Des idées de lecture pour ce début d'année !
Quand un roman prêche le faux pour s’approcher du vrai…
Nous sommes en 2047. Océane a une vie des plus ternes puisque qu’elle doit s’abstenir de tout contact suspect et de toute initiative personnelle. Mais un jour, des colis arrivent à son domicile et elle garde cela secret. Cléa est accusée de meurtre, Inès se réveille dans un hôpital. Quel lien peut être établi entre ces prénoms ? Qu’ont vécu ces femmes alors que les pandémies ont ravagé le pays et que sous caution de santé publique, les citoyens ont accepté de renoncer à une partie de leur liberté.
C’est un premier roman et je suis très heureuse d’avoir été choisie par l’auteur pour le faire connaître au plus grand nombre. L’histoire est intelligente, dystopique mais suffisamment fictionnelle pour ne pas y voir du complotisme. En revanche, cela pourrait être notre demain et il vaut mieux avancer les yeux ouverts.
Pouvoir penser que les élites voudraient construire des villes en forme de fleur avec un habitat durable, et pour cela bétonner des hectares de campagne, n’est pas si extraordinaire, n’est-ce pas ? Entendre que la musique d’André Clapet, gazé pendant la première guerre mondiale, pourrait être une évasion pour certaines condamnées est possible. Croire que les pandémies ont permis aux différents pouvoirs de limiter les libertés pour la protection du plus grand nombre est un refrain connu. Alors, fantasme ou vérité ? À chaque lecteur curieux de voir un futur ou de simplement se détendre avec un livre qui sonne aussi comme un thriller puisqu’il y a meurtre et vrai coupable à trouver.
C’est avec trois histoires que l’auteur nous montre la distanciation obligatoire qui s’est établie entre les personnes mais aussi que les sentiments comme l’amour, l’amitié, la confiance existent même dans un futur univers basé en partie sur la vie d’aujourd’hui. Obtenir ce que l’on veut, à tout prix pourrait être le fil rouge.
J’ai apprécié la subtilité et l’intelligence du propos qui nous pousse à réfléchir sur demain, mais aussi le suspense installé qui nous fait guetter l’évolution de chaque personnage.
Je vous invite à découvrir Jérôme Fabre, je ne sais pas s’il continuera dans ce style littéraire, mais ici, il y réussit fort bien.
Je remercie l’auteur pour son intérêt en me confiant le roman broché en service presse.
Une belle découverte qu’est ce roman de Jérôme Fabre !
Si la couverture m’attire peu (tout est affaire de goût), l’histoire qu’elle protège est une véritable réussite. Je l’ai engloutie en 48 heures même si j’ai tenté de réfréner mes ardeurs lors du dénouement (le but étant de rester encore un peu aux côtés des personnages). Échec cuisant. Mon enthousiasme fut le vainqueur et les dernières pages ont fini par se tourner (il le fallait…).
Ceux qui les séparent sévissent dans un futur proche : une vingtaine d’années de plus que ce que nous connaissons aujourd’hui. C’est donc un roman d’anticipation qui, je l’espère, n’anticipe pas réellement ce que nous vivrons. Mais la frontière est mince. Les virus, les restrictions sanitaires, les confinements, nous connaissons déjà tout cela. En revanche, dans ce récit, nos libertés ont pris un sacré plomb dans l’aile. Elles n’éclairent plus franchement le monde… Nous en sommes à rebooter les individus récalcitrants. Impossible de sortir du cadre. Bienvenue au cœur du totalitarisme.
Si ces dérives font partie des sujets majeurs du roman, pour le reste, nous avons étrangement l’impression d’évoluer en terre connue. Après tout, vingt ans, ce n’est pas si éloigné. Et dans le même temps, la façon dont sont traitées Cléa, Inès, Océane, fait froid dans le dos.
Le procès de Cléa est aberrant et pourtant traité avec réalisme. L’auteur maîtrise son sujet et nous immerge dans un monde truffé d’injustice et de méprise. En tant que lectrice et spectatrice, j’ai eu envie de hurler l’innocence de cette femme qui brille par sa ténacité, son self-contrôle et sa force tout autant tranquille que sensible.
La détention d’Inès est également un fourvoiement dont les raisons sont chimériques. Encore une fois, dans ce futur, il n’y a pas de place pour les alternatives. La population doit suivre les directives de l’État et ne pas passer un orteil hors du cadre prédéfini. Tout est sous contrôle.
Quant à la peine d’Océane, la folie des Hommes est poussée à l’extrême puisqu’elle a été condamnée à l’amnésie, au reboot, au changement d’identité, à l’isolement le plus total.
Mais malgré ce quotidien difficile et despotique, il en ressort de l’amour, du courage, de la persévérance et de l’espoir. Tout au long du récit, nous gardons et tenons ce fil d’espérance reliant les personnages, les derniers chapitres nous offrant un dénouement inattendu et bien mené.
L’histoire est prenante, l’écriture est intelligente et fluide, il n’y a aucune longueur. J’ai beaucoup aimé ce roman qui nous fait passer par des émotions variées, qui porte notre attention sur les dérives possibles mais qui n’oublie pas pour autant que l’amour restera toujours une composante majeure de nos vies.
Je vous le recommande chaudement.
Sur mon blog : https://ducalmelucette.wordpress.com/2025/01/10/lecture-ceux-qui-les-separent-de-jerome-fabre/
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