En partenariat avec les éditions Alexandrines
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Il faut reconnaître que Franck Balandier a l'art de raconter !
La prison fait rire et pleurer, elle attendrit et révolte. Passons à la case prison et plonger vous dans la lecture de cet absurde particulier des pops stars du rock où le cauchemar et le burlesque ne cessent de se côtoyer dans le dernier livre de Franck Balandier. Il nous balade dans son sillage, avec son inimitable et prodigieux talent dans un domaine qu'il connaît mieux que quiconque.
Aussi , il vous suffira de lire sa biographie pour comprendre le chemin parcouru de cet amoureux des belles lettres. Inutile de verser dans le mélo, en faire des caisses de palabres il aimait pas trop. La disparition de Franck balandier laisse un grand vide, un immense chagrin dans le coeur de tout ceux qui l'ont aimé. Un deuil irréparable.
Qui mieux que Franck Balandier pouvez écrire cet ouvrage ?
40 années au service des prisonniers, cet univers particulier où il a donné un regard humain, mis des mots sur les maux et fait avancer nombre de personnes en perdition, qui avaient besoin de s’exprimer et d’être écoutées.
Dans ce livre la liste est longue des incarcérés ou gardés à vue, peu familière de ce monde, j’ai pu constater que beaucoup de noms ne m’étaient pas si inconnus que cela.
J’ai suivi le conseil de la jolie dédicace de l’auteur, je suis allée picorer des portraits de gardés à vue, j’ai commencé par Ray Charles que j’écoute souvent, même très souvent et dont le biopic (genre que je n’affectionne pourtant pas) m’avait fascinée.
« Je me drogue depuis l’âge de 16 ans, ne croyez pas que j’aime ce genre de saloperie, mais j’en ai besoin. »
Un portrait de notre Johnny national à la fois tendre et cocasse, tout un art de croquer cet homme-là.
Les incarcérés, en deux pages, l’auteur vous dit pourquoi Joan Baez présente un danger, cette activiste politique sait donner de la voix.
Ce sont des portraits qui peuvent être très courts mais aussi des portraits plus fouillés, comme ceux de Bertrand Cantat, Pussy Riot, Ozzy Osbourne ou Tupac Shakur.
C’est une analyse fine des raisons qui poussent aux actes qui mènent à la prison, mais aussi sur la musique, moyen d’expression à ne pas négliger ou objet de torture, cet aspect que j’ignorais totalement.
La musique un art pour beaucoup pour exprimer, faire sortir de soi et du milieu, s’extraire et se réinsérer. Aspect non négligeable.
La prison comme ascenseur de notoriété se rencontre à de nombreuses reprises et c’est dit avec tendresse et dérision.
Le portrait de Charles Manson fait froid dans le dos. Probablement parce que des gourous il y en a beaucoup en liberté. L’auteur montre aussi combien l’Amérique aime ses monstres.
L’écriture est au rendez-vous comme à chaque fois que Franck prend la plume. Il est naturellement doué pour aborder différents styles littéraires, du roman à la poésie, en passant par ce Sing Sing qui nous dit qu’il n’y a peut-être pas de hasard, ce métier qu’il a exercé laisse une empreinte, un regard.
Joey Starr « Faut-il encore présenter l’enfant terrible du rap français ? Un précurseur ? Un voyou ? Un Rimbaud écorché ? Tout cela à la fois ?
A plus de 50 ans, il ne renie rien de ce qu’il fut. Il assume. Sa musique est un cri sans concession. Sa vie est un cri, celui de l’enfance battue, reproduite, comme souvent. Sa musique est à l’image de sa vie. Sa révolte se compte sur les doigts de plusieurs mains, en coups de poing, en dérives et naufrages. »
Même s’il n’a pas côtoyé les membres de ce Sing Sing, il a le regard de l’analyste, il sait avec sobriété dire les violences, les addictions qui mènent à… Mais aussi montrer le chemin qui conduit à la liberté et les jalons humains qu’il faut savoir poser, les mains tendues.
Ce livre est plus qu’un bel objet édité par le Castor Astral, c’est nous ouvrir les yeux sur l’envers de la société, une société et ses dérives.
Donner à voir sans juger. Un regard posé et non détourné.
Un travail colossal et talentueux.
Chapeau l’artiste. Tu es parti trop tôt.
©Chantal Lafon
Une belle galerie de personnages tous plus barrés ou décalés les uns que les autres : les filles du groupe The naked tits, avec Daisy la chanteuse dont la poitrine souvent découverte -le nom du groupe annonce la couleur- ne laisse pas le jeune Benjamin insensible, Lucienne qui débloque à fond, le père Germain défoncé. Tous ces gens-là cohabitent, se côtoient, même Sofiane le dealer local est plutôt bien accepté. Le roman débute très bien avec la naissance pas banale de Benjamin qui ne veut pas crier et qui ne le fait que parce que la sage-femme "s'était acharnée sur ses fesses" (voir ci-dessous). Le ton est drôle, très moderne, une écriture qui oscille entre le récit raconté par un enfant et celui d'un observateur plus âgé. Mais, je dois avouer qu'après une bonne moitié (le livre fait 268 pages), ça ronronne, tourne en rond et s'allonge sans raison. Il y a bien ici ou là des moments ou des faits qui font que je me raccroche mais pour peu de temps replongeant invariablement dans un certain ennui. Il me faut pas mal de persévérance pour aller au bout et reprendre le fil de la vie de Benjamin, qui sur la dernière partie est de nouveau plus intéressante.
"Il y a des vies ratées d'avance. C'est, sans doute, ce qu'avait pensé Benjamin Granger (s'il avait été en mesure de déjà penser à cet âge), le lundi 11 juillet 1983, jour de sa naissance, au sortir de sa mère, à treize heures quinze précises, lorsqu'il avait été question, toute affaire cessante, de pousser son premier cri pour indiquer à la sage-femme, sous ses claques répétées, qu'il était en vie." (p. 6)
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