"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Voici un recueil de 27 nouvelles, regroupées en quatre catégories de rendez-vous manqués avec l’amitié, l’amour, soi-même et le temps qui passe.
Ce fil rouge censément conducteur entre les différentes nouvelles m’a semblé parfois très ténu, je n’ai pas toujours compris où était le rapport entre le texte et le rendez-vous soi-disant manqué.
On retrouve dans ce recueil certains des thèmes chers à l’auteur : la dictature chilienne, la politique, l’amour, l’amitié. Il y a tour à tour de la nostalgie, des regrets, du suspense et même du fantastique.
L’écriture est toujours belle, certaines nouvelles aussi, en plus d’être émouvantes, mais l’ensemble m’est apparu trop inégal et hétéroclite. Luis Sepúlveda a fait mieux, beaucoup mieux.
Le 16 octobre 2018, Augusto Pinochet est arrêté à Londres, sur la base d’un mandat d’arrêt international émis par le juge d’instruction espagnol Baltasar Garzón.
En mars 2000, après une sage juridico-politique épique, l’ex-dictateur est extradé vers le Chili, où il ne sera finalement jamais jugé en raison de son état de démence, peut-être feint.
Ce livre rassemble une vingtaine d’articles et chroniques écrites entre ces deux dates pour différents journaux européens, par Luis Sepúlveda, l’un des très proches de Salvador Allende, et qui fut emprisonné, torturé puis exilé après le coup d’Etat de 1973.
Dans ces textes politiques, il s’insurge violemment contre les crimes de Pinochet et de sa clique de tortionnaires, contre l’hypocrisie des dirigeants du Chili dont pas un ne condamne fermement la dictature ou se réjouit de l’arrestation de l’ex-dictateur. Près de 30 ans après le coup d’Etat, le pays est toujours divisé entre les vainqueurs et les vaincus, les premiers plaidant l’amnistie et la réconciliation « pour pouvoir aller de l’avant », sans prendre conscience que cela signifierait pour les seconds la négation ignoble de tous les crimes commis pendant la dictature.
Des textes coups de gueule également, contre les Etats-Unis et la CIA qui ont fomenté le coup d’Etat, contre le FMI et ses politiques d’austérité qui étranglent la population, le tout dans l’unique but de promouvoir un système économique ultra-libéral et faire barrage à tout ce qui ressemble de près ou de loin à la gauche et au spectre de la nationalisation.
Mais ces textes sont aussi mémoriels, des hommages aux résistants, morts ou survivants, pour ne pas les bafouer une nouvelle fois en laissant impunis tous les crimes de la dictature. « Ni oubli, ni pardon », tel est le cri de ralliement de ces femmes et ces hommes, et le leitmotiv de ces textes un peu redondants, mais dans lesquels l’auteur a su transmettre toute sa révolte contre l’injustice, son intransigeance radicale envers le tyran, mais aussi tout son amour et son espoir pour le Chili, la fierté des résistants, et la solidarité et la convivialité avec ses frères humains.
Journaliste chilien exilé à Hambourg, le narrateur est alerté par Greenpeace à propos d’un baleinier qui aurait fait naufrage au sud de la Patagonie. Après vingt-quatre années d’absence, il retourne dans son pays natal, dans ces terres du bout du monde où, adolescent passionné par Moby Dick, il avait passé un été à chasser la baleine sur un petit chalutier. Cette fois pourtant, la pêche n’a rien d’artisanal. Le lanceur d’alerte, le capitaine Nilssen, mi-danois, mi-indien Ona, surveille le Nishin Maru, un bateau-usine japonais, lancé à la poursuite des baleines, sans se soucier, ni de l’écosystème, ni des protestations des militants écologistes. Pourtant, le bateau a été déclaré naufragé et démantelé…
Un petit livre en forme de déclaration d’amour pour Melville, le Chili, les baleines, la nature et la Terre de Feu.
Double du narrateur, Sepulveda y dénonce la pêche industrielle, les magouilles des capitaines japonais, mais aussi l’ethnocide des peuples indiens du Chili.
Ecologique et engagé, ce voyage maritime peine pourtant à passionner. L’auteur y énumère tous ses sujets (légitimes) d’indignation et se lance dans une énumération soporifique de chaque fjord, bras de mer, îlot qu’il croise sur son chemin.
Le monde du bout du monde reste un livre nécessaire mais il lui manque le souffle épique qui font les vrais romans d’aventures. On s’ennuie et c’est bien dommage.
El Idilio, petite localité reculée en Amazonie, Antonio José Bolívar, son dentier en poche, y est sommairement installé depuis qu'il a quitté le peuple Shuars qui règne en forêt.
Le cadavre d'un homme blond (gringo) est découvert dans une pirogue, le Maire véreux de la petite commune accuse les Shuars, mais Antonio José Bolívar, le vieil homme, déchiffre les blessures et avance l'hypothèse que le crime est en réalité la vengeance d'une femelle ocelote envers les chasseurs qui ont probablement tué ses petits et son partenaire mâle.
Merveilleux embarquement au fin fond de la forêt amazonienne, avec un personnage principal Antonio José Bolívar plus que touchant. Un petit livre touchant, drôle et politique.
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