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Même si les témoignages sont à mon sens toujours plus forts, les bandes dessinées et romans graphiques qui s’intéressent à la question de la Shoah ne manquent généralement pas de qualités. C’est une nouvelle fois le cas avec Adieu Birkenau, ouvrage issu de la collaboration de Ginette Kolinka avec, entre autres, Victor Matet, journaliste, et Jean-David Morvan, scénariste de bande dessinée. Adieu Birkenau s’ouvre sur le bras tatoué de Ginette Kolinka et le point de vue de son fils, Richard Kolinka : enfant, il pensait que toutes les mamans avaient un numéro tatoué sur le bras, jusqu’à ce qu’il découvre la vérité. On retrouve ensuite Ginette Kolinka chez elle, recevant l’appel d’un professeur qui souhaite la faire venir dans son établissement, avant d’être plongé en juin 1942. C’est le parti pris par Adieu Birkenau : des allées et venues entre un passé teinté de sépia et de gris et un présent plus coloré en dépit de la présence continuelle d’ombres représentant les déportés disparus. Le passé s’attarde sur les restrictions, le port de l’étoile jaune, le passage en zone libre, l’arrestation et, bien sûr, le camp d’Auschwitz-Birkenau. Le présent est centré sur le dernier voyage effectué par Ginette Kolinka à Birkenau, en compagnie d’adolescents et de Victor Matet et Jean-David Morvan. Dans ce lieu qui constitue « le plus grand cimetière du monde », Ginette Kolinka se souvient et témoigne, tentant de faire revivre le décor silencieux qu’est devenu le camp et mettant tout en œuvre pour que les adolescents qu’elle accompagne puissent un jour à leur tour devenir des passeurs de mémoire. L’ensemble est convaincant tant sur le plan de la forme que du fond et me paraît tout à fait apte à sensibiliser les plus jeunes.
Ginette Kolinka a été déportée à Auschwitz-Birkenau en avril 1944, à l’âge de 19 ans. Parmi les souvenirs qui resteront à jamais gravés dans sa mémoire, le plus marquant et le plus terrible est celui où elle se revoit dire à son père et à son petit frère de monter dans un camion qui, pense-t-elle alors, va leur éviter de marcher. En réalité, il les conduit directement aux chambres à gaz. Ses autres souvenirs sont tout aussi saisissants même si, bien sûr, on les connaît déjà car, d’une part, ils sont identiques à ceux des autres déportés – comme Marceline Loridan-Ivens ou Simone Veil qui ont fait partie du même convoi – et, d’autre part, Ginette Kolinka a beaucoup témoigné ces dernières années. Impossible de ne pas entendre sa voix en lisant les quelques pages qui composent Retour à Birkenau et impossible de ne pas y reconnaître sa personnalité et son franc-parler. Le passage qui m’a le plus émue, je crois, est celui où elle parle de ce qu’est devenu le camp qu’elle a connu : un musée à ciel ouvert qui ne ressemble en rien à ce qu’était Birkenau, un décor qui ne dit rien de la saleté, de l’odeur, des cris, des êtres décharnés, un ensemble de bâtiments entourés de vie, de lotissements, de jardins décorés, ce qui m’a également infiniment choquée quand je me suis rendue sur place. Un témoignage essentiel, à lire évidemment.
Une grande dame.
Un témoignage touchant, émouvant.
C’est brut, simple.
Un ouvrage à lire.
Comme toujours, je reste sans voix face à l’horreur que cette femme et tant d’autres ont vécu.
Un livre court qui mérite d’être au programme dans les collèges et lycées.
Merci de témoigner et de transmettre votre vécu.
Important et indispensable pour que nous n’oublions jamais.
Je vous conseille aussi le livre qu’elle a écrit plus récemment : Une vie heureuse.
Enfant, Richard Kolinka croyait que toutes les mamans avaient ce tatouage sur le bras comme sa mère. Car Ginette Kolinka n’avait jamais rien dit à son fils de sa déportation à Birkenau puis à Bergen Belsen.
50 ans plus tard, elle finit par parler at accepte de témoigner auprès des jeunes dans les écoles. Elle raconte son enfance, heureuse et insouciante, dans une famille nombreuse, juive et non pratiquante. Des membres de sa famille déportés, elle sera la seule à revenir vivante.
« Malheureusement mon frère n’a pas pu prolonger le nom de la famille comme mon père le désirait car il n’est pas revenu de Birkenau.
Il a été assassiné à 12 ans. »
C’est lors d’un voyage à Auschwitz ou elle accompagne des scolaires, qu’elle raconte ce qu’était cette vie en sursis dans les camps de la mort. Elle parle de la maladie, des brimades et des privations, mais elle raconte aussi le soutien de ses amies dans cette multitude d’êtres décharnés qui tentaient de survivre.
« Parfois les gens que j’accompagne me disent : vous auriez pu vous sauver.
Mais non, il y avait beaucoup de barbelés. Partout. »
Les auteurs de ce roman graphique très pédagogique mettent en parallèle la vie dans les camps et le témoignage de Ginette lors de cette visite à visée pédagogique, et cela rend le récit poignant, car elle parle de l’horreur avec sincérité, sans apitoiement et même avec humour lorsqu’elle dit avoir construit les rails qui mènent au camp. Elle évoque les travaux de terrassement auxquels elle était astreinte. C’est là que l’on se rend compte de l’importance de son rôle de passeuse de mémoire auprès des jeunes générations.
Pour aller plus loin dans l’histoire, un livret documentaire avec des illustrations et dessins en fin d’ouvrage permet de mieux comprendre l’imposition de l’étoile jaune, le processus de déportation et la sélection opérée à l’arrivée des trains dans les camps.
Le collège Beaumarchais, son ancienne école, a apposé une plaque rappelant son rôle de témoin et de passeuse de mémoire de la Shoah. Pour que l’on sache et que l’on n’oublie pas.
Un témoignage fort, émouvant et indispensable.
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