"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Attention, ce roman est drôle et gentiment intelligent. Gentiment intelligent, parce qu'il est truffé de citations philosophiques, de réflexions qui le sont tout autant et de situations qui donnent matière à penser, sans pour autant être un manuel de philosophie. Drôle parce que Frédéric Pagès se moque des puissants, des intellectuels qui se prennent au sérieux, "ces imposteurs, brasseurs de vent et marchands de prétendus "concepts", qui sont à la philosophie ce que Julio Iglesias est à la chanson" (p.130), de "cette haute société bien nourrie" qui vient dans les vernissages pour "s'empiffrer et entasser dans ses assiettes le plus de victuailles possible" (p.16). Drôle aussi parce qu'il crée des personnages et des situations auxquels on ne s'attend pas.
Venons-en maintenant au titre quelque peu énigmatique qui pourrait se retranscrire de la manière suivante : comment en ne cherchant même pas le pur amour, mais en craignant de le perdre, on peut se retrouver à faire un saut à l'élastique du haut d'un pont. Tout un programme !
C'est aussi, même pas déguisée, une critique de ceux qui veulent laisser la philosophie comme un pré carré aux seuls philosophes, à la seule élite capable de l'entendre. L'auteur prouve -c'est sûr puisqu'il l'a écrit !- que tout le monde philosophe, du moindre quidam à l'agrégé de philosophie, même si Max "n'est pas loin de penser que, si on n'a pas son agrégation à cinquante ans, on a raté sa vie." (p.26)
Plein de références à l'actualité, aux anecdotes plutôt qu'aux grands faits, le livre nous fait sourire -voire rire- tout du long. Max aura énormément de mal à poursuivre sa réflexion personnelle, tant les rencontres -de femmes surtout- le perturbent.
Max de Kool l'amoureux de Kant (comme Jean-Baptiste Botul, n'est-ce pas M. BHL ?) et du sublime est de retour pour notre plus grand bonheur (mais qu'est-ce que le bonheur ?). Amoureux de Kant certes, mais également amoureux des longues et merveilleuses jambes fines et surtout celles de Blandina Blandinova (mais qu'est-ce que le beau ?) ! Max se laisse quelque peu entretenir et porter par cette rencontre et cette belle histoire d'amour aurait pu durer sans son aversion extrême de Julio Iglesias qui l'entraîne dans des colères et violences ultimes (mais d'où vient la colère ?). La belle Blandina en fera les frais un jour d'écoute de la voix mielleuse du chanteur andalou. Notre éternel futur agrégé de philosophie (cinq tentatives) se retrouve alors à la rue et part faire un bilan nietzschéen dans un hôtel perdu des Alpes. Suffisamment reculé pour accueillir également un groupe d'étudiants venus partager un week-end d'intégration particulièrement festif et «la vie est un télésiège qui ramène les mêmes problèmes»... Tout est sujet à philosophie, toujours avec humour. Le lecteur complice ressent le bonheur et le plaisir que doit éprouver Frédéric Pagès à l'écriture de ses romans, le plaisir est partagé et l'on a l'impression de se retrouver à le regarder par-dessus son épaule noircir les pages et rire de concert avec lui. Un sérieux et sublime (sublime ou beau ?) moment de détente, enrichissant et jubilatoire, et c'est assez rare pour ne pas le manquer !
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