Alors que le dernier roman de Maylis de Kerangal "A ce stade de la nuit" vient d'être publié aux éditions Verticales, on vous fait gagner "Réparer les vivants" collection Folio, Prix Orange du livre 2014
« A l'aube du second jour, quand soudain les buildings de Coca montent, perpendiculaires à la surface du fleuve, c'est un autre homme qui sort des bois, c'est un homme hors de lui, c'est un meurtrier en puissance.
Le soleil se lève, il ricoche contre les façades de verre et d'acier, irise les nappes d'hydrocarbures moirées arc-en-ciel qui auréolent les eaux, et les plaques de métal taillées en triangle qui festonnent le bordé de la pirogue, rutilant dans la lumière, dessinent une mâchoire ouverte. » Ce livre part d'une ambition à la fois simple et folle : raconter la construction d'un pont suspendu quelque part dans une Californie imaginaire à partir des destins croisés d'une dizaine d'hommes et femmes.
Un roman-fleuve qui brasse des sensations et des rêves, des paysages et des machines, des plans de carrière et des classes sociales, des corps de métiers et des corps tout court. Prix Médicis 2010.
Alors que le dernier roman de Maylis de Kerangal "A ce stade de la nuit" vient d'être publié aux éditions Verticales, on vous fait gagner "Réparer les vivants" collection Folio, Prix Orange du livre 2014
Et bien voilà !
Deuxième tentative avec cette auteure, deuxième échec.
Sauf que cette fois je ne suis pas allée au-delà d’une trentaine de pages.
Phrases trop longues alambiquées.
Vocabulaire clinquant, intellectuel à outrance, comme plaqué.
Et pourtant j’aime les beaux mots, les mots rares.
Mais ici, ils n’ont rien de naturel et de spontané..
Il y a décidément incompatibilité entre Mme de Kerangal et moi.
Coca, ville (imaginaire) californienne de peu d'importance, écrasée par San Francisco, sa célèbre voisine. A sa tête, l'ambitieux John Johnson, dit le Boa. Après un voyage à Dubaï, pays de la démesure, chantier permanent, l'édile rêve en grand. Il veut sortir sa ville de l'ombre, montrer à la face du monde que Coca a de l'envergure. Pour cela, il lui faut un projet à la hauteur de sa mégalomanie. Ce sera un pont suspendu. Ouvrage d'art, monstre fabuleux, preuve indéniable de sa capacité à emmener la ville vers la gloire. Dès l'annonce de ce chantier colossal, entreprises du BTP, ouvriers spécialisés et simples manœuvres convergent vers Coca, tous réunis par un même but : construire un pont.
En lisant pour la première fois Maylis de Kerangal, on ne peut qu'être ébloui par son écriture incisive, nerveuse, parfois lyrique et par sa capacité à camper ses personnages en quelques phrases qui nous les rendent familiers instantanément. Mais si ce style si particulier fait des merveilles quand il s'agit d'évoquer les greffes d'organes (Réparer les vivants), il est moins évident lorsqu'elle parle de la construction d'un pont. Alors que l'on vibrait avec les malades, les médecins, les parents du donneur, on s'ennuie un peu avec les bétonneurs, les grutiers, les ouvriers. Et surtout, on a l'impression de lire le même livre ! Thème et enjeux différents, style et constructions du récit identiques. D'où une légère déception. L'auteure ne se renouvelle pas, applique le même schéma, utilise les mêmes ficelles. Cela reste un bon livre mais cela ne donne pas envie d'explorer plus avant son œuvre. Dommage.
Après avoir beaucoup aimé Réparer les vivants et Un monde à portée de main, j'avais très envie de remonter le temps pour découvrir un roman qui compte dans la bibliographie de Maylis de Kerangal : Naissance d'un pont, livre paru en 2010 et couronné de deux prix, le Médicis et le prix Franz-Hessel qui lui assurait aussitôt d'être traduit en allemand.
Autant le dire tout de suite, je n'ai pas été déçu car j'ai retrouvé tout ce qui fait la valeur du style de l'auteure, un verbe riche, un phrasé abondant avec des phrases souvent un peu longues mais tellement prenantes et informatives que le plaisir est complet.
Naissance d'un pont est une histoire complexe avec plusieurs destins et des personnages qui se croisent, s'évitent, s'aiment, se détestent, s'agressent… Maylis de Kerangal démontre une maîtrise impressionnante de son sujet, comme elle l'a fait pour les deux autres romans cités plus haut. Elle relie chacun à son passé, à ses traumatismes, à ses souvenirs bons ou mauvais. Elle m'a fait vivre dans ce chantier aux proportions extraordinaires, chantier voulu par un élu mégalomane.
Dans ce roman, elle ne cache rien des problèmes, des dégâts causés sur la nature, sur les peuples vivant là depuis longtemps, ces Indiens qu'on a tant massacrés, niant toute leur culture. Elle lance beaucoup de pistes, ne va pas au bout de toutes mais cela donne un roman qui m'a captivé de bout en bout grâce à une tension réelle devant les menaces qui pèsent sur le déroulement du chantier. Même si parfois j'ai trouvé qu'elle en faisait un peu trop, je me suis gorgé de vocabulaire, de descriptions infiniment détaillées et d'aventures humaines étonnantes.
Ayant choisi un lieu imaginaire en Californie, une ville qu'elle appelle Coca…, il n'y a pas à chercher où cela peut bien se passer. de tels chantiers gigantesques se déroulent ou se sont déroulés un peu partout dans le monde, causant des dégâts irrémédiables à l'environnement au nom d'un progrès de plus en plus contesté.
J'ajoute enfin deux petits reproches : tout d'abord à l'éditeur qui place en couverture la photo d'un pont en chantier mais ce n'est pas un pont suspendu comme dans le livre – par contre, pour l'édition poche, rectification, on a mis un gros plan d'un ouvrier en plein travail, travail si bien décrit par l'auteure dans son roman.
Enfin, je regrette que, dans son érudition, Maylis de Kerangal ait oublié de parler de l'inventeur du pont suspendu, l'Ardéchois Marc Seguin, né à Annonay en 1786 et mort dans cette même ville en 1875, à 88 ans. Il était le petit-neveu de Joseph de Montgolfier. En 1822, il a réalisé le premier pont suspendu sur la Cance et, trois ans après, c'est à Tournon-sur-Rhône qu'il a fait construire le premier grand pont suspendu. Dommage, ces rappels auraient donné encore plus d'allure aux précisions techniques très intéressantes présentes dans le livre.
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Ecriture plutôt minimaliste qui donne une ambiance apaisante de ce projet de pont, alors que pourtant les personnages, eux sont toujours en mouvement. La vie de ces personnages (très différents tous) est rendue intéressante par leur passé et leurs envies d'autres projets.
Je conseille pour ceux qui aiment les romans sans dialogue
Autant j'ai aimé le style saccadé de l'auteur dans "réparer les vivants" autant je l'ai trouvé lourd dans celui ci, même s'il se prête bien aux descriptions techniques.
J'ai eu de mal avec les personnages, auxquels je n'ai pas pu m'attacher, trouvant qu'ils passaient trop rapidement. On apprend à les connaitre par petits sauts et du coup sans profondeur.
J'ai aimé l'idée de la construction de ce pont, les précisions techniques, l'avancée des travaux mais pour le reste je n'ai pas trouvé le texte construit, un peu comme si Maelis de Kérangal avait pos' des briques d'histoires les unes à coté des autres les coller entre elles.
J’ai découvert Maylis de Kerangal avec « réparer les vivants ». J’avais associé son style à une narration qui devait faire sentir au lecteur l’urgence et le temps qui passe, vite, très vite, urgence liée à la contrainte d’un cœur qui bat.
Mais en lisant naissance d’un pont, je me rends compte que c’est en fait sa façon d’écrire. Tellement spécifique. Rapide, dense, comme un fil qui serait tiré presque à chaque ligne, et qui déroule des instants de vie, d’actions, du passé des personnages, des évocations de lieu, de vie, qui très vite n’ont rien à voir avec le début de la phrase, avec l’action présente, mais qui au contraire vont se situer dans le passé de ses personnages, dans l’histoire de la ville, ou dans tout autre chose en fait. Des digressions qui parfois perdent le lecteur. Surtout sur les premières pages du livre. Car après, forcément, on s’y fait.
Alors oui, cette naissance d’un pont est une œuvre épique de bâtisseurs du siècle présent, mais est construit comme une grande aventure, celle d’une nouvelle ruée vers l’Ouest. Tous ces travailleurs que l’on suit dans leur cheminement vers le site de construction, la ville de Coca, en Californie. Le parti pris de l’auteur est d’en suivre quelques-uns, un instantané sur leurs vies, leurs problèmes, leurs angoisses ou leurs espoirs. Et tous bien évidement convergent vers cette œuvre gigantesque d’équilibre, de créativité, mais aussi de destruction d’un certain équilibre écologique, d’une ville qui s’est faite au fil du temps, avec ses communautés, ses craintes et ses aspirations. Communautés très différentes, les indiens, les ouvriers, le maire qui veut créer pour exister, à l’image des grands bâtisseurs des émirats d’aujourd’hui.
Il y a à la fois du présent et des réminiscences du passé dans ce roman.
C’est intéressant, perturbant par sa construction, l’écriture est tellement riche, le lecteur doit prendre son souffle pour parvenir au bout de certaines phrases, tant elles fourmillent d’idées et d’évocations. Maylis de Kerangal a vraiment un style très particulier, mais au final c’est passionnant de la suivre.
Dès le premier chapitre, le style compacte et descriptif donne le ton, difficile à digérer. On enfile les chapitres en accrochant quelques fois sur les passages de la construction, en espérant être enfin pris dedans. Fastidieux! Ecriture trop intellectuelle pour moi, vocabulaire trop riche nécessitant la proximité du dictionnaire (page 14 : dipsomane : envie constante de boire) etc...
Maylis de Kerangal part d'un idée originale pour son roman. De mémoire de lecteur, qui ne vaut pas sondage je suis passé à côté de tellement de livres, je n'ai pas souvenir d'un tel thème. Mais je me trompe sûrement et j'attends donc vos rectifications. De toutes manières, même si de tels romans existent, il faut bien reconnaître que ce n'est pas le thème majeur de la littérature. Car de littérature, il en est question, au moins pour ma propre -et variable- définition de ce vocable : chacun ayant sa signification de la littérature, ses critères personnels. Roman à l'écriture admirable, aux phrases travaillées, longues, qui englobent parfois plusieurs idées à la fois, au vocabulaire tantôt recherché, châtié voire rare et tantôt familier voire grossier, et il faut bien le dire à certains passages dans lesquels il est parfois difficile de maintenir l'attention. Mais comment résister à cela par exemple :
"Sanche Cameron, lui, s'écartera pour la regarder mieux tandis qu'elle se présentera aux autres, la détaillera sans parvenir à se faire une idée, la trouvera étrange, de la gueule mais lourde, une démarche de gorille, des mains courtes et des épaules carrées, des hanches larges, une belle peau mate, l'épaisse chevelure blonde, mais un menton en bénitier, un nez de chien, voilà, elle aura pleinement conscience d'être la bête curieuse, elle voudra faire impression et ne sourira pas, une fille au béton n'est pas monnaie courante." (p.49/50)
Maylis de Kerangal raconte tout : la préparation de la construction, le choix des hommes et des femmes, et certains d'entre eux un peu plus en détails ; elle s'attarde sur quelques uns pour nous raconter leurs vies, leurs parcours et parfois comme plus haut et comme ci-dessous leurs particularités physiques : "John Johnson, dit le Boa, est un homme de taille moyenne, corps imberbe, torse d'haltérophile et carnation chinoise, nuque forte, sourcils drus sur petits yeux fendus, pas de lèvres, dents pointues, langue grise." (p.53)
C'est une lecture qui demande un peu d'attention pour bien se diriger dans le chantier, qui se mérite mais qui récompense son lecteur. Certes, ce roman souffre de certaines longueurs, de certains passages moins captivants, mais sa construction est toujours épatante, dans une langue qui me ravit. Si je puis me permettre cette image totalement pourrie, je pourrais dire que le roman de Maylis de Kerangal est à l'image des ouvrages d'art, solide, bien construit et qui permet de découvrir de nouveaux horizons.
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