Si certaines sont impressionnantes et effrayantes, d'autres sont drôles et rassurantes !
« L’humain est un tissu qui se déchire facilement. » Christian Bobin
Une couverture sublime, la lithographie de Jean Luciano, illustre à la perfection le Couple.
Je commence rarement par la forme, mais dans ce livre, elle est particulièrement importante, car le texte narrant l’histoire est entrecoupé de poèmes et de billets de l’amante à l’amant.
Parfois j’ai eu l’impression que ces apartés étaient trop envahissants et en refermant le livre je me suis dit qu’ils étaient là pour nous submergés, voire nous étouffés comme lorsqu’une histoire d’amour est si forte que l’humain est dépassé.
Emma (nous pensons à Flaubert qui aurait dit Emma c’est moi) est une jeune fille issue d’un milieu modeste et qui va rencontrer un jeune homme de la bourgeoisie. Aie ! me suis-je dit (je grince facilement des dents sur les histoires d’amour), l’héroïne va nous la jouer façon apitoiement et ce n’est pas ma faute, je suis mal née et au mauvais endroit.
J’ai recontextualisé et me suis glissée dans la peau de cette toute jeune fille à une époque où les mœurs avaient un peu plus de tenue qu’actuellement.
Élevée dans des valeurs simples : travail, respect et obéissance, elle va se prendre un mur en entrant dans cette famille, où la bienveillance n’est pas de mise.
Une belle-mère et une belle-sœur qui ne vont pas lui épargner les humiliations, le mépris etc.
Son mari Mathias, enfant gâté et ne voyant pas où est le problème va laisser faire ; Emma va nager à contre-courant d’une mère hostile.
Heureusement, elle a toujours sauvegardé son indépendance financière en travaillant. Car c’est une vie de frustrations qui s’ouvre à elle, la venue des enfants n’y changera rien, si ce n’est d’exercer plus de responsabilités.
Les heures de travail c’est aussi l’occasion de s’échapper de la cage, mais là aussi c’est un monde de requins.
C’est ainsi qu’elle va rencontrer l’Amant. Bien évidemment lui aussi marié et chargé de famille.
Mais Emma a soif de cet amour et fera fi de leur situation respective.
Mais pour elle c’est le don total, elle vivra sa passion à fond ; lui (comportement très masculin) louvoiera entre son foyer et sa maitresse, en épargnant ce dernier plutôt que sa maitresse.
Il pratique avec brio la douche écossaise, il souffle le chaud et le froid, et dédouane son comportement en lui assénant :
« J’ai pourtant cru que tu avais le pardon au cœur. »
Emma, pallie l’absence de l’être aimé par l’écriture de poèmes, de lettres, de billets et ainsi se met à nu. Sans filtre, elle se rend de plus en plus vulnérable, et comme le tissu, se fragilise jusqu’aux nombreuses déchirures.
Comme je l’écrivais au début de ma recension, les apartés forment une chappe de plomb mais il y a en filigrane la résilience, car si le tissu se fragilise, certaines savent en faire de magnifique patchwork aux couleurs de la flamboyance et du renouveau.
Quand on lit une histoire d’amour( sauf pour les romances mièvres) il me semble qu’il ne faut jamais se substituer à l’héroïne, il faut essayer comme le dit un proverbe de mettre les chaussures de l’autre et faire le même chemin que lui, cela évite tout jugement intempestif.
Vous l’aurez compris c’est une belle lecture que je vous recommande vivement.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2025/01/10/sous-la-peau-du-temps-lor-et-la-cendre/
"Pour l’amour de l’art", un recueil de nouvelles de Mady Bertini m’a été adressé par son auteure. Une nouvelle auteure, une nouvelle maison d’édition à découvrir, mon plaisir est toujours intact à l’idée d’une première rencontre. Alors, bien sûr, il y a le risque de la déception. Mais ne dit-on pas que "Qui ne risque rien, n’a rien ? Alors, j’ose !
Et j’ai bien fait car ce petit livre de cent-quarante-sept-pages, je l’ai aimé. Déjà, avant de l’ouvrir, la couverture m’a enchantée, fond noir brillant agrémenté d’un cœur orné d’images représentant toutes les formes d’art, police de caractère élégante. Gregory De Lepeleere, l’auteur de l’illustration est un véritable artiste. Mais revenons à l’écrit. Le titre nous dit tout du fil conducteur qui relie les récits. Chacun évoque une discipline artistique et la première à entrer en scène – c’est le cas de le dire – c’est Elena, choisie pour jouer le rôle d’Antigone qui raconte son parcours, ses craintes, les ragots dont elle fait l’objet, jusqu’à la représentation et la chute absolument inattendue et très réussie.
Je ne vous relaterai pas par le menu chacune des onze autres nouvelles. Mais sachez que vous allez rencontrer des personnages tous étonnants et attachants : Shiva arrivée à Paris après avoir fui les Talibans et le risque d’un mariage forcé, Mona que le mari, artiste peintre, tient sous sa coupe, Lou, caissière, qui possède un immense talent et rêve de haute couture, Ibrahim et sa vie dans sa librairie, sans oublier Manu, Linette et les autres. Mady Bertini dresse ici douze portraits d’hommes et de femmes, toutes et tous touché(e)s par l’art.
L’écriture est de cette beauté qui frappe au premier regard sans que l’on sache d’où elle vient. Les mots sont là, parfois cajoleurs, parfois plus violents mais toujours justes, posés au bon endroit, parfaitement choisis, parfaitement entrelacés. Les phrases s’enchaînent sans à coup. Tout est léger, comme un chant d’oiseau, oui, je dis bien, comme un chant. C’est en tout cas l’impression qui ressort d’une lecture à voix haute.
Ce livre fut un moment de paix, de lumière, une parenthèse d’une douceur infinie, une promenade hors du temps
https://memo-emoi.fr
Les mots, l’œil et le cœur
J’ai eu le privilège de recevoir ce recueil de nouvelles avec une belle dédicace, c’est un bel écrin, une couverture travaillée qui ouvre l’imaginaire.
Mady Bertini en douze nouvelles vous entraîne dans le sillage de l’art dans tous ses états.
Quel que soit l’art choisi il est le révélateur voire le détonateur d’un choix qui va façonner, faire exister celui qui le pratique parfois jusqu’à l’extrême.
Elle a à cœur de nous montrer un univers détraqué ou décalé, mais c’est toujours un périple personnel, un dépassement de soi pour se trouver ou se retrouver.
L’art nous dit l’époque, nous raconte la vie, les vies de ceux qui nous interrogent avec leur don. Cela peut être anecdotique ou impitoyable, il révèle l’artiste mais également ceux qui y sont sensibles.
Les mot sont tendres ou corrosifs, mais ils font mouche à chaque fois.
Selon votre sensibilité de lecteur vous serez attiré par une de ces figures, personnellement Elena , Lou et Ibrahim ont eu beaucoup d’écho en moi.
L’art est partout autour de nous et bien plus encore, quand on sait s’écouter il est en soi. Pas nécessairement besoin d’atteindre les sommets, mais juste s’accorder le droit à l’expression.
C’est ce que fait l’auteur en célébrant tous les arts avec des mots choisis où le réalisme et la poésie se disputent le meilleur, où tout simplement discutent-ils ensemble.
C’est un recueil de nouvelles très réussi, qui fleure bon la création et nous offre un regard démultiplié sur la vie.
Ce regard et le vôtre se croiseront et s’enrichiront.
L’art est un langage à chaque fois différent, avec ses spécificités, qu’il soit écrit ou non, il s’expose et exprime des sentiments, des sensations en partage.
C’est un témoin et une mine de richesses pour ceux qui veulent être vivants au monde.
Profession artiste ou artiste du dimanche, nez au vent, celui qui sait voir sera plus complet.
À lire ces nouvelles vous en serez convaincu.
L’écriture subtile, l’imagination vagabonde. Le tout vous interroge ou vous submerge d’émotions.
Quels sont vos outils pour vous exprimer ?
Un recueil que je vous recommande chaleureusement pour une parenthèse à savourer tous sens en éveil.
« L’art n’a que les ressources de la vie de chacun : il change le plomb en or. » Jean d’Ormesson
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2023/03/06/pour-lamour-de-lart/
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Si certaines sont impressionnantes et effrayantes, d'autres sont drôles et rassurantes !
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Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
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