"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Une histoire qui se dévore, ce livre aborde l'émancipation des femmes, l'ambition, l'amitié, les âmes sœurs, les choix déchirants ou culpabilisants. Un roman prenant, des sentiments et des contradictions. Nous suivons ses deux amis sur plusieurs années, une amitié de 30 ans, l'une vis dans l'ombre alors que l'autre cherche a briller quitte à se brûler les ailes. Les personnages sont attachantes, nous les voyons évoluer de l'adolescences aux rôles de mères. Une magnifique histoire, à découvrir et à lire sans hésitation.
"Meilleures amies pour la vie.Elles avaient cru que ce serment résisterait au temps, qu’un jour elles seraient de vieilles femmes assises dans leurs rocking-chairs, sur une terrasse au bois grinçant, et qu’elles se raconteraient leurs plus grands moments en riant.À présent, bien sûr, elle n’était plus dupe. Depuis plus d’un an, elle se répétait que ce n’était pas grave, qu’elle pouvait poursuivre son chemin sans meilleure amie. Il lui arrivait même parfois d’y croire.Mais elle entendait alors la musique. Leur musique."
Une femme se rappelle son adolescence, son double inséparable, son amie perdue.
TullyEtKate. Kate et Tully.
En 1974, Tully vient habiter avec sa mère en face de chez Kate. Elles ont quatorze ans, Tully est aussi belle et populaire que Kate est insignifiante et seule. Contre toute attente elles deviennent amies, complices, inséparables. C'est l'histoire d'une amitié profonde, qui commence à l'adolescence, faite pour durer toujours, qu'on va suivre pendant une trentaine d'années. C'est aussi une histoire de famille, de deux familles. L'une est ordinaire, aimante, c'est celle de Kate. L'autre, celle de Tully, est dysfonctionnelle et elle rêverait d'avoir la famille de son amie. Elle aimerait tant qu'on lui dise comme à son amie "Fais pas ci, fais pas ça". Mais elle, on la laisse pousser comme une herbe folle. Sa mère du moins. Ses grands-parents veillent, mais de loin.
Ce roman parle d'amour, de cette forme particulière et puissante d'amour qu'est l'amitié, qui se joue des différences, qui est tolérante et généreuse, qui ne ment pas, qui console, qui donne de la force et fait pousser des ailes. Tallulah la solaire, l'ambitieuse que rien n'arrête, pas même les blessures qu'on lui a infligées, et Kathleen la timide, qui manque de confiance en elle et se sent invisible, ces deux filles là vont marcher main dans la main sur le chemin qu'elles se sont tracé, où plutôt sur le chemin tracé par Tully. Chacune apporte à l'autre ce qui lui manque. Pour Tully c'est le sentiment de compter pour quelqu'un, et Kate celui de n'être enfin plus invisible. Elle sont complémentaires, un caractère fort face à un caractère conciliant.
La famille Mullarkey devient une famille de substitution pour Tully. Margie, la mère de Kate est LA Maman américaine, celle qui ouvre grand ses bras et sa maison et qui apporte des plats préparés par elle-même à ses nouveaux voisins. Tully, parce qu'elle a un immense besoin d'amour et de reconnaissance, va avoir des ambitions démesurées qu'elle se donnera les moyens d'atteindre, entraînant Kate dans son sillage, en bonne working girl des années 80 !
C'est une histoire qui se dévore, entraînée par la tornade Tully, d'autant plus pour moi que les deux amies sont de ma génération. Je m'y suis retrouvée à travers l'histoire du monde, la guerre du Vietnam, Ronald Reagan président des États-Unis, la guerre au Koweït, la mort de Lady Di, le scandale Clinton-Lewinsky, les attentats contre les tours jumelles, la musique qui traverse ces époques, les parents qui poussaient leurs filles à faire des études pour être indépendantes, ne pas forcément se marier et avoir des enfants. En revanche pas du tout par le mode de vie ni la mentalité bien sûr, l'Amérique et nous, c'est tellement différent ! Bizarrement, alors qu'elles entrent dans l'âge adulte, pendant l'apparition du sida qui a été un séisme absolu, il n'en est jamais fait mention ici.
Tout le long de cette histoire d'amitié, la famille est au cœur de tout. Celle dont on est issu, celle qu'on se fabrique, celle qu'on choisit lorsqu'on on n'en a pas vraiment.
Les choix auxquels les femmes sont confrontés semblent toujours déchirants et culpabilisant… carrière ou famille.
Il y a néanmoins quelque chose que j'ai détesté dans ce roman, ce sont les nombreuses descriptions très détaillées de leurs tenues vestimentaires. Ça donne un côté girly que j'ai trouvé insupportable. Mais comme ça se passe en grande partie dans le monde de la télé, paillettes et superficialité sont au rendez-vous. Et puis ça m'a rappelé la mode des années 80 : larges épaulettes, grosses ceintures, couleurs vives, et la cerise sur le gâteau : le brushing exubérant totalement improbable. Mais quelle horreur !!!
Vraiment, un roman qui se dévore et m'a fait penser qu'une amie pour la vie, mais qu'est-ce que c'est bon !!!
Le chant du rossignol de Kristin Hannah, lu par Carine Obin, Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Matthieu Farcot, Audible studios, 2017 (1ère édition en français : Michel Lafon, 2016)
Une fresque familiale de 1939 à nos jours autour des destins croisés de deux sœurs.
Viane Mauriac vivait à Carriveau, un village dans la Loire. Se retrouvant seule avec sa fille, après le départ de son mari pour le front, elle se voyait confrontée à l’occupation allemande, à l’obligation de partager sa maison avec des officiers nazis ; ses amis et voisins juifs, communistes, francs-maçons devenaient des parias avant, pour certains, d’être déportés pour ne jamais revenir… Viane luttait pour survivre, nourrir sa fille avec les aléas du rationnement ; elle devait aussi faire profil bas avec les Allemands qui cantonnaient chez elle.
Isabelle, la jeune sœur de Viane, avait un tempérament beaucoup plus rebelle ; impétueuse et pleine d'idéaux, partie pour Paris, elle s’était très vite engagée dans la Résistance sous le nom de code "Le Rossignol" et faisait régulièrement passer des aviateurs anglais en Espagne.
L’écriture est fluide captivante ; les personnages sont très attachants.
Le récit est enchâssé dans les souvenirs d’une des deux sœurs, âgée et malade, vivant aujourd’hui aux Etats-Unis et invitée à une commémoration à Paris. Ce procédé sert d’écrin au récit et rattache le passé au présent, évoque la mémoire collective, relie l’intime à la sphère publique.
Au premier abord, j’étais très emballée par ce livre ; la version audio, lue par Carine Obin, est très agréable à écouter et sincèrement, j’avais hâte de replonger dans ce roman. J’étais à mon affaire, appréciant particulièrement les romans historiques reliant les faits avérés aux gens ordinaires. De plus, l’autrice a choisi de valoriser les portraits féminins.
Rédigeant cette chronique une dizaine de jours après avoir terminé ma lecture, mon enthousiasme est un peu retombé…
L’intérêt ou les faiblesses de ce roman, selon le moment où je me situe, résident peut-être dans le point de vue et la manière de faire d’une autrice américaine sur un pan de notre Histoire nationale. Même si l’ensemble est sans doute documenté, certains détails m’ont un peu gênée… Ainsi, la facilité avec laquelle Isabelle entre dans la résistance et traverse les Pyrénées, par exemple, ou encore certaines retrouvailles ou coïncidences, vraiment capillotractées... De même, certains enchaînements dans les péripéties sont tellement sans surprises ou, au contraire, trop peu crédibles que, passés l’émotion ou autre effet ressenti sur l’instant, leur déroulé interroge et la réflexion casse le charme. Et je ne parle pas de quelques anachronismes relevés çà et là…
Ce roman illustre pratiquement tous les cas de figure de la vie en France sous l’occupation allemande depuis la collaboration abjecte jusqu’à l’héroïsme exemplaire en passant par les difficultés du quotidien… C’est trop exhaustif.
Un roman un trop romanesque, hollywoodien…
J'ai lu ce livre en espagnol. Beau témoignage de l'évoque 1920/1930 au Texas. La sécheresse va pousser la population à s'exiler en Californie. Dans la détresse, ces Texans seront reçus comme des étrangers, exploités, humiliés, ruinés, pris en otage.
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