Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
« Elle s'accroupit devant le miroir dans le noir, cramponnée à eux. le bébé sous son bras droit, la fillette sous son bras gauche.
Des pas résonnaient dans l'autre pièce.
Elle les avait entendus un instant plus tôt. Elle avait éteint la lumière, s'était emparée de son fils, avait traîné sa fille à l'autre bout de la chambre pour se cacher dans un coin.
Elle avait entendu des pas.
Mais elle entendait parfois des choses. Une ambulance qui passait, prise à tort pour les plaintes nocturnes de Ben. Les gonds crissant de l'armoire à pharmacie, devenant le soupir agacé de Viv avant que celle-ci pique une crise .
Son coeur et son sang battaient fort. Elle aurait aimé qu'ils battent moins fort. »
Dès les premières lignes, ce roman très singulier distille une ambiance insidieusement étrange rendant le lecteur immédiatement nerveux, sensation de menace sourde qui perdurera durant tout le roman. D'autant plus que Molly, paléobotaniste, a découvert dans la Fosse, son site de fouilles, de curieux artefacts à l'origine inconnue, des objets connus correspondant à des périodes spécifiques mais avec une excentricité déroutante comme une bouteille de coca avec le script penché à gauche et surtout une vieille Bible où le pronom divin est « Elle » …
Helen Phillips revisite de façon très personnelle le thème de la maternité en ancrant son roman dans la conscience d'une femme épuisée, désorientée depuis son premier accouchement ; elle fouille la vie émotionnelle de Molly couche après couche dans un récit en poupées gigognes constitué de chapitres courts à tir rapide pour mieux accentuer la vitesse folle des turbulences que Molly traverse.
C'est très rare de voir la maternité présentée sous un angle aussi effrayant, conduisant Molly au bord de la folie : la maternité comme confrontation schizophrénique des identités rivales d'une femme qui s'inquiète de la personne qu'elle devient pour répondre aux besoins de la famille, qui se bat avec le quotidien utilitaire que la société lui impose alors qu'elle aspire à d'autres horizons.
Helen Phillips pousse les curseurs très loin avec ce thriller domestique aux accents lovecratfiens. C'est très pertinent d'utiliser les tropes de l'horreur du quotidien pour déclencher une réflexion féministe. Comme Molly, le lecteur est sans cesse désorienté, ses repères brouillés par cette atmosphère anxiogène qui naît d'une phrase, d'un mot, toujours à la frontière du fantastique, entre fantasmes, peurs, cauchemars et hallucinations.
Un bémol toutefois, j'ai trouvé que LA révélation fondamentale du roman arrivé un peu trop vite, ce qui a tendance à étirer le dénouement ou du moins le chemin qui mène à lui. La quatrième de couverture est très dommageable, d'ailleurs, car elle révèle d'emblée ce qui ne devait pas l'être.
Reste que ce roman est brillant, autant imprégné de vérités essentielles sur la maternité que d'un sentiment sauvage désarticulé d'irréalité. Un tour de force qui tord les attentes du lecteur en manipulant une histoire apparemment très simple. A noter, une traduction vraiment remarquable de la part de Claro qui permet de savourer une écriture de vraie styliste.
Molly est paléobotaniste et participe à des fouilles dans une ancienne station-service, chez elle, son mari est en déplacement, et elle est seule avec ses deux petits enfants en bas âge, elle commence à entendre des pas, et une présence, est ce que c'est son double ? Comment accepter cette intruse dans sa petite vie bien rangée
Histoire originale, ou un double rentre dans la vie de Molly, le cœur de son livre, le lien maternel est omniprésent, comment chacun réagirait si une personne qui vous ressemble voulez s'immiscer dans votre vie personnelle ? Probablement très mal.
Le début de cette lecture a été difficile, je n’arrivais pas vraiment à accrocher, mais à partir du moment que Moll est intervenu dans cette trame, j'ai vraiment été passionnée par ce récit ou Molly se bat pour ses enfants, pour l'amour des siens.
Difficile de classifier cette lecture dans un genre particulier, je dirais mi fantastique et mi émotionnel, ou on joue sur l'affectif d'une mère.
Evidemment c'est une fiction, mais comment être insensible au désarroi de Molly ? Comment arriver à se mettre à sa place ? Moi je me suis complétement senti en apathie avec ce personnage qui se démène avec ses tracas.
Après l'action est omniprésente, on ne se s’ennuie pas, et le déroulement des évènements est vraiment palpitant, on n’arrive pas à le lâcher, et on se demande vraiment comment ça va finir.
La fin est aussi atypique que le reste, je pense l'avoir comprise, évidemment on n’y attend pas et c'est ça qui est vraiment appréciable.
C'est un livre vraiment différend de tout ce que j'ai pu lire, et moi ce que je recherche dans mes lectures, c'est toujours être surprises, et surtout lire des histoires étonnantes, celle-ci as toutes les caractéristiques, et ça fait tellement bien de pouvoir me plonger dans un récit tellement hors normes.
Je remercie le groupe #picaboriverbookclub et les éditions Cherche Midi de m'avoir permis de lire ce récit.
https://www.nathlivres.fr/l/la-femme-interieure-de-helen-phillips/
Bon allons droit au but, faisons comme avec les sparadraps : tirons d’un coup, ça fait moins mal. Cela faisait un petit bout de temps que je n’avais pas ressenti ça mais c’est un rendez-vous totalement manqué avec ce livre, « La femme intérieure ». Pourtant, quand je relis encore la quatrième de couverture, son résumé m’avait fait très envie. Mais une fois la lecture terminée, je suis toujours autant perdue.
La première chose est que je ne pense pas avoir compris le fin mot de l’histoire. Or, c’est atroce quand on arrive aux toutes dernières pages en espérant que l’auteure va vous éclairer et vous offrir un final révélateur. Et puis, c’est l’effet-flan (une expression que je n’avais pas utilisée depuis longtemps !) : alors que j’attendais une lecture passionnante, je clos ma lecture et je ne pense pas avoir compris l’histoire tout simplement.
En plus, quand je lis que ce livre a été élu Meilleur Livre de l’Année par le New York Times et le Washington Post (excusez du peu!), je me sens comme la reine des imbéciles de ne pas l’avoir compris ou je me dis que j’ai dû m’endormir dessus sans m’en rendre compte. Pourtant, non (enfin, j’espère ne pas être trop idiote
J'ai été tout d'abord été dubitative en lisant la quatrième de couverture dont je vous cite un extrait « Un intrus surgit alors dans sa vie, un intrus très particulier, puisqu'il s'agit d'elle-même, jaillie d'une réalité alternative – une Molly identique… » Moi qui n'apprécie pas tellement la science-fiction, je me suis vraiment demandée dans quelle aventure je m'embarquais. Parce que dans le fond, ce genre m'ennuie profondément, je trouve cela fastidieux à lire, je me rappelle n'avoir jamais pu dépasser la dixième page du dystopique le Meilleur des Mondes. Cette touche fantastique ne m'a pas dérangée ici, loin de là. Helen Philipps a certes recours à des procédés du genre mais son récit est mené de telle façon à ce que la réalité ne soit pas noyée sous toute une cascade d'artifices extraordinaires sans queue ni tête.
Les premières chapitres instaurent immédiatement un sentiment d'angoisse diffus, qui se greffe aussitôt à l'esprit du lecteur, et qui perdurera tout le long du roman: Molly est repliée, avec ses deux enfants chez elle dans un coin de sa chambre, alors que son mari s'est exilé le temps d'une quinzaine de jours sur un autre continent, sent la présence furtive d'un intrus dans son séjour. Tout de suite, la peur de l'inconnu, de cet inconnu menaçant, potentiellement dangereux et malveillant, nous frappe de plein fouet. Or, et c'est le tour de force de ce roman de lever le voile sur des ténèbres ignorée, ce n'est pas forcément de l'inconnu dont il faut se méfier.
Pas question de polar ou de roman d'anticipation, c'est d'abord un roman psychologique, ou cette question du moi, ce « je est un autre » rimbaldien occupe alors le devant de la scène. Dévoiler le texte masqué Helen Philipps réussit à ancrer son récit dans une ambivalence oppressante et faire voguer son personnage principal entre attirance et fascination, répulsion et aversion, deux faces d'une même pièce.
On peut souligner la maîtrise de l'auteure, qui a su alterner les points de vue entre Molly et son alter-ego de façon à donner une vision plurielle de cette paire de Molly, difficilement conciliable, une Moll éplorée, et une Molly exténuée, qui essaie de porter à bout de bras ses deux enfants, son travail, la gestion du foyer, en l'absence bien opportune de David, le père et mari. On saluera cette exécution narrative soignée, à travers une multitude de courts chapitres qui entretiennent le doute, l'incertitude, peut-être un peu trop parfois. L'alternance des points de vue est, volontairement, parfois difficile à percevoir, les deux entités Molly/Moll s'embrouillent à un point tel que l'on a du mal à distinguer les deux femmes, Helen Philipps joue sur cette dualité, qui leurre l'entourage. Sans avoir l'air d'y paraître, elle touche du doigt la complexité du soi, et en ce qui me concerne, ma part maternelle a quelquefois pris le dessus sur mon rôle de lectrice ou de blogueuse.
C'est un roman sans prétention, dont la complexité et la profondeur ne se laissent deviner qu'après quelques chapitres, lorsque cette boule d'angoisse se fait ressentir dans votre gorge. Sans jamais être débordant d'émotion, excessivement romanesque, le récit nous entraîne pourtant dans cette fissure, ce gouffre insondable, concrètement et psychiquement, de l'âme humaine, ou tout se joue, ou tout peut apparaître ou disparaître d'un instant à l'autre, sans crier gare. Molly palpe ce danger, cette fine paroi de sucre soufflé qui enclave sa vie et qui finit par éclater lorsque Moll apparaît, mettant à mal ses fondations.
Déroutée par ce lien ambiguë, Molly est paralysée par cette incapacité à repousser cette autre envahissante. C'est un roman redoutable d'efficacité que l'on découvre par le biais de la traduction de Claro et qui se referme implacablement sur nous, simple lecteur, déjà émoussé par cette réalité du moi alternatif. Helen Philipps par son texte fait voler en éclat les certitudes de son lecteur, tellement absorbé par le duo Molly/Moll qu'il ne voit pas le reste arrivé. Voilà pour cette deuxième lecture de la rentrée littéraire, éprouvante pour la mère que je suis, captivante pour la lectrice et fascinante pour la blogueuse.
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