"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Chronique d'un mélodrame annoncé. Schifano relie les points qui vont dessiner l'Italie féroce autour d'une femme insaisissable et forcément fatale. Un roman comme une lamentation. Triste, surexposé et cru.
Un roman qui commence comme une ode à Naples, où l'auteur a longtemps vécu et vit encore, en y ayant rempli les fonctions de directeur de l'Institut français, et, aujourd'hui de directeur artistique d'un musée d'art contemporain situé sur les pentes du Vésuve.
Féru de bonne chère, il commence ce roman avec la description d'une 'battle' entre chefs français et italiens devant mettre à l'honneur les produits napolitains, tomates et mozzarella entre autres.
L'auteur semble ensuite se souvenir de la mythique Anna Amorosi, épouse du comte Roberto Clerici Venosa qui prenait son plaisir en offrant son épouse à de jeunes hommes qu'elle accueillait avec plaisir ...
Déflorée violemment par le prêtre du village sur l'autel de la sacristie, Anna a traîné sa sensualité tout au long des années noires de la Dolce Vita, auprès d'un mari richissime, profitant du yacht et de ses marins, frôlant la jet-set gréco-américaine ...
Un roman aux scènes érotiques torrides et malsaines, un roman qui, tournant autour d'Anna, ne dévoile sa tendresse pour cette femme que dans les derniers paragraphes, cette issue qui mit le couple à la une des journaux de l'époque.
La quatrième de couverture parle du portrait d'une femme libre ! Mais quelle liberté ? Celle d'user de son corps avec des hommes choisis par son mari, avec son mari les matant ouvertement ? La liberté des femmes vues dans les années 70 quand il était interdit d'interdire et qu'il fallait jouir sans entraves, comme l'a si bien raconté Valérie Springora ?
Je ne connaissais pas cet auteur ... je pense l'éviter à l'avenir !
Anna Amorosi. Le non est déjà un roman. Le nom est déjà toute l’Italie ou cette Italie du sud, la chaleur des cieux se portant vers la chaleur des corps. Ou inversement.
Anna est superbe. D’une sensualité à réveiller les dieux grecs pour une nouvelle odyssée, elle entretient pourtant des rapports particuliers avec son richissime et conte de mari, Roberto Clerici Venosa qui ne peut lutter contre son impuissance qu’en offrant sa femme – à coups de liasses de billets – à de multiples amants. Anna Amorosi y prend du plaisir malgré un début de vie sexuelle fracassée par le viol d’un prêtre alors qu’elle était enfant… Ils naviguent d’île en île, dans le luxe et la volupté jusqu’au jour où Anna tombe éperdument amoureuse d’un de ses amants éphémères, le bel éphèbe Gennaro et souhaite enfin devenir libre, libre de ses actes, libre de son corps, libre de ses orgasmes. Elle révèle cette vie sulfureuse au conférencier Giannatale – Jean-Noël en italien- qui est le narrateur de cette tragédie à l’italienne dans toute sa luxuriance.
Dans cette Italie des années 60, Jean-Noël Schifano nous plonge à la fois dans l’histoire mouvementée de la péninsule et dans une narration érotique où brille une Vénus faisant cascader la sensualité sur fond de mythologie, à commencer par le Plongeur de Paestum qui depuis plus de deux mille ans continue à vivre dans l’imaginaire avec la bénédiction des branches d’olivier. Bien que ce roman ne soit pas fleuve, il est titanesque, à l’image du bâteau qui transporte le couple richissime : Kronos. Du ciel, de la vie, de la terre mais à coups tranchants entre la nuit, le jour et le sang se mêlant à cette flamboyance d’immortalité parmi les mortels.
Récit dionysiaque par la pléthore des mots, l’ivresse consolatrice et les cruelles forces obscures et animales demeurant chez les humains. A l’image peut-être de Naples et de ses alentours où la beauté, la richesse historique, le foisonnement des fruits de la terre côtoient en dichotomie totale les excès des pulsions humaines dans une vile morbidité.
L’écriture priapique est une orgie de vocables qui met le lecteur hors du temps, hors du monde, un voyage à travers les siècles sous la baguette d’un Riccardo Muti, la toque des frères Costardi, la visite d’un Dante aux portes de l’enfer et pourquoi pas l’ombre d’un Umberto Eco ; une courte bacchanale pour une lecture de feu, une griserie digne de Bacchus, un scintillement des sens pour les flammes des corps qui se perdront dans les cendres de la liberté et de la jalousie. Car pour Anna, Naples a été baiser et mourir.
Blog => https://squirelito.blogspot.com/2020/07/une-noisette-un-livre-anna-amorosi-jean.html
Heu ... comment dire ... Je n'ai pas aimé !
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