Compositeur remarquable, pianiste virtuose, c'est toutefois pour ses activités de chef d'orchestre que Gabriel Pierné (né à Metz en 1863) devait entrer dans l'histoire. Nommé en 1903 assistant aux prestigieux Concerts Colonne, il prit la tête de l'association artistique sept ans plus tard, à la d...
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Compositeur remarquable, pianiste virtuose, c'est toutefois pour ses activités de chef d'orchestre que Gabriel Pierné (né à Metz en 1863) devait entrer dans l'histoire. Nommé en 1903 assistant aux prestigieux Concerts Colonne, il prit la tête de l'association artistique sept ans plus tard, à la disparition de son illustre fondateur. Jusqu'en 1934, il allait s'y dévoiler comme l'un des plus ardents défenseurs de la création française traditionnelle et d'avant-garde. Son nom reste aujourd'hui encore associé à la découverte d'?uvres aussi fondamentales que L'Oiseau de feu d'Igor Stravinsky (1910), Ibéria de Claude Debussy (1910), Daphnis et Chloé et Tzigane de Maurice Ravel (1911 et 1924), Le Festin de l'araignée d'Albert Roussel (1913), Protée de Darius Milhaud (1920), ou du célèbrissime Carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns (première exécution publique, 1922). Cette position si particulière, au carrefour des courants les plus divers, eut de profondes répercussions sur son métier de compositeur. Si, de par sa formation, Pierné se trouvait profondément attaché à l'écriture académique de la fin du XIXe siècle, il sut également se montrer particulièrement attentif et perméable aux évolutions esthétiques dont il était le témoin privilégié. Usant toutefois de ces différents modèles avec un grand discernement, ses principaux atouts étaient sans conteste, associés à un goût très sûr, une maîtrise technique à toute épreuve, une culture encyclopédique et une faculté d'analyse, de compréhension et d'assimilation hors du commun. En résulte une ?uvre profondément personnelle, se refusant volontairement à toute école, à toute tentative de classement. Considéré par ses contemporains, après une longue et riche carrière de presque soixante ans, comme l'un des plus importants représentants de l'école française, c'est couvert d'honneur que Pierné s'éteignit en Bretagne le 17 juillet 1937. Le vénérable membre de l'Institut, nommé en 1924 au fauteuil de Théodore Dubois, laissait derrière lui un vaste catalogue dépassant les 150 numéros, de la simple bluette pour voix et piano à la vaste fresque pour ch?ur, soli et grand orchestre.