Si certaines sont impressionnantes et effrayantes, d'autres sont drôles et rassurantes !
Humus, c'est l'histoire de 2 étudiants en agronomie souffrant, comme nombreux d'entre-nous d'éco-anxiété. Fraichement diplômés de la grande école d'AgroParisTech, Arthur est issu de la classe bourgeoise et Kevin de la classe ouvrière agricole. Malgré la différence de classe, un rêve les unit : sauver la terre avec les vers de terre, un moyen formidable pour régénérer les sols appauvris du pays. Une fois le livre ouvert, on ne lâche plus ces 2 jeunes. On les accompagne dans leurs rêves, leurs espoirs et désespoirs. Leur histoire d'amour aussi, d'argent, de mondanités labellisés ''développement durable'' dans un somptueux manoir "100% responsable''.
Un roman à la fois écologique et terriblement triste.
Récit philosophique de deux parcours sur l'urgence écologique avec Kevin et Arthur qui tisseront ensemble une belle amitié venu de deux horizons différents. Les chapitres courts alternent les points de vue des deux protagonistes. Paradoxe de méthodes, d'esprits, sociétale et économique. Un roman aux racines de la vie. Roman d'apprentissage, une explorations des vices et des vertus. Une lecture fluide incisive et grinçante.
"La nature en sursis les invitait à philosopher. Ils ne refaisaient pas le monde, comme les générations précédentes. Ils le regardaient se défaire et tentaient de se trouver un rôle dans l'effondrement à venir."
Je suis sûre que vous verrez les lombrics d’un autre œil tant ce livre est une passionnante source d’informations sur ces bestioles qui, comme l’affirment les personnages de Gaspard Koenig, pourraient régénérer les sols, donc le monde et devenir LA solution à la transition écologique dont on nous bassine les oreilles comme un mantra.
J’ai lu HUMUS comme un thriller imaginatif et intelligent, au style impeccable et au suspense sans faille ; il analyse avec la même finesse et la même pertinence l’air du temps actuel, cruel et déraisonnable au regard des enjeux de survie de l’espère humaine (les bancs de la fac lieu de lutte des classes, la grande entreprise et sa direction RSE, la petite copine embringuée dans la traditionnelle répartition des rôles...) et les caractères des protagonistes, tou.te.s pétri.e.s tant de de bonne volonté et d’espoirs que d’hypocrisie et de lâcheté.
Au final et malgré un dernier chapitre qui tente de rattraper le coup, ce livre ne rend pas très optimiste pour l'avenir, avec ces jeunes sûrs de réussir à tout changer, qui prennent sur leurs épaules tout le poids du monde et des erreurs passées, qui essaient mais qui échouent.
Je ne doutais pas du bien fait du travail des décomposeurs de sol. Et je suis ravie que ce roman les mette enfin en lumière.
J’ai aimé Arthur et Kevin, si différents et pourtant si complémentaires ; les voies différentes qu’ils prennent pour un même but : développer la présence des vers sur un ancien champ utilisant les phytosanitaires et pour recycler en masse.
J’ai été désolée que Philippine ne fasse que reproduire un comportement de classe pour arriver à ses fins : prouver à son père qu’elle est capable de créer et diriger une société.
J’ai aimé les deux visages du Bouddha : celui qui finance une start-up, et celui qui accompagne Léa la naturopathe.
J’ai aimé les dualités du roman : les deux visages du Bouddha ; les réseaux des élites et ceux des vers de terre ; Arthur lettré issu d’une famille aisé et Kevin qui a profité de l’ascenseur social et dont les parents sont de modestes travailleurs attachés à aucune terre et toujours prêt à partir.
J’ai découvert Bookchin et l’écologie sociale, mais aussi la doche (une mauvaise herbe tenace).
J’ai aimé le voisin Jobard, le fait qu’Arthur le prenne comme tête de turc sans vraiment le connaître.
J’ai aimé que les deux hommes fassent l’amour à la terre chacun à leur façon.
J’ai aimé que Kevin découvre la musique classique avec la Chaconne de Bach.
Mais j’ai trouvé déplacé la présence d’un canapé Chesterfield dans une vieille ferme délabrée.
Enfin, j’ai aimé que l’auteur montre que les vers de terre réussissent l’androgynie perdue de Platon.
Quelques citations :
Il trouvait étrange cette manière des riches de vouloir à toit prix invoquer la justice au service de leur confort. p.224
Prométhée, Allah, Khnoum, Parvati, Viracocha, ils sont tous d’accord pour une fois : pour souffler la vie, pour pétrir le Golem, il faut de la glaise, de la boue, de la mère, quelque chose d’élastique et de spongieux. p.247
L’image que je retiendrai :
Celle des deux jeunes hommes les pieds dans l’eau, la nuit, rêvant de leur avenir sous les étoiles.
https://alexmotamots.fr/humus-gaspard-koenig/
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Si certaines sont impressionnantes et effrayantes, d'autres sont drôles et rassurantes !
A gagner : la BD jeunesse adaptée du classique de Mary Shelley !
Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
Un véritable puzzle et un incroyable tour de force !