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Pascal Goffaux aurait voulu ne pas naître, ne pas être. Mais il est né quand même, malgré lui, à son corps défendant. Encombré d’une enveloppe charnelle dont il ne sait trop que faire, d’un corps qui n’a pas de poids, qu’il ne ressent pas, qu’il ne parvient pas à ancrer dans la réalité : « mon corps était léger ou immatériel » ; « tout un chacun fait l’expérience de l’ennui, de temps à autre, mais la conscience d’avoir un corps étranger à soi est passagère. La mienne est constante dans chaque situation de ma vie. Je ne m’abandonne jamais au plaisir des sens. Je ne ressens pas le plaisir de la chair, car de quelle chair pourrait-il s’agir ? » Comme détaché de ce corps, il s’observe de l’extérieur et part à la recherche de son identité. Il faut pour cela remontrer à l’enfance, aux sources des manques. Il y en a deux : celui du frère trois ans plus âgé, vivant à l’écart du noyau familial, reclus à un autre étage de la maison avec une tante en mal d’affection ; et celui d’un frère mort-né. Entre un frère manqué et un frère manquant, comment prendre sa place ? Enfant, le narrateur flotte dans les vêtements de son aîné. Plus tard, il flottera dans sa vie, marquée par deux seules décisions : celle de faire de la radio (parce qu’il n’y a pas besoin de corps pour parler à la radio, et parce que la voix à travers le poste s’adresse à quelqu’un qui n’est pas immédiatement là, qui est absent), et celle de ne pas faire d’enfants (mais d’en adopter deux avec sa femme, à qui il rend d’ailleurs un très bel hommage).
Dans ce récit d’une cinquantaine de pages qui va au plus intime, Pascal Goffaux, journaliste culturel à la RTBF, dévoile et explore le vide, l’absence au monde qui remplissent son âme. Un texte profond et interpellant, non dénué d’humour (noir) et d’autodérision, qui ne m’a pas bouleversée autant que je l’avais imaginé. A chacun sa nostalgie, sans doute.
PS : le livre est complété par quelques photos de Laurent Quillet, plasticien, qui « interroge sa place dans le monde par l’effacement partiel de sa personne sur des photos de famille ». Un travail en résonance avec le texte de Pascal Goffaux
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