"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
En avril dernier avait été postée ici la première chronique sur le curieux personnage d’Emanon – Souvenirs d’Emanon – tout droit sorti de l’esprit du maître de la science-fiction en matière de manga, Shinji Kajio. Errances d’Emanon publié chez Ki-oon dans la très belle collection Latitudes – grand format et couleurs, poursuit les aventures de la jeune femme vers une quête aussi étrange que passionnante.
Emanon fait partie de ces lignées familiales qui n’engendrent que des filles. Dès que l’enfant naît, il hérite d’un pouvoir hors du commun qui se transmet de génération en génération : une mémoire de trois milliards d’années. Lorsqu’un nouveau bambin pointe le bout de son nez et reçoit ce don, c’est la mémoire de la mère qui flanche jusqu’à la pathologie et ainsi de suite. Cette fois, Emanon sait pourtant qu’à sa naissance elle n’était pas seule. Son frère jumeau a été placé dans un orphelinat. A-t-il également la particularité que les femmes de sa famille entretiennent ?
Lorsqu’en 2018 les lecteurs français découvraient Souvenirs d’Emanon, rien n’était plus sûr : c’était un one shot. Contre toute attente, non, ça ne l’a pas été, loin de là. Il existe en réalité 4 tomes qui agrémentent chaque fois un peu plus ce personnage énigmatique. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, Errances d’Emanon est bien mieux construit que son prédécesseur. Tout en gardant une trame assez philosophique et métaphorique sur la question du temps, on y découvre une intrigue aux dialogues plus denses, une réflexion plus profonde sur la solitude et ce parcours à travers les âges qui s’effectue toujours seul.
Les rencontres d’Emanon traversent les années et s’évanouissent comme un memento mori constant sur le dos de la jeune femme qui, elle, semble éternelle. Quant à Kenji Tsuruta, il montre une fois de plus toute l’étendue de son talent de dessinateur pour donner une âme à ce personnage mélancolique et solitaire. Le cadre change continuellement pour toujours plus de vestiges du passé et de détails qui donnent à cette passagère du temps une constance déroutante dans ce film de l’Univers qui évolue et dépérit.
Qu’on se le dise, Shinji Kajio et Kenji Tsuruta gardent tout de même cette envie de perpétuer le côté terriblement contemplatif du manga aussi bien dans l’écriture que dans l’illustration. Ils laissent en suspens tant de non-dits qu’Emanon garde indéniablement sa place de figure déique verse l’histoire du manga sans prendre une ride ou tomber dans la désuétude.
1967. Un étudiant décide de retourner chez lui après un long voyage d’errance jonché de déceptions amoureuses. Sur le ferry, ce dernier fait la rencontre d’une belle jeune femme très intrigante qui dit s’appeler Emanon, soit « No name » à l’envers. Après de nombreuses discussions, elle lui confie un étonnant secret : malgré son corps juvénile, Emanon a une âme vieille de trois milliards d’années.
J’ai passé un moment agréable dans ce manga de science-fiction contemporaine. Etant très attachée aux illustrations, celles de Kenji Tsuruta m’ont émerveillée. Il a un trait de crayon très réaliste, un souci du détail très affuté et beaucoup de douceur dans le mouvement. On retrouve sensiblement le même type d’illustrations dans Les liens du sang d’Oshimi Shuzo ou Nana d’Ai Yazawa que j’adore.
Ce seinen (manga pour adulte) grand format est très contemplatif et les dialogues sont peu nombreux. Tout passe par ce que les personnages dégagent. Aux allures d’hippie, Emanon a corps mince et élancé. Ses taches de rousseur et ses longs cheveux noirs créent quelque chose de totalement énigmatique en elle que le lecteur se plaira à découvrir tout au long de l’album. Elle a quelque chose d’instable et de bohème qui me plaît beaucoup. L’étudiant, quant à lui, est très attachant de par son amour des livres de science-fiction et sa grande mélancolie. Il sera loin d’imaginer que sa propre vie sera digne de son genre littéraire préféré.
J’ai apprécié ce premier tome pour le charisme de ses personnages. Kajio semble vouloir plonger son lecteur dans une saga étrange qui devrait ravir celles et ceux qui souhaitent allier poésie et intrigue futuriste en un même manga.
Manga très contemplatif, des références surnaturelles qui prennent source dans la SF. Une grande beauté des dessins, un récit fluide.
Emanon porte un nom atypique qui se décrypte mieux lorsqu'on le lit en anacyclique (ça pète... Je connaissais pas le terme). Celle qui ne porte pas de nom !
Une entité qui s'auto régénère de mère en fille, transfert de l'âme et de la mémoire dans un nouveau corps et perte d'identité de la mère. Un peu compliqué à expliquer simplement, mais très poétique, je trouve, si si...
En deux mots, ça m'a vraiment beaucoup plus (j'abuse même en faisant un peu + de 2 mots) !!
Très belle série dont un nouveau volume vient de sortir : les rêveries d'Emanon (pas raccroché à Kenji Tsuruta, oubli ?) !!
Il faut que je plonge dans ces rêveries, après les errances, les mirages et les souvenirs... Grand plaisir anticipé !
J'aime beaucoup cette collection Ki-oon et particulièrement cet auteur Kenji Tsuruta.
L'ile errante est une série très poétique, contemplative (comme son autre série autour d'Emanon), qui suit une jeune fille à la recherche d'une île non référencée sur les cartes (pour délivrer du courrier), et pour cause, puisque l'île en question est itinérante...
Le deuxième tome est encore plus contemplatif, on enchaîne plusieurs planches muettes, sans perdre à la compréhension de l'intrigue et en avançant quand même dans le récit. Magique !
Bravo...
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