"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un homme et une femme, cloitrés volontairement chez eux, s''épient de part et d'autre de la rue de la Petite-Pierre à Paris. Une sorte de lien ténu s'établit entre eux. Qu'est-ce qui a conduit ces deux personnes à se retirer du monde et arriveront-ils à communiquer pour s'aider mutuellement à combattre leurs démons?
En découvrant ce roman, j'ai immédiatement pensé à "Fenêtre sur cour" d'Alfred Hitchcock ou à "La femme à sa fenêtre" de A.J.Finn mais la ressemblance s'arrête là; en effet, "Vis-à-vis" n'est ni un thriller, ni un polar; c'est un roman de l'intime, des contacts humains qui peuvent être salvateurs. Ici, le regard n'est ni inquisiteur, ni accusateur, ni unidirectionnel mais il est réciproque, il porte une interrogation, une attente.
L'auteure, dans ce très court roman de 115 pages, que j'ai lu dans un souffle, alterne les narrateurs, une fois Lui, une fois Elle. Peu à peu, elle dévoile l'immense douleur, le sentiment de culpabilité qui ont conduit les deux protagonistes à avoir peur des autres mais aussi d'eux-mêmes.
Ils se reconnaissent sans se connaître car ils mènent le même combat contre cette peur. Peu à peu, ces deux solitudes vont s'apprivoiser, nous sommes les témoins émus de cette réouverture à la vie, à la liberté pour Elle et Lui.
Ce roman rend un très bel hommage à la littérature, aux mots et aux livres qui emportent loin de la prison que peut être sa vie, qui ouvrent l'espace, qui offrent une liberté à ceux qui en sont privés. Parfois les mots d'un inconnu, l'auteur, deviennent un vecteur de lien, d'échange, de messages entre les êtres humains.
Un magnifique roman émouvant qui résonnera encore longtemps en moi.
« Une auteure à succès »
Plusieurs fois primée, les qualités littéraires de Laure Gombault sont évidentes. Une auteure dynamique et qui, de suite après le succès de « Les sans-gloire » (ouvrage qui me permit de la connaitre), enchaine sur un autre titre tout aussi promoteur. Bravo. La qualité ne s’est pas terni, au contraire. Nous attendons la suite avec impatience. Merci.
Les Sans-gloire, ce sont Jeanne, Lucienne et Fernande. Trois femmes que Laure Gombault nous présente dans ce recueil paru dans la collection Souffles courts des éditions Souffles littéraires. Mais il y en a des milliers, des millions d'autres comme elles, femmes de l'ombre, à l'existence effacée et contraintes malgré elles à faire tourner l'économie de la France pendant la Première Guerre mondiale quand leurs maris, fiancés, frères, fils sont partis se battre pour l'honneur de la patrie.
Avec soin, une minutie de détails qui témoignent de sérieuses recherches historiques et une profonde sensibilité, Laure Gombault nous raconte le quotidien de ces trois femmes.
Il y a Jeanne, la boiteuse que tout le monde a moqué jusqu'à sa rencontre avec Pierre, l'instituteur qui, dans les tranchées, n'a pas supporté les atrocités de la guerre. Condamné au bagne à Cayenne, Jeanne est prête à tout pour le revoir.
A la ferme familiale, tout repose sur les frêles épaules de Lucienne depuis que son mari est parti combattre. Mais quel prix est-elle prête à payer pour qu'Henri retrouve ses terres comme il les a laissés à son retour?
C'est dans une usine de munitions que Louise travaille désormais. Elle qui se voyait vivre à la campagne auprès de Jean a dû mettre son rêve de côté pour gagner de quoi faire vivre son petit garçon, Léon, dont elle a dû confier la garde à sa mère. Une désillusion qu'elle s'efforce d'atténuer dans la solidarité avec ses "soeurs" d'infortune.
Cet ouvrage se présente sous la forme de trois nouvelles, toutes situées à la même période, dans le même contexte et, en même temps, à la fois différentes et complémentaires. Des destins similaires, il y en a des tas. On pourrait alors penser "encore des histoires de guerre, encore des histoires de femmes par temps de guerre" et passer à côté.
On aurait alors bien tort. Il y a dans ces mots, dans ces phrases, dans ces destins, une singularité et des émotions qui nous absorbent et nous submergent. Ces trois femmes témoignent d'une force de caractère impressionnante face à l'adversité. Elles nous emmènent à leur suite par la seule grâce de l'écriture de Laure Gombault. Elles nous retiennent par la puissance des émotions et le courage que l'autrice leur prête.
De beaux destins à découvrir. Et de nombreuses questions à se poser ensuite.
Trois femmes dans la tourmente
Laure Gombault a ressemblé trois nouvelles dans ce recueil qui raconte la vie de trois femmes durant la Première Guerre mondiale. Jeanne, Lucienne et Fernande vont nous permettre de découvrir trois aspects de ce conflit meurtrier. Trois histoires aussi sensibles qu’éclairantes.
Jeanne a croisé le regard bleu de Pierre et sa vie a basculé. Elle qui menait jusque-là une vie ordinaire a trouvé avec cet instituteur venu de Paris de quoi remplir sa morne existence. À l'amour qu'elle découvre dans ses bras vient bientôt s'ajouter l'envie de savoir et de connaître, d'apprendre à lire et écrire.
Mais après deux années de bonheur, les gendarmes viennent lui arracher son mari. En ce jour d'août 1914, il part pour le bagne, lui qui a refusé la guerre et a préféré déserter. Alors on refuse à Jeanne le droit de remplacer son mari à l'école pour instruire les enfants. En revanche, on l'accepte comme aide-soignante à l'hôpital pour tenter de soulager les souffrances des soldats qui arrivent du front. Son zèle et son courage vont lui permettre de se rapprocher d'un médecin qui a accompagné les bagnards en Guyane. Il pourrait peut-être lui donner des nouvelles de Pierre? Quand elle comprend qu’il va retourner là-bas, elle fait tout pour qu’il la prenne comme assistante, pour se rapprocher de son homme. Et qui sait?
Avec cette première nouvelle, Laure Gombault donne le ton de son recueil, centré autour de trois femmes dans la tourmente de la Grande Guerre.
La seconde se retrouve à la tête de la ferme que les hommes ont déserté et doit tenter d’assurer les récoltes, de faire vivre tant bien que mal ce domaine qui a besoin de bras. La solution va s’esquisser avec l’arrivée de Maghrébins affectés au service des agriculteurs. Lucienne, qui entend suivre les instructions de son mari parti combattre sur le front de la Somme, refuse dans un premier temps d’accueillir ces inconnus chez elle étranger. Puis elle accepte que Hassan vienne lui apporter sa force de travail, plus que jamais nécessaire alors que l’heure des récoltes arrive. Mais voilà, Hassan ne laisse pas insensibles les femmes du domaine. Lucienne observe le manège de Sidonie avant d’être à son tour troublée par la personnalité de l’ouvrier. Mais n’en disons pas davantage.
La troisième nouvelle raconte l’histoire de Fernande qui travaille dans une usine d’armement où la plupart des postes sont désormais occupés par des femmes. Dans la chaleur et le bruit, dans les cadences infernales entrecoupées par les accidents, un brin d’humanité va pouvoir s’immiscer, une solidarité entre femmes qui se retrouvent seules à attendre, à espérer des nouvelles du front. Et quand l’annonce d’un décès vient réduire à néant les rêves de retrouvailles, une épaule compatissante est la bienvenue.
C’est du reste cette humanité qui lie ces trois nouvelles qui mettent les émotions à fleur de peau. Dans ces moments de crise, on se rend bien compte de ce qui est vital et combien la force mentale est déterminante pour pouvoir continuer à avancer face à la violence, la désinformation, les coups du sort. La plume de Laure Gombault épouse parfaitement l’intensité des désordres intimes pour nous offrir, au moment où la guerre refait surface en Europe, une grille de lecture qui éclairante. Avec peut-être aussi le constat amer que plus d’un siècle plus tard, l’Histoire recommence avec les mêmes images, les mêmes attentes douloureuses, les mêmes morts au bout de la route.
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