"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
J'ai découvert la plume de Martin Dumont grâce aux 68 premières fois avec son précédent roman, Tant qu'il reste des îles, un roman empli d'humanité que j'avais beaucoup aimé. Alors lorsque j'ai su que pour cette rentrée d'hiver c'est avec Tempo (Les Avrils) que l'auteur nous revenait, je n'ai pas hésité une seconde. Je suis partie à la rencontre de Félix, Anna, Louis, Rémi, Alex, Kacem, Marc et les autres. Et quelle rencontre !
Tempo c'est bien plus qu'un roman. C'est un livre tout en résonnance, qui fait écho et qui inévitablement convoque la nostalgie. Tempo nous renvoie dans les années lycée. Celles de l'Amitié, de la passion et de l'insouciance. Celles durant lesquelles les rêves, même les plus fous, semblent terriblement accessibles. Celles que l'on regarde, des années plus tard, avec tendresse et mélancolie. Tempo c'est l'histoire d'un ado passionné de musique devenu père qui doit, pour répondre aux attentes de sa compagne, faire un choix. Doit-il s'accrocher obstinément à ses rêves ou y renoncer ?
Tempo se déroule sur une dizaine d'années. le récit alterne entre les souvenirs des années 80 de Félix -le narrateur- et ses interrogations du moment. Durant ces oscillations, on croise Louis, Rémi et Alex, mais aussi d'Anna, d'Ellie, Kacem, Marc et quelques autres. Tous sont profondément humains et attachants.
Le Tempo de ce roman à la fois lent et rythmé permet d'apprécier à sa juste valeur la délicate plume de Martin Dumont toute en retenue et d'une touchante sobriété. Tempo est un roman d'espoir empreint d'une tendresse infinie à glisser entre les mains de ceux qui ont des rêves plein la tête.
https://the-fab-blog.blogspot.com/2024/04/mon-avis-sur-tempo-de-martin-dumont.html
J’ai découvert Martin Dumont via son précédent livre « Tant qu’il reste des îles ». « Tempo » nous entraîne à Belleville en 1988. Félix y vit avec Anna, sa compagne, et leur fils Elie, un nourrisson. Le jeune homme travaille comme serveur dans le bar de Kacem, en bas de chez lui, et essaie le soir, en jouant dans les bars, de retrouver la flamme et le succès qu’il a connu quelques années plus tôt avec son groupe de rock. Félix, Rémi, Alex et Louis ont en effet, très jeunes, sorti un album qui a très bien marché et entamé une tournée triomphale…mais tout s’est arrêté brutalement.
L’histoire alterne entre 1988 et les souvenirs, quelques années auparavant, de la formation du groupe, et de leurs premiers succès. J’ai beaucoup aimé ce livre empreint de tendresse et de nostalgie. Félix est un très beau personnage, qui se trouve à la croisée des chemins. Difficile de se remettre d’un succès météorite, arrivé vite et (trop?) tôt. Sa carrière n’est pas allée crescendo, elle a débuté en fanfare et est retombée aussi vite, et le jeune homme n’arrive pas à faire le deuil, à passer à autre chose. Il a toujours en tête de renouer avec le succès, via une carrière solo. Mais même si son manager Marc semble enthousiaste, les temps ont changé, le public des bars n’est pas tendre, les labels ne répondent pas…et Anna, qui pourtant le soutient, commence à en avoir assez d’accumuler les heures de travail pour payer les factures.
J’ai trouvé ce livre très juste et maîtrisé, avec une galerie de personnages particulièrement réussis, notamment Marc, manager dont on ne sait jamais trop quoi penser, Kacem, qui malgré son métier de propriétaire de bar, semble être un symbole de fiabilité et de stabilité dans la vie de Félix, et Anna, amoureuse mais les pieds sur terre. L’auteur étant né en 1988, comme le petit Elie, je me suis demandé s’il parlait de son père à travers Félix. Félix, qui veut envers et contre tout réussir, jusqu’à passer pour un rêveur, ou pire, un égoïste qui privilégie sa trajectoire personnelle à ses responsabilités de compagnon et de père.
Même si le livre évoque la musique, le thème est finalement assez universel, tout comme la période (il n’y a rien de très « marqué » années 80 dans le récit), et le récit initiatique peut finalement s’adapter à tout âge : doit-on persister, et qu’importe ce que cela coûtera, abandonner… ou essayer de trouver une troisième voie?
Une jolie surprise !
Félix vient d’avoir un enfant avec Anna.
Il vit à Belleville dans un appartement un peu trop petit mais parfaitement situé au-dessus de La pieuvre, le bar du quartier dans lequel Félix a ses habitudes. Il y a même été serveur.
Félix est musicien et à près de trente ans, il veut encore y croire. Il s’accroche à l’espoir qu’un jour sa carrière décollera, comme elle avait commencé à le faire du temps de son groupe avec Louis. Un groupe en devenir, séparé trop tôt.
Depuis, Félix vivote, joue dans les bars pour tenter de rapporter un peu d’argent pendant qu’Anna travaille aux urgences. Il est les rêves, elle est la réalité.
Arrivé à un moment charnière de sa vie, celui de grandir, il revient sur les instants qui ont forgé son passé musical, éclairant d’une nouvelle lumière son présent.
C’est un très joli roman que nous livre Martin Dumont. Un livre qui sonne juste et résonne. Inutile de rêver d’être musicien pour comprendre ce à quoi s’accroche Félix. On a tous vécu cette passion qui grandit à l’adolescence et à laquelle on souhaite tout sacrifier dans l’espoir, un jour, d’obtenir la reconnaissance et pourquoi pas, le succès.
Et puis il y a un moment où l’on réalise que « l’on n’est pas Picasso » et qu’il faut grandir, calibrer ses attentes et ses espoirs. Alors on fait quoi ? Faut-il sacrifier ses rêves sur l’autel de la vie adulte ou a-t-on le droit d’y croire encore un tout petit peu? Peut-on rattraper sa chance une fois qu’on l’a laissée filer ?
Tempo raconte les amitiés fortes, l’absolu espoir que l’on place en l’avenir et l’amour de la musique.
Un amour simple, discret. Ici, point de héros du rock dépravé promis à un destin flamboyant mais un jeune homme comme tout le monde, simple et frustré, qui rêve encore d’être choisi.
Cela raconte avec nostalgie et douceur ces artistes qui, malgré leur talent, resteront dans l’ombre.
Comme il est difficile de renoncer à un rêve. Surtout après l’avoir touché du doigt. La musique, le succès, la passion, la fièvre, la gloire presque. Il y croit encore, Félix, il y croit tellement. Il continue à jouer, inlassablement, seul avec sa guitare, dans des bars bruyants, dans des petites salles miteuses. Il voudrait plus, il voudrait mieux.
Il se souvient de l’époque du groupe. “Des textes griffonnés au creux des nuits trop courtes. Des concerts, des chambres d’hôtel. Des morceaux qu’on compose à l’arrière d’un vieux bus.” Le succès d’autrefois contraste avec les galères du présent routinier : un job de barman, un bébé de quelques mois, une compagne infirmière aux urgences, un manager de pacotille, quelques tentatives de concerts. Telle un métronome qui bat la mesure à chaque chapitre, la narration alterne entre passé et présent. Avec une brisure entre les deux, comme une fausse note, ou une note bleue.
Les pages de ce livre se tournent presque toutes seules. Comme les morceaux d’une playlist qui s’enchaînent, l’écriture est fluide, douce, entraînante. “Ce n’est pas triste, peut-être un peu mélancolique.” Alors tant pis s’il n’y a pas d’applaudissements, tant qu’il y a de la musique.
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