"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
J’ai beau adorer les récits de science-fiction et être abonnée depuis mon plus jeune âge à Science&Vie Junior, j’ai toujours soigneusement évité les ouvrages de hard SF, de peur d’être totalement perdue … Jusqu’à ce que je me laisse tenter par Anaëlle de chez Publishroom sur Simplement.pro, qui a proposé cet ouvrage mêlant « action, psychologie et philosophie » tout en parlant de voyage dans le temps, de réalités parallèles et de physique quantique … Bref, le combo parfait pour attirer mon attention et attiser ma curiosité ! Seule la mention « tome 1 » réfrénait mon enthousiasme : j’ai déjà tellement de sagas en cours, est-ce vraiment raisonnable d’en entamer une de plus ? Mais vous le savez bien, quand il est question de livres, je n’écoute que très rarement la petite voix de la raison, et j’ai crânement haussé les épaules en cliquant sur « postuler » … J’aurai du me méfier : le second tome n’est pas encore sorti et la fin est une véritable torture livresque !
Depuis la mise en place de la Fibre Unique, cinq Réalités cohabitent … Mais seuls les habitants de la Réalité Zéro le savent, et sont capables de voyager d’un monde à l’autre, d’une époque à l’autre. Aeria et son coéquipier Bron sont Limiers : ils sont chargés de surveiller les câbles quantiques afin de traquer les individus dont les pensées représentent un danger pour leur Réalité … Mais de surprenants événements vont perturber leur mission du moment et vont conduire leur supérieur, l’Analyste Welmot, à faire d’étranges découvertes aux implications terribles. Pendant ce temps, Abigael se fait enlever par Kylee. Les enseignements de ce dernier au sujet des différentes Réalités et des câbles quantiques viennent bouleverser toutes ses certitudes, tandis qu’une question grandit en elle : pourquoi ce professeur s’intéresse-t-il à elle, simple petite serveuse à Bruxelles ?
Commençons par les points « négatifs » : j’ai eu énormément de mal à me plonger dans l’histoire. Le début est fort laborieux, entrecoupé de longs passages explicatifs amenés avec plus ou moins de maladresses (en tant que béta-lectrice, je traque sans vergogne ce que j’appelle les « cours magistraux artificiels », c’est-à-dire les moments où un personnage explique très longuement toutes les subtilités de son propre univers à un autre, pour transmettre « subtilement » l’information au lecteur … sauf que c’est absurde quand l’interlocuteur est lui-même issu dudit univers !). C’est le risque quand on met en place un univers riche aux règles complexes, en particulier quand ces règles font appel à des connaissances scientifiques très poussées : pour ne pas perdre le lecteur, l’auteur s’efforce de lui expliquer en long, en large et en travers tout ce qu’il a besoin de savoir pour comprendre l’univers en question … au détriment de l’intrigue, qui se voit reléguer au second plan. L’action met donc pas mal de temps à se mettre en route, et le début traine en longueur, et le lecteur doit s’accrocher pour ne pas décrocher …
Je me suis donc accrochée, vaillamment, jusqu’à ce que nos chers protagonistes cessent leurs longs monologues explicatifs auxquels je ne comprenais pas tout et qu’ils commencent enfin à agir. Et là, le miracle a eu lieu : je ne comprenais toujours pas toutes les subtilités du fonctionnement des déplacements à travers les câbles quantiques, mais cela n’avait absolument aucune importance … Car l’histoire s’avérait vraiment passionnante et captivante, une sorte de course contre la montre, de compte à rebours inexorable dont on ne sait pas encore quel sera l’atroce dénouement. Nous suivons tour à tour Aeria, Welmot et Abigael. L’action, la réflexion et l’initiation. Au début, on s’interroge sur le lien qui les unit, on se demande comment ces trois intrigues parallèles vont bien pouvoir se rejoindre pour former une seule histoire. Et puis, petit à petit, les morceaux du puzzle commencent à se mettre en place, au fil des événements, découvertes et révélations, et progressivement, on entraperçoit l’Intrigue avec un grand I … et on tremble, car on sent que quelque chose de potentiellement dramatique risque de survenir d’un moment à l’autre !
Mais l’auteur nous offre bien plus qu’un « simple » récit d’action. Il évoque aussi la question de la connaissance, et plus encore de l’éthique de la connaissance. Les habitants de la Réalité Zéro vivent dans l’angoisse permanente qu’un individu d’une autre Réalité ne touche du doigt – ou plutôt de la pensée – l’existence du « monde quantique » dont ils gardent farouchement le contrôle, considérant les habitants des autres Réalités « primitifs », « barbares », « sauvages ». Ils traquent ainsi impitoyablement tous ceux qui s’intéressent de trop prêt à la physique quantique et qui risquent par conséquent d’arriver aux mêmes conclusions qui ont permis la mise en place de la Fibre Unique permettant de se déplacer entre les Réalités … La connaissance, et le pouvoir qu’elle induit, doit-elle rester entre les mains d’une élite auto-proclamée ? Ou bien doit-elle au contraire être mise à disposition de tous, au risque que certains en fassent mauvais usage ? La question est intéressante et mérite d’être posée : j’aurai seulement préféré que l’auteur n’affiche pas aussi clairement, à travers les opinions bien tranchées de ses personnages, sa propre position … J’aime la science-fiction qui pose des questions philosophiques sans y apporter de réponses, afin de laisser le lecteur réfléchir par lui-même ….
En bref, vous l’aurez bien compris, si l’intrigue tarde à se mettre en place, noyée sous un afflux d’informations fort complexes – et parfois superflues, car nous sommes dans un roman et non un essai scientifique –, une fois l’histoire lancée, celle-ci s’avère passionnante ! Page après page, tandis qu’Aeria se retrouve confrontée à des événements insolites, tandis que Welmot élabore une théorie aux implications effroyables, tandis qu’Abigael découvre son monde avec un regard neuf sans comprendre le rôle qu’elle va avoir à jouer, l’urgence se fait de plus en plus présente, et le lecteur tourne les pages sans vraiment s’en rendre compte : il veut savoir la suite, même s’il ne comprend fichtrement rien à la physique quantique ! Amoureux des voyages temporels et des mondes parallèles seront aux anges : il aura les deux pour le prix d’un seul livre ! Un simple petit conseil : lorsque vous arrivez à la page 297 (l’avant-dernière page, quoi), prenez quelques minutes pour vous relaxer, pour prendre votre souffle … car les dernières phrases vont vous faire hurler de frustration ! Ça devrait être interdit, ce genre de fin : laisser ses lecteurs en plan comme cela sans avoir sorti la suite, cela s’apparente à de la torture ! Je veux le tome 2, que quelqu’un aille dans le futur le chercher, s’il vous plait !
https://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2019/04/realites-tome-1-loic-grosman.html
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