"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Une saga familiale qui court sur plus d'un siècle portée par trois femmes fortes : trois Maria de mère en fille.
Nous sommes dans une propriété viticole en Espagne et le récit fait des va-et-vient dans les époques.
L'ambivalence de ces trois femmes et les difficultés qu'elles affrontent nous les rendent distantes, peu attachantes.
Le récit est intéressant mais le rythme est un peu lent et la psychologie des personnages insuffisamment fouillée à mon goût ; une enquête pour meurtre va prendre le pas sur le combat de ces femmes pour sauver leur domaine.
Néanmoins, l'écriture est élégante ; nous ressentons la chaleur de l'été, la sécheresse de la terre et la dureté des relations sociales.
Par sa plume, l'auteur dénonce le patriarcat, le poids de clergé, l'intolérance, et le fascisme.
Fan de l'immense auteur et compositeur LLuis Llach, considéré depuis les années 70 comme le symbole de la résistance de la langue catalane face au régime franquiste, et de sa chanson L'Estaca, connue pour avoir été l'hymne officieux catalan de résistance au franquisme et souvent reprise, je viens de découvrir ses écrits à travers son premier roman Les Yeux fardés ( Prix Méditerranée étranger 2016 ) : un vrai coup de cœur !.
Le livre débute par un chapitre intitulé "Voulez-vous que je vous dise Monsieur le réalisateur ?" où le narrateur Germinal Massagué, 87 ans s'adresse à un jeune réalisateur pour lui confier son histoire "Je ne veux pas parler de la mienne en particulier...Vous voyez ce que je veux dire...". Les autres chapitres auront pour titre simplement premier enregistrement, deuxième ..., troisième ..., jusqu'au vingt-sixième et dernier enregistrement suivi de l'épilogue.
L'auteur va d'abord évoquer la rencontre de ses parents Marie Guillaume de Sète et Josep Massagué ì Fita, marin. Follement amoureux, ils vont partir s'installer à la Barceloneta, quartier populaire et vivant de Barcelone situé près de la plage et du port. Josep trouve "une place sur les quais pour extraire les trésors et les saletés du ventre des bateaux qui arrivaient de partout" car il a dû changer de métier pour Marie devenue Marí, celle-ci voulant épouser un homme et non pas un fantôme.
Un an plus tard, en 1920, naît Germinal. Cette année-là, quatre femmes dont Marí, du même âge et du même quartier, qui s'entendent bien et sont devenues amies, mettent au monde un enfant. C'est ainsi que Joana, Mireia, David et Germinal formeront la bande des quatre, surnom donné par Ramon Ramanguer, grand amateur de littérature et gérant d'un local qui se voulait être une librairie : "le Crépuscule du Capitalisme". Ces quatre formeront deux couples Mireia et David et Joana et Germinal. Ils vont découvrir leur corps, vivre leurs premiers émois et explorer ce quartier de la Barceloneta, à la culture ouvrière militante. Bientôt Germinal découvre le vrai amour, pur et sensuel pour son ami David, "l'ami aimé", une passion qui les unira et qui guidera son existence entière, même pendant la guerre civile.
Lluis Llach s'attache à nous décrire la vie dans cette Barceloneta, l'appartement dans lequel vivait Germinal et ses parents. Il dresse de magnifiques portraits de toutes ces familles et notamment de ces quatre jeunes, "Chacun de nous, était un élément représentatif de la population de ce quartier", sans oublier leur environnement. Il met l'accent sur l'entraide qui règne au sein de ce quartier, sur l'amour de la liberté et l'amour de l'indépendance qui le caractérise.
La proclamation de la République, le 14 avril 1931, leur permet d'espérer. Mais dès fin 1933, la droite factieuse gagne les législatives et commence une période effarante appelée le bienio negro, les "deux années noires" où la droite espagnole la plus sombre revient au pouvoir avec une féroce soif de vengeance. L'indépendance de la Catalogne est remise en cause. Mais les élections de février 1936 voient la victoire du Front populaire, victoire de courte durée car au mois de juillet de la même année "Un ramassis de généraux fascites... proclama le coup d'État contre le Front populaire, contre la Catalogne".
Cette guerre civile marquée par la séparation, les bombardements, la mort, va profondément bouleverser nos amis, le quartier et la ville, amoureux de la liberté. Ce livre est un bel hommage rendu à ces hommes et ces femmes qui ont combattu jusqu'au bout aux côtés des Républicains.
Roman d'amour et roman de guerre, Les yeux fardés nous fait plonger dans la vie de ce quartier de Barcelone, des années 1920 à l'après-guerre civile avec les horreurs du franquisme, au travers de la vie et des amours du narrateur.
À la fois ode à la liberté, à la jeunesse, à l'amour avec des héros ordinaires, et hymne à la résistance de ceux qui, même vaincus et détruits ne renoncent pas !
La révolte, l'idéal, la tendresse, l'amitié, l'amour, la fraternité, la sensualité, la grâce sont les principaux sentiments portés par ce roman plein d'humanité qui m'a émue, bouleversée et dont la lecture m'a apportée énormément de plaisir et touchée en plein cœur.
En conclusion : le talent littéraire de Lluis Llach est à la hauteur de son talent musical. J'ai retrouvé dans son roman à la fois son engagement politique et ses mots qui réveillent en nous amour et humanité et portent un message de paix et d'espoir.
À noter la belle couverture avec une photo d'époque où il est facile d'y reconnaître Germinal, tel qu'on se le représente.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
https://wordpress.com/post/dubonheurdelire.wordpress.com/3841
Dans le cadre du prix des lecteurs Privat 2020, j’ai pu commencer la deuxième sélection avec Le théâtre des merveilles. Publié chez Actes Sud, ce roman est une plongée dans les années trente à Barcelone où l’histoire du futur baryton Roger Ventós va naître.
Voici la présentation de l’éditeur :
« Roger Ventós, le fabuleux baryton que se Entre mécanismes magiques, décors extravagants et danseuses légères, c’est là, parmi les membres disputent les plus grandes scènes du monde, voit le jour en 1939 à Sète, fruit de l’étreinte éphémère sur les plages d’Argelès entre un tirailleur sénégalais et une anarchiste espagnole exilée. Pour elle, ex machiniste de théâtre dans l’ardente capitale catalane, s’ouvre une ère de privations et de solitude, à toujours tirer le diable par la queue, mais la musique est là qui va sauver l’enfant. À l’adolescence du garçon, sa mère est frappée par un mal incurable et l’envoie à Barcelone afin qu’il soit élevé par son oncle dans les coulisses du cabaret où elle a elle-même grandi : le Théâtre des merveilles. bigarrés de la troupe, qu’il se découvrira une famille aimante pour l’aider à cultiver son inestimable don pour le chant ; et c’est de là qu’il partira conquérir le monde. »
Pour tout vous dire, j’ai un peu de mal à donner un avis tranché sur ce roman. J’ai apprécié le lire et plonger dans le théâtre des merveilles, au milieu des années trente, dans cet univers soumis à la dictature franquiste où la scène, le théâtre, est un lieu d’échappatoire. J’ai trouvé le personnage de la mère de Roger remarquable et je regrette que le personnage ne soit présent que dans le premier tiers du roman car cette résistante de la première heure qui s’affirme dans ses luttes politiques comme ses amours aurait mérité d’être la véritable héroïne de ce roman.
Si le personnage de Roger Ventós est intéressant notamment par son regard distancié et la réflexion qu’il porte sur la musique, je n’ai pas su être emportée par son histoire. Certes, il vit la perte de sa mère, terrible drame mais tout semble surmontable et très rapidement à ce personnage. Il liquide son passé au moment où le lecteur lui crie de ne pas le faire ! Il s’éloigne avec bien trop de facilités de ce nid familial si atypique ! Et lorsque les dernières pages nous révèlent qu’il s’agit d’une autobiographie fictive de Roger Ventós, on comprend mieux la distance adoptée mais pas le manque d’émotions.
En résumé : un roman intéressant pour la plongée dans l’univers barcelonais des années 30 à 70 mais qui manque de relief dans le choix de son personnage principal.
Été 1893, La Principale, superbe demeure bourgeoise est au bord de la faillite. La famille s'exile alors à Barcelone laissant la propriété en héritage à la jeune Maria. Commence alors le règne des femmes sur La principale, règne qui se poursuivra sur un siècle. Lluis llach propose, à travers plusieurs récits qui s'enchâssent, trois beaux portraits de femmes fortes et fières, ayant acquis leur liberté à la force du poignet et bien décidées à la conserver coûte que coûte. Originales et indépendantes, elles sauront obtenir un pouvoir que les hommes cherchent trop souvent à leur refuser, tout en conservant ce brin de folie qui nous rend si humain.
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