"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Singulière construction pour ce roman qui se déroule sur quatre jours, 26, 27, 28 et 31 juillet, avec les voix entrecroisées des quatre personnages.
Le roman s’ouvre sur le récit du caporal Robert Leavitt, blessé alors qu’il tente de protéger l’évacuation de civils coréens. Réfugiés dans un tunnel, les tirs se poursuivent avec une rare violence. Tandis qu’une jeune coréenne chargée d’un enfant handicapé, veille sur lui et tente de le soulager, les souvenirs heureux affleurent à sa mémoire. Lola, sa jeune épouse qu’il a laissée, le ventre rond de promesse.
Lark, une jeune fille étonnamment dégourdie et sensible, installe le fauteuil de Termite, son petit frère handicapé moteur et cérébral, sous l’arbre du jardin. Du matin au soir, elle s’occupe de cet enfant qui est son petit frère, seul lien avec cette mère qui a préféré se donner la mort un an après la naissance de l’enfant. On apprend que Termite, surnommé ainsi parce, selon sa sœur, « il est enfermé à l’intérieur de lui-même comme un termite dans un mur », est l’enfant de Lola et du caporal Leavitt, mort en Corée au moment de sa naissance.
Termite, c’est un enfant de neuf ans qui ne marche pas, ne parle pas, voit très mal mais a de multiples sensations grâce au toucher, à l’odorat à l’ouïe et à ce qui lui reste de vision. Les rubans bleus qui flottent autour de son poignet, u minuscule flacon de parfum, le bruit des trains et l’odeur de la rivière sont autant de territoires à découvrir et qui lui offrent ces sensations insignes qui remplissent ses journées et sa vie. Lark, si attentive, si aimante, rythme ses journées et sait communiquer avec lui avec un naturel plein de tendresse.
Nonie, c’est la tante adoptive, celle qui a accepté tout naturellement de se charger des deux enfants de sa sœur Lola. Nonie a un cœur gros comme ça, un amoureux qui ne peut pas l’épouser à cause d’une belle-mère possessive et acariâtre. Malgré la dureté de la vie, Nonie est courageuse et ne baisse jamais les bras. Elle se bat pour garder ces enfants qui sont devenus sa seule famille, sa raison de vivre. Elle seule connait toute l’histoire de ces enfants orphelins, mais il y a des blessures qui ne se racontent pas.
Le long de ces quelques jours et au cours de l’inondation qui survient, le destin de ces personnages bascule, les secrets émergent des eaux troubles du passé.
Tel un puzzle, les récits croisés des personnages apportent peu à peu des pierres à l’histoire. Tandis que le soldat Leavitt agonise sous un tunnel, quelque part en Corée en juillet 1950, la vie trépidante et tragique de Lola est évoquée.
Toujours en juillet mais neuf ans plus tard, son récit fait écho à ceux de Lark, Termite et Nonie. Lark, en fouillant dans les cartons renfermant les affaires de sa mère, tente de recomposer des pans du passé. Nonie, aimante et généreuse jusqu’au sacrifice, est magnifique de vérité.
Lors de la crue, les évènements vont se précipiter et le passé refait surface.
L’histoire se clôt sur Lola, au soir de sa vie.
L’auteur a su, avec une écriture empreinte de sensibilité et d’émotion, nous faire partager un instant crucial de la vie de ses personnages. Nonie, Leavitt, Lark et Termite sont magnifiques d’humanité, de générosité et de vérité. Elle a su nous ouvrir avec subtilité le monde étrange de Termite, et cet univers fait de sensations est d’une beauté évidente, d’une présence incroyable. Même l’agonie du caporal Leavitt évite les pièges du spectaculaire pour n’en retenir que la fragilité et la tendresse.
L’auteur nous livre avec talent l’histoire de ce personnage sur fond d’Histoire avec un grand H. C’est très bien documenté, puisqu’elle le situe lors du massacre de No Gun Ri de coréens et de soldats américains qui les évacuaient. Piégés dans un tunnel, ils seront la cible des tirs américains.
De très belles pages nous sont données à lire sur l’inondation.
Un roman emplit de sensibilité et de poésie avec des personnages attachants.
Une grande originalité, sans aucun doute.
Ce livre est le puzzle d’une histoire familiale, avec ses grands et petits secrets, ses tabous et ses sentiments contradictoires.
L’attachement à Lark et Termite est immédiat.
La première, à la frontière entre l’adolescence et l’âge adulte, assume pleinement les contradictions de sa transformation.
Ces quelques jours de juillet seront pour elle ceux de la métamorphose et des révélations.
Un seul reproche, peut-être : celui du rythme car l’intrigue peine réellement à démarrer, comme si l’auteur avait mis beaucoup de temps à trouver les premières pièces du puzzle. Puis tout s’enchaîne très rapidement dans les dernières pages, pour laisser apparaître une très belle histoire.
Juillet 1950 et juillet 1959. 4 voix se répondent La première c’est Robert Leavitt, il est dans l’armée américaine en Corée, il agonise dans un tunnel, blessé suite à une attaque d’avions. Il pense à sa femme Lola qui doit accoucher bientôt, et aussi à sa vie. Deux récits se superposent avec neuf ans d’écart. Juillet 1959 La seconde voix, c’est Lark, la fille de Lola, elle est la bonté même. Elle a été élevée par sa tante. Elle a beaucoup de tendresse pour son demi-frère Termite, autiste, elle refuse de se séparer de lui. La troisième voix, c’est Nonie, la tante, elle est pleine de courage face aux difficultés de la vie, elle s’occupe de Lark et deTermite après la disparition de leur mère. La dernière voix, c’est Termite il est le fils de Leavitt et Lola, il est passionné de tunnels, de rubans bleus et ne se sépare jamais de son flacon en forme d’homme lune. il est très sensible aux mots et aux sons. Au fil de l’histoire nous découvrons les secrets de cette famille. Très beau livre.
Roman à 4 voix qui alternent pour raconter une histoire de famille, entre 1950 et 1959, entre Corée et Etats-Unis, pleine de secrets que le lecteur perce peu à peu au fil du récit.
On se retrouve en juillet 1950, en Corée, avec le soldat Leavitt qui nous raconte ses dernières heures au cœur de la guerre…obsédé par le souvenir de Lola, sa jeune femme, énigmatique et fantasque, fragile et douce à la fois, enceinte de son fils. Le récit de cette lente agonie du soldat est entrecoupé par les chapitres relatés par les autres personnages en juillet 1959 :
Nonie, la sœur de Lola, élève les deux enfants de cette dernière.
Lark, jeune fille très intelligente, sage, mature, attachante découvre peu à peu l’histoire de sa naissance et les secrets de sa mère. Elle est au cœur de ce roman très dense.
Termite, jeune garçon de 9 ans, handicapé moteur et mental, certainement autiste : il est le fils de Lola et du soldat Leavitt. Il est né au moment de la mort de son père et n’a vécu qu’un an avec sa mère avant qu’elle ne se suicide en le confiant à Nonie. Il retrouve alors la première fille de Lola, Lark : elle est la seule à sembler capable de percer sa carapace pour le comprendre et l’aimer tel qu’il est.
Les sujets abordés sont graves, tristes et parfois glauques mais le ton est toujours juste et sensible sans tomber dans le sordide. J’ai été prise par l’histoire et les personnages de Nonie, Lark et Termite mais j’ai eu plus de mal à m’intéresser au récit de la très lente agonie de Leavitt : récit trop décousu, pour évoquer son délire, longueurs qui alourdissent le roman, cassent le rythme de l’histoire. C’est le bémol que je mettrais à ce roman très particulier, fort et assez surprenant, parfois déroutant tant sur le fond que sur la forme.
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