Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Sur la côte californienne, le bleu intense de l'océan et le vert luxuriant des collines sont les couleurs tropicales qui dévorent les femmes issues du recueil de nouvelles de l'auteure américaine Kate Braverman.
11 portraits de femmes entières et insoumises jugées excentriques mais souvent incomprises. Des portraits sombres, parfois douloureux quand c'est l'enfant qui prend conscience tardivement de l'amour défunt de son père ou de sa mère. "Bleu éperdument" et "le crépuscule des pères" m'ont ainsi particulièrement touchée.
Dans ce recueil, les hommes sont présents mais ils restent isolés car profondément meurtris par la guerre.
A l'aube de la quarantaine, tenaillées par la peur de vieillir et confrontées à la solitude liée à la création littéraire, ces femmes se tiennent dangereusement au bord du précipice, prêtes à tout, du meilleur comme du pire.
Femmes blessées et vulnérables, elles combattent l'emprise de l'alcool et osent en parler sans tabou.
Elle ne sont pas pour autant dénuées de lucidité, et voient dans le noir de la nuit, une couleur libératoire "C'est dans les ruines de ces ténèbres que l'on absout ceux qui nous aiment si mal. Dans ces ténèbres où nous jouissons d'une connaissance absolue de nous-mêmes, nourris des profonds chagrins du passé, lumineux sans les étoiles".
L'écriture est âpre et sans détour dans la description très réaliste des sombres événements mais aussi lestée d'une grande tendresse quand l'auteure évoque les rapports filiaux très présents dans chacune des nouvelles.
J'ai aimé les références aux poétesses américaines comme Sylvia Plath et Anne Sexton aux destins fascinants et pourtant si tragiques.
Ce roman , offert par "Quidam Editeur" m'a littéralement scotchée (et pourtant combien de livres ai-je lus qui décrivaient une famille à la dérive ! ) Ce roman a été écrit en 1979, c'est important de le signaler, il devait être l'un des premiers à plonger ainsi dans l'univers décadent de l'époque et tous ses comportements irresponsables . Il a été traduit, et avec quelle maestria, en 2006 . L'intrigue pourrait être banale si elle n'était écrite avec « les tripes » de l'auteur. Appelons l'héroïne Rose, (elle n'est pas nommée dans le récit) du prénom de sa grand-mère juive-polonaise arrivée en Amérique au début du siècle dernier ;un père joueur, une mère femme-enfant, mais une famille aimante jusqu'au jour où »je devins indifférente, adepte de refus systématique, ma bouche dessinait des « non » d'acier tandis que j'emmagasinais les cicatrices invisibles d'un air déchiré par les claquements de porte. » Ses parents divorcent. Puis vient un mariage idiot et raté, des amants , et Jason bien sûr avec qui elle découvre la drogue, qui peut-être n'est pas étrangère à la si grande intensité de ce livre. Elle a 27 ans quand son père est atteint une nouvelle fois de cancer ;entre sa mère ,qui a réussi au moins dans son travail, si ce n'est dans sa vie privée, et les visites à l'hopital se déroule un texte magnifique, fait de rage, de beauté, de gentillesse, d'ironie même parfois. Ce livre renferme en fait toutes les addictions, consenties d'ailleurs , familiales, drogues, sexe. La correspondance adressée à une cousine éclaire d'ailleurs cet aspect. Le récit est éclaté ,hypnotique , poétique même, c'est avant tout l'écriture qu'il faut retenir, rien n'y est banal. Ce fut vraiment une découverte rare, j'aurais aimé le lire quand j'avais l'âge de l'auteur lorsqu'elle a lâché ainsi toutes ses émotions.
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