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Dans les rues de Ouagadougou, la capitale du Burkina-Faso, trop d’enfants vivent dans la rue, coupés de leur famille. Karen Stornelli, volontaire permanente d’ATD Quart Monde, fut, pendant cinq ans, animatrice à la Cour aux cent métiers à Ouaga. C’est elle qui a rédigé ce témoignage bouleversant.
D’abord, la Bibliothèque sous les lampadaires réussit à attirer ces jeunes livrés à eux-mêmes. Avec Elie, Harold, Anah et Joëlle, Karen Stornelli, l’autrice, nous raconte la vie d’Abdou en s’adressant à lui mais aussi en partageant son ressenti.
Ce jeune garçon, héros malgré lui de cette histoire, est revenu au pays de ses ancêtres. Sa mère, enceinte, dix ans plus tôt, était partie vivre en Côte d’Ivoire. Quand il revient, Abdou se sent étranger dans son propre pays. Pourtant, c’est son yesba, le frère de sa mère, qui est allé le chercher là-bas, après la mort de celle-ci.
Abdou est donc bien accueilli par son oncle et ses parents dont sa yaaba, sa grand-mère. Au bout d’un an, son père vient le chercher pour l’emmener dans la petite ville où il vit avec ses femmes…
Abdou a-t-il réussi à faire sa place ? Malgré les silences qui entourent son retour, il est apprenti soudeur. Hélas, deux ans après, il devient enfant de la rue.
Ainsi, Karen Stornelli raconte et s’adresse aussi directement à Abdou. Cela donne un récit vivant, captivant même.
Dans la rue, à Ouaga, Abdou se fait des amis : Korka, Amidou, Sidiki, Boukaré et Issa. Abdou a 13 ans et se débrouille comme il peut dans les rues de la capitale.
Heureusement, les militants d’ATD Quart Monde font tout pour ramener ces gosses dans leur famille. La Bibliothèque sous les lampadaires est un rendez-vous qu’ils apprécient, chaque mercredi soir, écoutant Harold et Elie leur lire Le mouton noir, une histoire qui met en évidence le retour de cet animal différent des autres parmi les siens. Grâce aux images du livre, les animateurs obtiennent des réflexions de la part de ces jeunes venus avec leur « mallette », une grosse boîte de conserves servant à la fois pour mendier et pour manger. Souvent, ils l’utilisent comme siège.
Ravis par cet accueil, ces enfants de la rue intègrent la Cour aux cent métiers où des ateliers leur sont proposés : soudure, peinture, maçonnerie, artisanat d’art, couture… Quand, enfin, ils retournent dans leur famille, ils ne disent surtout pas qu’ils mendiaient.
Quand Abdou, en février 2004, est accueilli dans un centre pour les enfants de la rue, il n’y reste que deux nuits et s’enfuit.
Je partage la vie de ce gosse qui ne se sent jamais bien là où il est, même si les premiers temps semblent heureux. Chaque fois qu’il disparaît, il emporte de l’argent, ce que son oncle lui pardonne sans qu’Abdou lui en soit, apparemment, reconnaissant.
Quand une maladie de peau l’affecte, Abdou se gratte de plus en plus. Il est malade, il tousse, même si Korka, Amidou, Sidibé et Boukaré, en jouant, réussissent à ramener le sourire sur son visage. Il dessine et se remet à vivre avec ses amis.
Hélas, comme toutes les embellies qui jalonnent sa courte vie, cela ne dure pas. Ce petit livre, récit très réaliste, m’a été offert par Babelio et les éditions Quart Monde dans le cadre d’une Masse critique jeunesse. Tout en remerciant mes généreux donateurs, je tiens à préciser que ce livre, Abdou, doit être lu aussi par des adultes, tellement il révèle une réalité insupportable, tellement Karen Stornelli la décrit sans fioritures.
J’ajoute que, sur la couverture, Alain Verstichel, auteur de la maquette, a eu l’excellente idée d’y inclure la photo d’une mosaïque réalisée par les enfants de la Cour aux cent métiers. C’est à la fois un bel hommage aux animateurs d’ATD Quart Monde et une preuve du talent de ces enfants qu’ici, comme ailleurs, méritent une autre vie que celle de la rue.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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