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Lorsque l'on termine la dernière page du troisième et ultime (?) tome de Millenium, il est difficile de ne pas avoir une pensée pour Stieg Larsson et pour sa veuve délestée de son héritage tant financier que littéraire. Cette affaire a secoué la bulle littéraire internationale et soulevé bien des interrogations juridiques sur la succession des droits d'auteur. Avec "Millenium, Stieg et moi", Eva Gabrielsson tente de réhabiliter ce qu'elle considère comme le "vrai Stieg" à travers une biographie qui s'attarde sur les éléments forts de la vie de l'auteur, ceux qui lui ont permis d'aboutir à l'écriture de la trilogie et d'atteindre un succès qu'il ne connaitra malheureusement jamais. La tentation pour Eva était probablement très forte de régler ses comptes avec sa belle-famille, pourtant si elle revient en détails sur la dépossession et l'attitude détestable, voire absurde de son beau-père (Il lui a proposé de l'épouser) et de son beau-frère, "Millenium, Stieg et moi" aborde de nombreux thèmes qui enrichissent le livre tout en lui donnant un aspect un brin déstructuré. Plusieurs facettes de Stieg Larsson sont ainsi passées au crible, de sa carrière journalistique emplie d'aléas et de déceptions en passant bien entendu par les années "Expo", le journal anti-fasciste qu'il avait fondé qui lui vaudra nombre de menaces de morts émanant de groupuscules d'extrême-droite et qui est indirectement responsable de la situation d'Eva aujourd'hui. Le lecteur découvre également la vie personnelle et familiale de Stieg, l'environnement bancal dans lequel il a grandi et qui l'a façonné au fil des années. Ce choix, qui peut paraître impudique, sert en fait à étayer le nœud de l'histoire, à savoir la lutte pour la succession, Eva insistant de ce fait sur les relations difficiles entre Stieg et sa famille qu'il voit finalement très peu. L'auteure évoque également, mais de manière trop succincte l'existence du quatrième tome et comme pour justifier le fait qu'elle ne fait qu'effleurer ce thème, entreprend de donner quelques clefs, de révéler quelques secrets de fabrication de la trilogie en abordant notamment la manière dont Stieg s'est inspiré de leur vie pour choisir les lieux et construire la vie de certains personnages. La dernière partie est consacrée à la lente traversée du désert d'Eva qui démarre à la mort de Stieg et dont elle va lentement se relever au travers d'anecdotes parfois fascinantes comme la scène du sort ancestral qu'elle décide d'envoyer contre ceux qui sont responsables directement ou non de la mort de son compagnon. Soyons clair, pour quiconque a aimé la trilogie, ce livre est prenant et réellement intéressant. On peut toutefois regretter que la structure adoptée par l'auteure ne soit pas plus segmentée avec par exemple des chapitres thématiques tant l'aspect chronologique a tendance à nous faire passer sur certains détails. Comme à mon habitude et aurais souhaité une petite centaine de pages en plus, mais rassurez-vous, "Millenium, Stieg et moi" vaut largement l'investissement.
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