"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ce qui m’a donné envie de découvrir ce roman, c’est tout d’abord sa magnifique couverture. Celle-ci est sombre, noire et belle à la fois. Elle laisse présager un roman où le danger guette. Les Mares-Noires est un roman très court, de seulement 176 pages. Mais ne pensez pas que vous pouvez le lire en quelques heures. En effet, il est très dense et revenir sur certains chapitres peut s’avérer judicieux.
Les Mares-Noires désignent un village canadien, à l’écart, anciennement habité par les Indiens. Mais depuis quelques temps, les usines s’installent et même, une centrale nucléaire. L’intrigue prend place dans un endroit isolé, pollué et sinistre. Les personnages sont peu nombreux : une jeune mère, son bébé et son mari qui travaille à la centrale. A la radio, elle apprend qu’une explosion s’est produite à la centrale nucléaire. Celle-ci ne lui donne aucune information par téléphone. La femme patiente devant les flashs télévisés, le temps s’étire. Et le mari, David, ne revient pas…
Nous retrouvons la mère, Catherine et sa fille, Émilie, devenue adolescente, des années plus tard. Les chapitres concernent différentes époques et différents personnages. Jonathan Gaudet instille un profond malaise, une menace qui plane en permanence comme si la centrale pouvait exploser à nouveau… Les Mares-Noires n’est pas un thriller mais bel et bien un roman noir. Il y a certes des surprises mais ce roman contient peu d’action. Au contraire, Jonathan Gaudet est subtile, utilise des non-dits et des évocations. C’est à mon goût le point fort de ce livre et ce que j’ai le plus apprécié.
Pour conclure, cette histoire est terrible et s’achève sur un final glaçant. Une belle découverte !
« Son image nous renseigne autant sur la mythologie américaine qu’elle nous parle de blues. Si Johnson n’avait pas existé, il faudrait l’inventer ».
Chronique terminée, fin du game, tout est dit dans cette phrase.
Bon ok je vous en dit un peu plus sur cette « presque » biographie qui se lit comme un roman page-turner tant la vie de Robert Johnson et son mythe sont romanesques. Parce qu’en terme de légende, Robert Johnson est un exemple. Musicien mystérieux, mari volage, vagabond aventurier, mort dans des circonstances restées longtemps non élucidées… Né le 8 mai 1911 dans le Mississippi, il décède le 16 août 1938 toujours dans le Mississippi, à l’âge de 27 ans, faisant de lui le premier d’une liste tristement célèbre: le fameux club des 27 .
Dès la fin des années 20, musicien itinérant, vagabond avec sa seule guitare acoustique, le jeune Robert court les plantations et les bleds à travers le Delta du Mississippi et le proche Arkansas. Il saute d’un train de marchandises à un pont arrière de camion, joue au chapeau, dans des fêtes improvisées, dans la rue, dans des tripots de campagne. On y danse, joue aux cartes, boit du whisky de contrebande. On y trouve des amours d’une nuit. Johnson y mourra empoisonné par un mari jaloux et nombre de zones d’ombre planent sur la vie du bluesman qui a tant influencé après lui.
Entre temps il n’aura enregistré que 29 morceaux. 29 morceaux pour la postérité auxquels s’ajoutent la légende la plus célèbre le concernant : celle du "Crossroads". Ce carrefour des routes 49 et 61 situé à Clarksdale dans le Mississippi aurait été le théâtre d’un pacte faustien. Johnson y aurait rencontré le diable qui en échange de son âme lui aurait donné ses talents. Il en a même fait une chanson, devenue un standard du genre.
Jonathan Gaudet nous raconte tout ça et bien plus encore. Il revient sur ses désormais mythiques sessions d’enregistrement et sur les moments-clés de sa vie : son éducation, son mariage et la perte de sa femme et de son enfant, son séjour à Memphis, sa rencontre avec son professeur de guitare, etc… Il fait parler tous ceux qui ont croisé Robert - famille, maitresses, mentors, musiciens, amis. Avec ces narrateurs successifs, la perspective que l’on a du personnage est sans cesse mouvante. Un personnage difficile à cerner mais que l’auteur recrée par petites touches. Et puisque la symbolique a toute sa place dans la vie de Johnson, le livre se découpe en 29 chapitres, chacun ayant pour titre l’un des 29 morceaux connus du musicien.
Nul besoin d’être un féru de blues pour se plonger dans la vie du musicien car c’est aussi une immersion dans le sud des Etats-Unis avec tout un pan de l’histoire du pays qui nous est offert. La vie laborieuse des populations afro-américaines encore rongées par les traces de l’esclavagisme, la ségrégation persistante, l’émergence du blues, les débuts de l’industrie du disque. Que ce soit du point de vue biographique, du point de vue musical ou du point de vue historique, ce livre se dévore littéralement. On tourne la dernière page en étant sûr et certain que Robert Johnson, véritable météore dans l’univers de la musique américaine, n’a pas fini de faire couler de l’encre.
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