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Aminata est née à Bayo (Guinée) en 1745. Fille de Mamadou Diallo (un peul) joaillier de son état, et de Sira Coulibali (une bambara) sage-femme reconnue. À l’âge de onze ans, elle est capturée près de son village et vendue à la plantation d’indigo de Robinson Appleby (sur l’ile de Santa Helena, en Caroline du sud). Nous sommes en 1757, le voyage a duré un peu plus de six mois, en compagnie de Chekura (un adolescent qui a trahi les siens en aidant les toubabs, dans le but d’épargner sa propre vie) de Fomba (un brave homme un peu simple, lui-même esclave à Bayo) et de Fanta (l’insupportable femme du chef de leur village …) Après un voyage épouvantable, seule une centaine de prisonniers est parvenue à destination …
Aminata va alors devenir Mina, être prise en charge par Georgia qui va la considérer comme sa propre fille. Mamed (le régisseur noir) conscient de sa vive intelligence, va lui apprendre à lire dans le plus grand secret. En 1761, Aminata a seize ans, son maitre va vendre le bébé qu’elle a eu avec Chekura et se débarrasser d’elle en la cédant à un juif de Charles Town, du nom de Solomon Lindo. Mieux traitée et éduquée, elle n’en reste pas moins esclave, même si Solombon Lindo et sa femme la considère (hypocritement) comme une « domestique » …
Mais après le beau temps revient la pluie, hélas … Bien des malheurs vont parsemer la longue et cruelle route d’Aminata Diallo ! La guerre d’indépendance entre l’Angleterre et l’Amérique (1775-1783) et la fameuse déclaration du 4 juillet 1776 n’y changeront pas grand-chose … Il lui faudra passer par New York puis la Nouvelle Écosse (Canada) avant de pouvoir un jour (femme affranchie) se rendre sur les traces de ses ancêtres en Afrique … Et finalement de décider de finir son existence à Londres (où elle écrira ses mémoires, au début du XIXème siècle …) Pour les esclaves du sud de l’Amérique, la guerre de Sécession est encore bien loin …
Un récit magnifique et passionnant, extrêmement bien écrit, indéniablement pertinent. Un roman haletant que j’ai littéralement DÉVORÉ ! Lawrence Hill nous offre une oeuvre de très grande qualité. Né en 1957 au Canada, c’est un romancier primé et mémorialiste.
Mon plus gros coup de coeur (depuis le début de l’année 2023) que cette énorme pépite !
L’auteur nous dévoile une tranche d’histoire entre 1775 à New-York et 1802 à Londres en suivant la vie mouvementée de la jeune Aminata, esclave noire, la trentaine qui échappe à son propriétaire vendeur d’indigo. Débarquée à l’âge de 12 ans d’un bateau négrier, elle a un passé qui lui a permis d’avoir des contacts avec des livres, de savoir lire et écrire, ce qui va lui permettre de tenter d’échapper à sa condition. La guerre d’indépendance bat son plein, et les britanniques promettent à ceux qui leur sont fidèles de les envoyer en nouvelle écosse ou ils pourront démarrer une nouvelle vie Libres. Son parcours est semé d’embûches, et elle parvient après avoir perdu enfants et mari, en Sierra Leone ou, là encore, les promesses de liberté, de lopin de terre à cultiver vont se limiter à la création d’un comptoir de colonie anglaise (Freetone) à proximité d’un lieu d’embarquement d’esclaves nègres toujours actif. Son espoir de retrouver ses origines sera déçu, mais son histoire racontée à Londres aux députés anglais fera tout de même avancer la cause abolitionniste de l’esclavage. Un grand roman d’aventure qu’on dévore, malgré la triste histoire qu’il véhicule. La personnification d’une errance permanente inéluctable et sans solution via le personnage d’Aminata donne une grande force au récit qui nous fait vivre une période de l’histoire peu connue.
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