"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
'Petit monde' décrit le quotidien d'une secte vu à travers les yeux de la petite Lolly. Kong en est le gourou. Les années passent et on voit la petite Lolly grandir, empêtrée dans l'incompréhension de ce qui pourrait faire plaisir à ce lunatique Kong. Dérives sexuelles, emprise, endoctrinement... Tout dans ce livre met mal à l'aise. Je n'ai d'ailleurs pas vraiment compris le message que l'autrice à souhaité faire passer. La fin est abrupte et je suis passée à côté. Les récits sur les milieux sectaires m'intéressent mais il m'a manqué quelque chose pour m'accrocher. Je garde un goût âpre en bouche pour l'inconfort de ma lecture. Ce livre n'a pas réussi à m'atteindre.
Cette immersion au cœur d'une secte autrichienne à travers les yeux d'une enfant est éprouvante et dérangeante. La toxicité des adultes est décrite mais jamais nommée. La pédophilie, les addictions, les violences physiques, la manipulation psychologique, sont des actes du quotidien au même titre que les pique nique sur l'herbe, les jeux et les cours d'arts plastiques. Des scènes distordues (même intensité monocorde dans la narration mais description de faits malsains et traumatisants) restent gravées comme celles de la balle aux prisonniers, du confinement après la catastrophe de tchernobyl ou le tournage d'un film à la manière du dictateur de Charlie Chaplin.
Le style léger et le vocabulaire de l'enfance semble nier l'innommable dans le seul but de le dénoncer violemment. C'est efficace, révoltant et brillant. Georgia Doll conclue son roman par ces 5 mots : "Les mots n'existent pas" comme un puissant cri de frustration. Grandir sous emprise par procuration me laisse quant à moi bouleversée.
Résumé :
Fortuna est la vaste propriété où vivent les recrues de la Kommune, une structure communautaire dominée par la figure de Kong, ancien instituteur devenu gourou. Dans cette presque forteresse séparée de la campagne autrichienne par de hauts murs, on prône en ces années 1980 un mode de vie alternatif, renversant capitalisme et famille nucléaire, encourageant la libération par la pratique artistique. En réalité, dans ce monde clos, Kong règne par un mélange de séduction et de punition, soumettant ses disciples à une hiérarchie arbitraire où la place de chacun peut basculer à chaque instant.
Dans ce lieu qu'elle n'a pour ainsi dire jamais quitté, une petite fille, Loly, joue son existence avec toute la gravité des enfants, sa propre place dans le système reflétant celle de sa mère Ariane, l'une des premières adeptes de Kong, qui s'est trouvée progressivement déclassée et séparée de sa fille.
Le postulat de départ est intéressant : une jeune fille grandissant dans une communauté autrichienne (on peut même dire secte).
On suit son évolution, ses relations avec son copain d’enfance et le gourou, mais également avec une mère si loin et si proche en même temps … mais également le doute.
C’est mignon et intéressant, mais je ne suis pas sûre qu’il m’en restera quelque chose.
Loly grandit dans une structure fermée, auprès de Bal, son ami, partagée entre le respect des consignes qui déterminent le classement des individus dans leur groupe d’âge. Malheur à celui qui déçoit, il sera relégué en fin de liste. Il suffira parfois même de juste déplaire à Kong, le chef suprême pour être en disgrâce. Le monde est ainsi ordonné, il n’existe pas d’autre vérité.
Mais Loly grandit et au cours des quelques années que parcourt le roman, le regard s’affute et le conditionnement ne suffit plus pour accepter les contradictions qui pointent.
Il y aurait beaucoup à dire sur le fonctionnement de ce qui n’est autre qu’une secte, dirigée par un gourou qui a bien compris comment, à partir d’une théorie angélisme de la communauté, tirer partie de l’emprise qu’il exerce sur ses disciples.
Le regard d’un enfant qui sait reconnaitre que le roi est nu est plus clairvoyant que celui des adultes qui jouent le jeu. Mais il est si difficile de reconnaître que l’on s’est fourvoyé. Et si facile de se laisser piégé.
Le propos est interessant mais l’écriture manque de relief. Et si l’on constate facilement l’évolution de la pensée de l’enfant, le style reste monocorde jusqu’ la fin. Dommage car ce premier roman développe un sujet intéressant et original.
208 pages Rouergue 16 août 2023
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