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Qui est l’Homme noir ? Une rock star ? Non ! Un gourou ? Non plus. Est-ce l’homme aux poêles ? Encore moins. Habillé de pied en cap d’ombre profonde, Michelangelo Pistoletto (né en 1933, dans le Piémont) est une des figures centrales de l’avant-garde italienne. Quoi ? Encore un Michelangelo ? Oui, après les peintres Buonarroti et Merisi, après le réalisateur Antonioni, voici venir l’un des sculpteurs phares de l’Arte Povera, avec Giuseppe Penone et Luciano Fabro. Un fameux pistolet, cet artiste, auteur de ce texte d’une soixantaine de pages, publié en italien en 2012.
Et, dès la première page, le ton est donné. Ceci est un manifeste, un texte fondateur par lequel un artiste (ou un groupe d’artistes) expose le programme de sa création, des fondements de celle-ci aux fonctions des œuvres, en passant par l’esthétique, les interdits, les moyens, etc. certains sont restés célèbres comme le Manifeste du Futurisme ou le Manifeste du Surréalisme. De plus, Pistoletto nous le dit : « Ceci est mon DERNIER manifeste ». Et très vite, il glisse dans le champ sociologique pour nous expliquer la portée de ce texte, sensé nous permettre de passer de l’art conceptuel à un ART SPIRITUEL. Mais pour cela, il nous faut nous détourner des religions monothéistes, jugées par l’artiste comme étant trop restrictives. Et d’ailleurs aucun théisme ne trouve vraiment grâce à ses yeux. Il en arrive à créer un mot « omnithéisme » pour désigner une attitude philosophique pour laquelle Dieu aurait une forme propre à chacun d’entre nous. Du coup, une infinitude de dieux pour une humanité singulière. La négation totale de l’instinct grégaire des fous de Dieu, en quelque sorte puisqu’elle résulte de la synthèse du panthéisme et de l’athéisme. De même, le concept de démocratie doit quitter la sphère de l’idéal pour être pleinement assumé, pratiquement, par chacun d’entre nous. Encore faut-il un engagement personnel dans la vie, dans la politique, dans la spiritualité comme le fait depuis longtemps l’artiste ? Certes, l’art reste le meilleur moyen pour résister. Pour résister à la dictature. A la folie. A la solitude. A la maladie. A l’absurdité de la vie. Et pour résumer le tout : pour résister à la connerie. Et peut-être, je dis bien peut-être, trouverons-nous une éthique (et non plus des morales) au-delà du matérialisme ambiant. Un infini pétri de partage et de gratuité. Enfin, ce texte est bien plus politique qu’il n’y semble au premier abord : changeons d’esthétique et nous nous changerons, et nous changerons le monde. Un vœu pieu comme toutes les utopies, bien sûr, mais qui a le mérite de laisser à chacun le droit à sa créativité pour bâtir à son échelle un petit édifice dans la grande ville de la Démocratie. Ce n’est pas de la démagogie ! C’est de la démocratie !
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