"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Anatole Steinbach se morfond dans la maison de retraite où il vit depuis qu’il a cédé aux injonctions d’un neveu apparu par miracle. Car ce fils d’une sœur disparue de la circulation depuis des années n’aimait pas voir Anatole seul en ville, surtout depuis le décès de sa femme. Il lui a conseillé d’acheter dans ce jardin des Hespérides. Ses semaines sont rythmées par l’insipide repas dominical chez son neveu, c’est triste à mourir.
Dans cette maison de retraite tenue par une directrice bien peu avenante et prompte à communiquer ses soupçons aux médias, l’ambiance est maussade, les repas déprimants, tout est fait pour donner envie de disparaitre dans ce mouroir pour séniors.
Anatole écrit des romans policiers, c’est ce métier d’écrivain qu’il a mentionné auprès de la maison de retraite, omettant de leur dire qu’il était procureur. Une nuit, un incendie ravage l’annexe du jardin des Hespérides. Or ce soir-là, Anatole, imbibé au Whisky irlandais, a tenté d’y mettre le feu par jeu et par ennui. Un acte irraisonné, mais monsieur Arnaud a succombé dans l’incendie.
Meurtre, assassinat, l’enquête avance à grands pas, tout concours à faire d’Anatole un coupable idéal. Il va faire appel à son savoir-faire et à son réseau pour tenter de se disculper.
Critique édifiante de ces maisons de retraites de luxe dont on parle tant ces dernières semaines. Mano propose ici un thriller caustique, non dénué d’un certain humour, et cependant assez sarcastique.
Lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2020/04/28/le-jardin-des-desesperes-mano/
J’ai découvert la plume, devrais-je dire l’esprit de l’auteur dans Une impression macabre, où un petit vent de folie règne et l’intrigue nous mène par le bout du nez dans un monde absurde et superbement drôle.
Dans Le jardin des désespérés, Mano s’en donne à cœur joie, et avec un imaginaire (où réalité revisitée façon Chaplin) à bride abattue.
Imaginez, Analole, veuf de fraîche date, 75 ans qui se retrouve affublé d’un neveu dont il ignorait l’existence.
Ce dernier lui montre combien il est seul dans sa maison et que cela est dangereux pour lui.
Donc ce neveu breton va tout faire pour qu’Anatole intègre ces superbes lieux de résidence pour séniors. Eh oui ! il y a un âge où semble-t-il, devenir raisonnable serait de bon ton.
Mais qui est Anatole ?
« J’ai gagné ma vie en envoyant les autres en prison. Quelle tête notre pauvre Le Gloënec va-t-il faire quand il découvrira que j’ai été procureur ? »
Oui, avant d’être vieux et invisible, nous avons tous une existence, un cœur et un cerveau, nous n’avons pas toujours été cet objet encombrant et transparent à la fois, qu’il faut remiser à tout prix.
Les pages sur l’état de notre société face à la vieillesse sont à la fois très réalistes (non pas désespérées) et d’une drôlerie inénarrable.
Anatole s’ennuie et comme il est autonome et peut sortir comme il veut, un soir qu’il rentre à minuit, lui vient l’idée d’animer les lieux en faisant flamber l’annexe de cette maison de retraite, où il gare sa voiture et qui sert de débarras.
Plutôt content de son forfait, il hait la directrice Madame Piana, il faut dire qu’ils sont partis du mauvais pied, comme l’on dit ou plutôt du mauvais fauteuil tous les deux.
Alors l’enquête commence et Anatole est soupçonné, mais là il va découvrir qu’il y a des morts, pas ceux qui meurent dans leur lit, non des morts suspectes. Incendiaire oui, assassin non.
Anatole va enquêter.
Dans les pas d’Anatole vous, lecteurs, allez revisiter notre monde et pensez que l’auteur même s’il traite tout cela de façon humoristique, analyse aussi bien la situation des seniors, que la dissolution de la vie de famille, que les conditions de travail et la lobotomisation à laquelle veut nous soumettre la télévision, alors faites comme Mano un pied de nez à tout cela, ouvrez ce livre, c’est un bon livre. Ne vous privez pas d’un éclat de rire salutaire.
Je laisserai le dernier mot à l’auteur lui-même :
« Finalement, le plus amusant, c’est l’écriture. On est très fier la première fois que l’on est publié, mais après, pour le peu que cela rapporte… Quoi qu’en pensent les lecteurs, l’écrivain est le prolétaire de la littérature. »
Merci à Vibration éditions de faire vibrer les mots dans un écrin unique.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 29 novembre 2018.
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