"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« L’instant a un arrière-goût piquant d’éternité
Tu mords, immortel dans la mort. »
Edmond Jabès
El ou le dernier livre. 1973
Une marelle entre ciel et terre.
Initiatique, « Riyad » est un roman empreint d’évasion et d’ésotérisme.
Le narrateur (un écrivain) est un homme en quête de renouveau. Dévoré par un bovarysme hors norme, accablé, il s’ennuie avec sa femme qui malgré tout devine ses infidélités et ses secrets enfouis. Tourmenté, fragile mais brillant, la culture est pour ce grand dépressif une soupape de sécurité. Il désire partir au Maroc pour un colloque. Anti-héros, terne, il porte sur ses épaules ses doutes existentialistes. En proie au basculement vers la mort, ce voyage s’annonce d’emblée sur la mauvaise piste et pour cause.
Dans l’avion, prêt au décollage, il remarque une fuite de kérosène depuis son hublot. Grâce à lui, un drame est évité. Il ressent un malaise, une prémonition, un sentiment ultime de fin de vie. Un message subliminal accroché aux parois d’un envol manichéen.
Le lendemain sera le bon jour. Il arrive au Maroc en terre d’Islam en plein dépaysement intérieur. Lui et sa thèse d’avant « D’un désir d’être désiré ». L’écriture est un palais d’honneur. On ressent un auteur, Jean Guerreschi en osmose avec le narrateur. Le riyad en plein hiver, l’antre salvatrice où peut peut-être enfin advenir.
Il est dans ce berceau où la lumière est la porte du ciel. Le symbole du Maghreb où le refuge attise les sens et la vie qui revient au fond de son coeur. Riyad où il va retrouver un amour d’antan. Puis une femme Berbère, mystique et des désirs mutiques qui vont éclore.
Les paraboles signent le récit en or. Les entrelacs forgent une littérature exceptionnelle.
« Entrer dans un riyad c’est entrer dans le ciel à ras de terre, par le bas… L’intime est d’emblée où l’on se trouve dès que l’on a quitté le dehors… En sorte qu’entrer dans un riyad est comme entrer dans le cœur d’un enfant. »
De quête et de quintessence, ce récit est un parchemin précieux. Une ode à la rédemption. La trame est alliée, prière et pudeur. Les élans sont des rais de lumière et de douceur.
« La vie neuve et le riyad. Il était un insecte humain tombé par bonheur dans un édénique jardin. »
Elle, la traductrice du Coran en français. Les photos immortalisées dans une exposition magnétique et spéculative. Ce livre qui octroie les cheminements d’une renaissance est l’idiosyncrasie de ce qui ne se nomme qu’à voix basse. Il faut comprendre le pouvoir d’un riyad, les regards et les attentes, ce qui forge le macrocosme et les rencontres qui ne sont que des destinées désignées gagnantes. À condition de saisir le sens caché d’une terre où le mystique est une alliance.
C’est un livre touchant, profond et essentiel. Une déambulation fabuleuse dans un Maroc culturel, poétique et mélancolique. « Riyad » à glisser dans votre sac à dos pour un voyage en terre de soleil et de rédemption. Publié par les majeures éditions Serge safran éditeur.
On croyait avoir tout lu sur les amours trans-générationnels et les idylles entre vieux professeur et jeune étudiante... C'était compter sans le talent très personnel de Jean Guerreschi, qui joue avec le stéréotype - ou se joue de lui, comme on voudra. L'originalité de Bélard et Loïse repose sur deux atouts principaux : d'abord, l'éternel face-à-face entre le tendron (Loïse) et le barbon (Bélard) devient ici triangulaire. Le discret personnage de Pièra pourrait bien être le personnage central du roman ; elle vit son désir par procuration (un peu comme le lecteur lui-même ?), tissant entre les deux autres une toile de messages codés. Et nous touchons là au véritable sujet du roman, à sa force intrigante : le désir n'est rien sans le langage. Il est révélé, cristallisé, dirigé par les mots. Ce «touché !» et ce «coulé !» par exemple, empruntés au vocabulaire d'un jeu innocent, veut sonner le tocsin d'une guerre à la fois tendre et impitoyable, celle des corps et des âmes.
A l'arrière-plan de cette bataille, une fac de province, ses grandeurs, ses petitesses : on a rarement aussi bien décrit, dans la littérature française en tout cas, ce mélange d'effervescence intellectuelle, de cabotinage et de psychodrame qu'on appelle un cours. Puis, brusquement, le décor change. L'action se dénoue en partie dans le New York du 11 septembre 2001, où Jean Guerreschi retrouve l'Histoire, cette Fiction majuscule qui lui a déjà inspiré tant de belles pages. Ample comme une fresque, précis comme une leçon d'anatomie du désir, Bélard et Loïse est sans doute l'un des points culminants de son oeuvre.
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