"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Je remercie l'auteur, Laura Wilhelm, pour m'avoir proposé de découvrir le premier tome de sa trilogie, Azmel. Bien que le résumé donne déjà beaucoup de détails, je vais en donner un afin de me "cadrer" dans la chronique.
Léna a perdu ses parents dans un accident de voiture. Obligé de quitter Paris pour vivre dans le sud est chez sa tante Éléonore et ses cousines Andy et Jamie. Un nouveau départ qui est extrêmement difficile. Elle va vivre en reclus jusqu'à ce qu'elle accepte de sortir et de reprendre les cours. Nouvelle maison, nouveaux lieux, nouvelle école... Alors qu'elle se fait une amie, Jesse, une pétillante rousse, un trio de frères lui "tape" dans l’œil, surtout un, le plus taciturne, celui qui ne parle à personne. Bien qu'un rapprochement se fasse, un léger problème d’électricité statique les forcent à ne pas pouvoir se toucher, jamais.
Une ado qui perd ses parents dans un accident tragique comme point de départ, bien entendu il fallait un choc pour que Léna puisse changer. Le début de l'histoire nous la montre à leur enterrement, au moment où son regard se pose sur un jeune homme qu'elle n'a jamais vu et pourtant, elle ressent quelque chose : comme un second cœur qui bat. Laissant tout derrière elle, elle doit se reconstruire. Ce qui n'est pas une mince affaire. Comment surmonter le décès des seuls parents que l'on avait ? Car même si la jeune fille connaît sa tante, elle ne les connaît pas vraiment. Du temps, voila ce qu'il lui faut et ce qu'on lui laisse.
« Je ne comprenais pas le moindre mot. Comment pareil phénomène était-il possible ? Même si j'étais très ouverte d’esprit, là, elles y allaient un peu fort ! Des Elfes, des sorcières, et pourquoi pas des démons et des loups-garous tant qu’on y était ? »
Plus nous avançons dans l'histoire et plus nous comprenons que ses émotions fonctionnent en fonction de qui elle est. Sa famille n'est pas si normale que cela. Il lui faudra digérer cet état de fait et apprendre à se contrôler. Il lui faudra également contrôler ses sentiments vis-à-vis d'Aymerick, l'un des trois frères. Jason et Ménas composent le trio. Ces jeunes hommes ont un lourd secret tout comme la famille de Léna. Tous les opposent et pourtant ils sont irrésistiblement attirés. Beaucoup de personnages gravitent autour de ce couple improbable. Il y a les cousines, les ami(e)s de l'école, les ennemis qui traînent vers la fin du livre. Entre Andy, Jamie et Léna, le lien se fortifie au fur et à mesure que le temps passe. Entre cousines ce n'est pas toujours évident, mais avec Jamie c'est plus facile. Elle est un peu plus jeune mais à un caractère doux, généreux. C'est elle qui aide beaucoup Léna lorsque cette dernière arrive chez eux totalement défaite.
« Je jetai un œil dans le salon où, affalées dans le luxueux canapé, mes cousines étaient totalement absorbées par une nouvelle série télévisée. Elles se retournèrent lorsqu’elles entendirent mes pas dans le hall d’entrée.
— Ou vas-tu ? me demanda Jamie.
Andy ne dit rien, elle savait probablement où je comptais me rendre et ce que je voulais y faire.
Les cheveux courts de ma cousine avaient un peu repoussé depuis que j’étais arrivée dans cette maison, laissant une frange un peu longue lui recouvrir les yeux. Andy ne prêta pas attention à notre échange silencieux et se replongea dans son film.
Jamie me dévisagea comme si elle s’attendait au pire. Du bout du canapé, elle me fit face en un millième de seconde. Véridique ! Elle s’était visiblement très bien entraînée, elle aussi ! Ses petits yeux turquoise me questionnaient.
— Tu ne vas pas retourner aux ruines, hein ? »
Léna est une jeune fille qui est à bout en arrivant dans cette nouvelle vie. Elle a beau chercher pourquoi ses parents sont morts (d'un accident de voiture ? Alors que son père était saoul ? Je trouve cela étrange... la suite me confirmera si mes doutes sont oui ou non à garder) elle ne trouve pas. Une étincelle, un peu d'aide, de compréhension et la voilà sur de nouveaux rails. Son amie Jesse est amusante. Les garçons se "battent" un peu pour elle. Les trois frères ont chacun un truc qui les rend attachants, même si au départ le fameux Jason ne m'inspire pas confiance. Aymerick a ses raisons pour être ainsi, si éloigné des autres. Il est très protecteur, possessif et jaloux.
Et puis il y a ce petit "soucis" qui fait que Léna et Rick ne peuvent pas se toucher sans risquer de se faire mal, très mal (allant jusqu'à l'inconscience de l'un). Pourquoi ? C'est la grande question. l'auteur nous donne l'explication. Nous comprenons très bien, mais comment faire pour que cela disparaisse ? C'est une autre bonne question qu'il faut garder en mémoire. Les chapitres sont plutôt courts. Le langage est simple, mais pas trop. Les descriptions sont bonnes, elles permettent de bien imaginer les ruines par exemple sur le terrain de la famille de Léna. La frustration est bien représentée.
« Eh bien lui, il s’appelle Jason, ici toutes les filles rêvent d’être dans son lit et pas mal y sont passées d’ailleurs. Il est trop beau ! gloussa-t-elle.
Apparemment, ma nouvelle camarade avait un petit faible pour le plus âgé des trois.
C’est vrai qu’il n’était pas mal dans son genre mais celui qui attirait le plus mon attention était plutôt le dernier. Sa bouche, son regard, tout n’était que finesse et beauté dans une imperceptible magnificence.
— Le plus petit c’est Ménas, il est avec nous en cours. Il est plutôt marrant comme gars. La dernière fois, il a littéralement envoyé chier le prof d’histoire et s’est fait renvoyer du lycée pendant deux semaines ! En plus…
Je remarquai que le garçon à la mèche me regardait. Son regard dégageait quelque chose d’incompréhensible, il me dévisageait. J'esquivai son regard pour revenir à ce que me disait Jess.
— … et lui, c’est Aymerick, mais ici tout le monde l’appelle Rick. »
Côté bémols, il manque des choses. Éléonore est l'adulte responsable de cette famille. Elle devrait donner des conseils, faire quelque chose comme des tests avec Léna. Je sais que vers la fin l'auteur en parle dans une phrase, mais dans le récit il n'y a rien avant. Je trouve dommage que Léna découvre sa particularité ainsi que son apprentissage sans avoir au moins un passage avec cette femme qui semble en connaître beaucoup. D'accord elle est très prise par son travail, mais une discussion aurait été un plus. La fin arrive un peu vite et les derniers passages avant l'épilogue sont trop court. Un peu plus de développement aurait été bien.
En conclusion, un premier tome sombre qui arrive à montrer que l'espoir n'est pas un vain mot. Le fantastique arrive tranquillement sans heurt dans l'histoire. Il y a peu de "créatures" mais plus nous avançons vers le final, plus nous en découvrons. Tout ce qui peut arriver a forcément une raison. La fin nous laisse sur notre faim, car combien de temps reste-t-il réellement ? J'ai passé un bon moment de lecture et je suivrais la suite avec plaisir.
http://chroniqueslivresques.eklablog.com/azmel-tome-1-la-porte-du-temps-laura-wilhelm-a153313064
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