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Une jeune femme colombienne en exil volontaire à Buenos Aires reçoit des bribes de sa vie passée à travers des paquets que lui envoie régulièrement sa sœur : des « encomiendas ». Il s'agit de friandises qu'elle ne trouve pas à Buenos Aires mais aussi de papiers, de photos de leur passé.
Un texte très auto centré sur ce personnage, qui se cherche, va t elle réussir à faire un dossier de demande de bourse universitaire (pour avoir du temps pour écrire), va t elle quitter son nouvel amant, va t elle réussir à supporter son patron, publicitaire qui lui demande son texte sur une vache, pour un nouveau client, va t elle supporter ses voisins, va t elle continuer à faire la nounou, nourrir le chat de la résidence, répondre au concierge ?
En apparence, il ne se passe grand chose dans sa vie, puis qu'est ce cette immense boîte en bois qui vient d'arrive, encombre les escaliers et voilà que sa mère vent la voir.
Un livre étrange mais au fils des pages, nous nous attachons à notre narratrice, à sa vie, à ses doutes, à ses questionnements, à ses relations avec les autres. Et elle nous questionne sur notre propre vie, sur nos propres choix, sur nos relations professionnelles, amoureuses, personnelles, familiales.
"Quand quelqu'un cesse d'exister, il emporte une partie d'un autre, un bout de matière, du concret, pas seulement une accumulation de souvenirs. Et quand quelqu'un naît, il étrenne des traits anciens, jouent avec le poids du passé qui sera toujours plus grand que son futur. C'est cela engendrer, se débarrasser d'un morceau de matière et d'histoire, le donner au monde pour qu'il ne nourrisse pas avec vous. La volonté de se perpétuer. Un désir mesquin et narcissique. Souvent, mon désir est que le vent m'emporte comme la poussière. p152
Traduit par Margot Nguyen Béraud
#LaEncomienda #NetGalleyFrance
Colombienne vivant désormais à Buenos Aires, Margarita Garcia Robayo a sans doute mis beaucoup d’elle-même dans le personnage de son dernier roman.
Cette jeune femme dont on ne connaît pas le nom habite un petit appartement de la capitale argentine, à plus de cinq mille kilomètres de sa famille restée en Colombie. Aspirant écrivain gagnant pour l’heure fort ennuyeusement sa vie comme rédactrice en agence de publicité, elle envisage de postuler à une bourse d’écriture en Hollande. Rien ni personne ne la retenant vraiment ici, malgré les années toujours vaguement intruse dans ce quartier aux voisins acrimonieux et aux vagabonds agressifs où ses maigres affinités se résument à sa seule amie Marah en tout point son contraire, à Axel le jeune homme qu’elle fréquente depuis peu sans oser s’engager, à León le petit garçon qu’elle garde quand sa nourrice fait défaut et à Ágata la chatte de gouttière dont on ne sait jamais si et quand elle reviendra, pourquoi ne pas tenter d’aller se poser ailleurs, elle qui depuis si longtemps a rompu les amarres ? Des siens en Colombie, elle n’a plus de nouvelles, si ce n’est de loin en loin les « encomiendas », ces colis contenant nourriture, dessins de ses neveux et parfois quelque vieille photo, qu’à son grand agacement sa sœur s’obstine à lui envoyer.
C’est en cette période d’indécision qu’une caisse en bois particulièrement volumineuse lui parvient de Colombie et que, presque au même moment, sa mère totalement perdue de vue se matérialise mystérieusement dans l’appartement. Avec cette présence qui, étrangement narrée comme tangible, se devine bientôt la projection d’une psyché cédant soudain aux fantômes du passé, une irrépressible marée de souvenirs envahit la routine de la narratrice, si vivides qu’ils se mêlent à la réalité sans s’en différencier. Pendant qu’odeurs de cuisine, images de l’enfance et sentiments d’autrefois viennent revendiquer leurs droits sur un présent qui les avait gommés, se recompose un paysage intime indissociable des origines, de la famille, du vécu et de ses non-dits, en un effet boomerang d’autant plus puissant que ces ingrédients identitaires profonds s’étaient vus refoulés, relégués à un autre temps, à un autre lieu.
Comment se construire sans se souvenir de soi-même et se réconcilier avec sa mémoire originelle ? Comment s’enraciner lorsque l’on n’est plus rien qu’une fleur coupée ? Notre apprentie écrivain n’aura d’autres choix que sa propre réécriture et l’acceptation des ombres au fond d’elle-même pour reprendre en main son rapport au monde et, peut-être, enfin y trouver sa place.
Audacieux dans son mélange de différents niveaux de réalités au sein d'un récit pourtant réaliste, mené d’une plume tendre capable de passages d’un mordant confondant, ce roman nous bouscule le temps d'une réflexion sur ce qui nous constitue et conditionne notre capacité à devenir. Sans racines, pas de nouvelles pousses. Sans passé, pas d’avenir.
La narratrice est une jeune Colombienne installée à Buenos Aires. Son travail, plus ou moins régulier, consiste à rédiger des textes pour une agence publicitaire. Par ailleurs, elle essaie aussi de constituer un dossier pour solliciter une bourse d’écriture aux Pays-Bas.
A 5000 km de son pays natal, elle garde le contact avec sa soeur, ou plutôt, c’est sa soeur qui fait en sorte de maintenir le lien, un peu artificiel : appels téléphoniques où des mots creux camouflent mal le fait qu’elles n’ont pas grand-chose à se dire ; colis (« encomiendas ») contenant de la nourriture et des dessins de ses neveux, qui arrivent avariée pour l’une, abîmés pour les autres.
La narratrice se laisse porter par un quotidien banal, entre les allées et venues de son petit ami, le petit garçon de l’étage du dessous qu’elle garde parfois le soir, la chatte Ágata qui erre dans l’immeuble, les voisins de palier qu’elle croise à peine et le concierge un peu intrusif. Ce train-train linéaire fait une brusque embardée lorsqu’elle reçoit un colis inhabituel et très lourd, et que par ailleurs, sa mère débarque à l’improviste.
L’air de rien, les failles de la narratrice se révèlent, ses rares certitudes sont ébranlées, ses relations avec son entourage se modifient peu à peu, des détails auparavant insignifiants se prêtent désormais à un questionnement infini…
Quel curieux roman. Je n’arrive pas à décider si ce que vit la narratrice est réel ou relève de l’onirisme. Quoi qu’il en soit, l’auteure a le sens des formules fulgurantes et un talent certain pour raconter l’intime et ses vacillements, pour exacerber le banal et le faire glisser imperceptiblement, jusqu’à toucher du doigt le réalisme magique.
Un roman tout en finesse et en introspection, sur les liens familiaux et les relations mère-fille, fait de lenteur et de mélancolie brumeuse.
En partenariat avec les Editions Le Cherche Midi via Netgalley.
#LaEncomienda #NetGalleyFrance
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