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Quelle fabuleuse idée que d’avoir traduit et publié ce best-seller de Heinz Rein.
Berlin Finale raconte la fin de la seconde guerre mondiale et la destruction de Berlin.
Nous suivons le jeune Joachim Lassehn, déserteur qui rejoint très vite un groupe de résistants composé notamment de Friedrich Wiegand, Oskar Klose et du Dr Walter Böttcher.
Ce livre est tellement sublime que j’ai eu envie de surligner quasiment toutes les pages !
Une histoire puissante, magnifique qui retrace avec précision les derniers jours du Reich et l’arrivée des troupes russes, au cœur de Berlin. La confrontation est rude, en paroles comme en actes, entre ceux qui soutiennent encore le régime hitlérien et ceux qui agissent pour aider à la fin de la guerre. Berlin est au centre du roman, une ville ravagée et suppliciée avec des habitants constamment en danger.
Il en a fallu de l’audace pour sortir ce livre quelques temps après la fin de la guerre, dénoncé, décrire toute la complexité des rapports des allemands avec le nazisme, montrer aussi la souffrance d’un peuple vaincu.
Ce témoignage historique, véritable roman-documentaire est un incontournable de la littérature, un récit unique qui mérite d’être lu.
Il fait écho en moi à la lecture que j’ai faite en mars de Seul dans Berlin, roman fort et poignant. Des romans qui mettent en valeur des personnages héroïques par volonté ou par hasard, qui témoignent avec force d’une page d’histoire qui a bouleversé le monde.
Peu de romans méritent, réellement, le qualificatif de grands romans, d’œuvres-clé susceptibles de marquer la littérature de leur époque de parution .Dans la littérature allemande , caractérisée par le courant de la Trummerliteratur, littéralement la littérature des ruines qui a marqué l’immédiat après-guerre, on ne retenait pas le nom de Heinz Rein , auteur de ce roman .Cette ouvre se situe, non pas dans l’après-guerre mais dans la période s’étendant entre le début du mois d’avril 1945 et le 30 avril , à la veille de la reddition des troupes allemandes et de la prise de Berlin par l’Armée rouge.
Ce roman peut s’inscrire dans la lignée de celui de Hans Fallada, Seul dans Berlin, qui décrit la tentative de résistance au régime nazi d’un contremaître dans une usine berlinoise. Cependant, il va beaucoup plus loin : les principaux personnages du roman , le Docteur Walter Böttcher, médecin généraliste, ancien membre du parti social-démocrate , tête du groupe de résistance Berolina, Friedrich Wiegand, imprimeur typographe, clandestin, persécuté par la Gestapo depuis douze ans, Joachim Lassehn, déserteur de la Wehrmacht, ancien étudiant en musique, Klose, un restaurateur qui héberge ces clandestins ; tous illustrent à un moment ou un autre du roman l’état de la société allemande à cette époque .On y décrit pêle-mêle la décomposition des rapports humains, l’omniprésence de la méfiance , le repli des populations sur leur quant-à-soi ,la lâcheté des conduites ,l’espoir fou nourri par certains, intoxiqués par la propagande nazie , que l’Allemagne peut encore gagner la guerre …
Pourtant, c’est l’humanité des personnages principaux qui prévaut, on s’y attache, on les pressent comme les inspirateurs possibles d’une nouvelle Allemagne dénazifiée.
Le quotidien est impacté également, les besoins humains, réduits à de simples fonctions : « Le bonheur se loge dans la satisfaction de besoins corporels, c’est la nourriture et l’accouplement, c’est la chasse hystérique aux cigarettes, au café en grain et à l’alcool, à l’étreinte et à l’orgasme. L’acte sexuel n’est qu’un état du corps. »
Les ravages de l’idéologie totalitaire ne manquent pas d’être relevés : « L’entreprise de formatage entamée lors du Service du travail (…) l’armée l’avait poursuivie(…) on marchait sans détour vers l’objectif, qui était d’entraîner physiquement le jeune homme et d’en faire, mentalement, un instrument sans volonté, pour le jeter ensuite au plus vite vers le champ de bataille. »
Pour sa précision dans les descriptions de la vie quotidienne du Berlin en guerre, pour l’humanité qu’il dégage, pour son illustration des capacités de l’humain, ce roman mérite d’être classé dans les romans-repères de cette époque. A (re)découvrir sans plus tarder.
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