgakov n’ait pas eu le temps de le mener à son terme. Un indispensable tout de même, que je conseille plus que vivement !
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