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« Il faut de tout pour faire un monde, ou pour le défaire. »
Saluons cette collection « Dissidents » dirigée par Natalia Turine & Guillaume de Sardes.
« Je suis le Refus, je suis le Stratège, immanent, la Subversion, incarnée »
Frank Perrin dévoile subrepticement et en lumière Guy Debord et plus particulièrement le situationnisme.
Dans l’ère de 1950 à 1972 lors de la dissolution de la constellation situationniste. Cette biographie est l’arborescence d’une époque où une certaine jeunesse refusait le futur, le travail, dans une révolution permanente, construited’idéologie et de diktats visant à abolir les valeurs d’une société d’une façon intransigeante et irréversible.
« Des adolescents perdus » qui ne désirent qu’une éthique de marginalité, de liberté à outrance.
La négation dans son apogée, prisme du mouvement dada (1917), situationnisme (1957), punk (1977).
Ils ne sont que peu, mais soudés d’une telle façon que ce mouvement durant environ quarante années sera un jour certain remarqué, recopié et étudié.
Tout commence avec Guy Debord, tête d’affiche, le meneur de cette idéologie qui va vite devenir l’architecture de leurs vies.
Débats et discussions avec les lettristes qui ne désirent que les déchirures sociétales et se démarquer du commun des mortels. Jeunes, sauvages (au sens noble), rebelles et marginaux, « être vivants à tout prix, et ce prix jamais ne nous importe. » « C’était à Paris, où bien des gens ont préféré être pauvres, plutôt que riches, n’importe où ailleurs. » « Insaisissables à l’origine, invisibles dès la fondation, ils sont ici, irréversibles. » « C’est avec l’alcool que cette génération entreprend de faire la guerre. »
Ils boivent plus que de raison, bousculent les codes, propulsent leurs idées comme absolues et réalisables. Réfutent la bourgeoisie pour eux. Ils sont fusion ou bien ils quittent le mouvement ou sont renvoyés. Ce paradoxe prouve l’intransigeance de ce système dont ils sont les premiers touchés. Ces enfants perdus sans collier à l’instar de Cesbron qui de Michèle (Bernstein), le pilier (côté finances)… tous soudés avec Guy Debord.
« Nous travaillons à l’établissement conscient et collectif d’une nouvelle civilisation. »
L’utopie, un monde nouveau, un Paris réenchanté, nomades et marginaux, « il faut construire l’hacienda. »
Ne jamais travailler, s’alourdir de contraintes, vivre de mots et de renouveau. L’adage d’un mouvement presque nihiliste. De jeunes intellectuels, brillants qui prouveront que 1968 sera la configuration de leur éthique de vie.
« Le monde que nous préparons sera totalement nouveau. »
Guy Debord et ses comparses réaliseront la fondation de l’Internationale situationniste en 1957.
Plus âgé, Guy Debord cachera cette période de flottement, comme un cahier de brouillon. Comme une pierre jetée dans la mare en quelque sorte. Et pourtant, comme l’exprime Frank Perrin « le chef-d’œuvre était dans le brouillon, caché dans le puzzle secret de ces figures fulgurantes . »
Cet essai macrocosme sociologique est éclairant et érudit et reflète à l’extrême cette jeunesse un peu cynique à l’instar de Diogène. Révolutionnaire mais pacifique, visionnaire mais feu-follet. Dans une manichéenne idiosyncrasie, une jeunesse qui cherchait la voie du juste en certifiant les négations d’un conformisme qu’elle refoulait du pied. Le situationnisme, un mouvement que l’on analyse de nos jours comme un acte de courage et de bravoure. Une communauté semblable à l’auberge espagnole, Babel d’un courant de pensées et de doctrines.
« Cette jeunesse insoumise invente encore sa propre beauté. »
Frank Perrin délivre un « Debord, printemps » perfectionniste, qui sera vite un outil de références pour les étudiants (tes) en sociologie et sciences-humaines. Un essai majeur et essentiel qui apporte une pierre fondamentale à l’édifice sociétal. Un essai à remarqué et remarquable sur une jeunesse qui ne désirait que le pas de côté. Publié par les majeures Louison éditions.
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