Et Pascal Thuot, juré, aujourd'hui directeur général de la grande librairie Millepages à Vincennes
Et Pascal Thuot, juré, aujourd'hui directeur général de la grande librairie Millepages à Vincennes
La Revue de Presse littéraire de février
Alors que le dernier roman de Maylis de Kerangal "A ce stade de la nuit" vient d'être publié aux éditions Verticales, on vous fait gagner "Réparer les vivants" collection Folio, Prix Orange du livre 2014
Le temps des vacances, qui rime souvent avec lecture, est le moment idéal pour s’abandonner à ces titres qui nous ont fait envie et que nous n’avons pas eu le temps de lire. Ils viennent de sortir en format de poche, un format idéal à glisser dans la valise ou le sac de plage.
Décidément, en ce moment, je m'aventure hors de mes sentiers battus et m'égare dans le domaine de l'art...
Difficile de vous raconter l'histoire d'UN MONDE A PORTEE DE MAIN, car d'histoire, il n'y en a pas réellement. La vie de Paula, que l'on suit de ses débuts d'élève à l'Institut de peinture de BRUXELLES jusqu'aux prémices de sa carrière professionnelle, est secondaire, uniquement le moyen de mettre en lumière LE sujet de ce livre, omniprésent, omnipotent : l'art, la peinture et plus précisément l'art du trompe-l'oeil.
Au début de ma lecture, je me suis fait peur. Les techniques de peinture, les matériaux, les outils sont très précisément décrits avec un vocabulaire pointilleux; on frôle le manuel professionnel et je me suis dit que ça allait se révèler pénible et abscons pour toute personne autre qu'un étudiant en art ou un professionnel en la matière.
Et pourtant, l'écriture de Maylis de KERANGAL est magnifique, elle sublime le sujet comme le pinceau la toile, les mots sont ciselés et les descriptions extrêmement précises et soignées. Là où ce vocabulaire technique totalement étranger au profane pourrait se révéler fastidieux, en réalité il n'en est rien; il m'a transportée dans ce monde dont j'ignore tout mais qui, grâce à la poésie de l'auteur, m'a totalement hypnotisée, envoûtée... et je ne m'explique toujours pas ce mystérieux phénomène tant on est loin des ambiances de mes thrillers fétiches ! Mais indéniablement, le charme a opéré, je me suis faite avoir. A force, peut-être que Maylis de KERANGAL maîtrise elle aussi la technique du trompe-l'oeil(de ses lecteurs) !
Tout au long de son roman, elle nous conte les exigences des études à l'Institut de peinture de BRUXELLES, la fatigue, la douleur, l'isolement de Paula; puis la difficulté pour ces artistes de vivre de leur art. Elle confronte la forme de mépris dont peut faire l'objet le trompe-l'oeil, art secondaire car art de la copie, bien moins prestigieux, aux qualités qu'il exige, aux compétences qu'il requiert, et lui redonne ses lettres de noblesse, tant à cet art qu'à ceux qui le pratiquent.
Maylis de KERANGAL nous emmène dans les décors de cinéma de CINECITTA et la grotte de LASCAUX, et on s'évade, on y est, on a envie d'y aller, on adore apprendre ou réapprendre les secrets de ces lieux mythiques. On se rend surtout compte du formidable travail qu'il y a derrière ces décors et ces copies qui nous bluffent sans même que l'on s'en rende compte. L'art du trompe-l'oeil!
Et tout cela est véritablement et étonnamment passionnant!
http://cousineslectures.canalblog.com/archives/2018/11/07/36849411.html
Un magnifique mélange de technique, d'émotions, de connaissances… pour décrire ce monde d'où émane de la magie.
Un de mes coups de cœur de cette rentrée !
https://itzamna-librairie.blogspot.com/2018/11/un-monde-portee-de-main-maylis-de.html
Dans Un monde à portée de main, Maylis de Kerangal continue d’explorer l’humain à travers son rapport au monde. Après l’avoir examiné par le prisme de la technique architecturale des grands travaux puis de la chirurgie de la greffe d’organes, elle utilise ici l’art de la copie comme médium pour nous interroger sur le lien entre fiction et réalité. Qu’est-ce que copier? Qu’est-ce que voir? Nous suivons pour cela l’évolution progressive de Paula Karst de ses 20 à 27 ans.
La première partie du livre relève du roman d’apprentissage : Paula intègre l’Institut de peinture à Bruxelles, et apprend, aux côtés de Jonas et de Kate, l’art de peindre des décors en trompe-l’œil. Maylis de Kerangal nous entraîne en profondeur dans cette forme d’art : il ne s’agit pas simplement de copier, de reproduire à l’identique, mais de comprendre et d’éprouver ce qu’à voulu exprimer l’auteur. L’art du trompe-l’œil n’est donc pas qu’une fiction mais une réalité ingérée puis digérée. Le copiste comme passeur de connaissances du monde, ce qui nécessite une énergie physique et un rapport à la matière très forts, particulièrement bien saisis par l’auteur.
Dans la deuxième partie Paula, diplômée, vogue de chantiers en chantiers, très différents les uns des autres, et expérimente son art et le monde à travers les lieux où elle est amenée à travailler ainsi que les sujets sur lesquels elle travaille. Elle se situe dans l’espace et dans le temps, et s’ouvre ainsi peu à peu au monde.
Un aboutissement qui se révélera dans la troisième partie, aussi riche que puissante : Paula travaille sur une copie des grottes de Lascaux, origine de l’art pariétal s’il en est. Mais comment rendre compte d’une grotte sans pouvoir la voir, sans l’expérimenter? Toutes les techniques modernes sont alors sollicitées pour recréer l’inaccessible. Cette expérience constituera l’aboutissement de l’apprentissage de Paula, de sa construction tant professionnelle que personnelle. Elle aura ainsi trouvé sa voie et une place dans le monde. A travers la fiction, elle aura trouvé une forme de réalité, de vie.
Le style bien caractéristique de Maylis de Kerangal se retrouve pleinement dans ce roman. Elle use d’un vocabulaire très riche et de longues phrases qui témoignent de la force de son écriture, pour s’emparer pleinement de son sujet et nous emmener au plus près de la matière. La matière, physique est d’ailleurs très présente, quasiment palpable. Elle réussit parfaitement à retranscrire la technicité et la complexité de cet art, de même que l’énergie physique qu’il nécessite, mais aussi la ligne de crête entre fiction et réalité.
Au final, un roman d’apprentissage et un roman de la technique très réussi : la fiction peut servir la réalité, et l’art peut contribuer à faire connaître et comprendre le monde. La littérature et le roman également ! Les analogies implicites entre la technique du copiste et l’acte d’écriture du romancier sont d’ailleurs très nombreuses tout au long de ce roman.
https://accrochelivres.wordpress.com/2018/10/29/un-monde-a-portee-de-main-maylis-de-kerangal/
À trop apprécier un/une auteur/e, on aime parfois sans concession, sans réfléchir, on enfile les nouveaux romans sans se libérer des anciens repères, des souvenirs de lectures antérieures, on s’installe dans un confort de plume, d’histoire, et on se laisse vivre…Lire Maylis de Kerangal c’est devoir oublier à chaque fois de quoi fut constitué le précédent opus en pages. Elle se renouvelle ou se remet en danger… « Danger » c’est vite dit tant tout est maîtrisé, mais au moins le lecteur, lui, est en équilibre. Donc non, pas de comparaison possible avec Naissance d’un pont ou Réparer les vivants, ou etc.. Un monde à portée de main étonne encore. Plaît encore aussi. La plume de Kerangal est là, étirant les phrases comme on prolonge un plaisir, distribuant les mots comme on visite la profondeur d’une langue (trop souvent réduite à sa plus simple expression chez d’autres). L’histoire est présente même si elle s’oublie parfois derrière des pages d’une précision descriptive redoutable. Mais tout s’accorde, tout concorde vers un excellent moment de lecture et vers ses personnages, dont un surtout, Paula, restera probablement comme le souvenir le plus ancré de ce voyage là (même si d’autres choisissent les pages sur Lascaux, preuve encore que ces descriptions enrichissent le roman plus qu’elles ne l’appauvrissent comme pourraient le redouter certains). Une réussite, donc. Encore.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
Taïna, indienne des Caraïbes, a été instruite dès son enfance pour devenir chamane, mais Christophe Colomb et les Espagnols arrivent...
Une belle adaptation, réalisée par un duo espagnol, d'un des romans fondateurs de la science-fiction, accessible dès 12 ans.
Merci à toutes et à tous pour cette aventure collective
Lara entame un stage en psychiatrie d’addictologie, en vue d’ouvrir ensuite une structure d’accueil pour jeunes en situation d’addiction au numérique...