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Le contexte :... Le 21 décembre 2001, à la tombée de la nuit et dans la solitude de son bureau, Fernando De la Rua rédige sa lettre de démission de la République argentine [...] sa démission a été précédée de rassemblements populaires spontanés pour protester contre sa politique et les moyens d'ajustement imposés par des organismes de prêts internationaux. Avant et après, des groupes de conspirateurs, dont certains ont été actifs sous la dernière dictature militaire, ont organisé pendant des mois le pillage de magasins d'alimentation, de vêtements et d'électroménager. Protégée par l'opposition et le parti officiel, l'action de ces groupes recrutés au coup par coup est quasiment passée inaperçue au milieu des émeutes d'une population en colère, furieuse de la politique menée par un gouvernement désormais inopérant, dont les coupes claires dans des domaines aussi essentiels que la santé, l'éducation, les salaires et les retraites visaient uniquement à préserver la valeur d'une monnaie que l'on saignait à coup de fuite de capitaux, depuis maintenant des mois «depuis qu'on avait la certitude que la catastrophe n'était plus qu'une question de temps.»
Le téléphone de Pablo Martelli, surnommé Gotan (tango en verlan) sonne en pleine nuit. Bien qu'il ait pour habitude de ne pas répondre à des heures tardives, il décroche. Au bout du fil, Edmundo Carcano, un vieil ami qui le somme de venir le voir au plus vite, dans sa résidence de vacances : «tu en aurais au moins pour six heures parce que je ne suis pas à la maison. Et tu devrais t'habiller tout de suite pour arriver ici avant l'aube». Lorsque Gotan débarque au petit matin, Carcano est mort. Il croise Lorena, sa jeune maitresse qui lui explique «qu'ils l'ont assassiné, tué comme un chien, sans lui laisser le temps de leur expliquer qu'il ne pouvait pas garder cet argent.» et qui lui intime de fuir avec elle, les tueurs vont revenir et ils partent en voiture dans la foulée. Gotan a des tonnes de questions à lui poser mais n'aura pas le temps : s'arrêtant prendre de l'essence, les tueurs lui piquent sa voiture - embarquant la blonde avec - le temps qu'il paye à la caisse ! Gotan va donc rentrer à pied à Mediomundo avec ses questions... il trouvera des réponses, mais à quel prix. «Il est des décisions qu'on prend en cinq minutes, mais qu'une vie ne suffit pas à regretter» est une des phrases qui pourrait résumer l'ambiance de ce livre noir, fouillé et à la voix originale. Dès les premières phrases, l'auteur vous happe et vous plonge dans la crise économique de l'Argentine en 2001. Il y situe son intrigue, remontant l'Histoire du pays, sa corruption «En Argentine, la logistique de la fraude a atteint un tel degré de perfection que, si nous étions sous un régime dictatorial, balancer des prisonniers dans la mer serait considéré comme une bricole», sa violence et ses différents gouvernements, le tout sur un ton particulier et désenchanté. Le livre, construit - comme une partie d'échecs sanglante qui ne manque pas de sophistication -, fait partie de ceux auquel vous pensez après l'avoir fermé, c'est vraiment du grand art, un des meilleurs titres de 2010.
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