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Franck Balandier met en lumière non seulement une histoire d'amour hautement improbable, mais surtout il ose parler du vieillissement. Les vieux qui, durant la canicule de 2003 sont morts derrière leur porte, les cadavres comptabilisés par milliers et avouons le dans une certaine indifférence, pour certains jamais les corps n'ont été réclamés par Les familles. Les vieux remplissent les hopitaux, les maisons de retraites, et autres mouroirs, pendant que les enfants partent en vacances, laissant les anciens aux mains des soignants. Ne sont-t-ils pas payés pour ça après tout?. Comme quand on attache un chien à un arbre, ou un chat abandonné le long d'une route avec la mauvaise conscience de se dire qu'il y aura bien quelqu'un qui passera derrière...Ces funestes pensées n''appartenant qu'à l'être l'humain. Faut il travailler avec la santé pour le notifier? La société récuse, se détourne de la vieillesse, les vieux deviennent transparents, personne, ou peu ne veut voir de face ce à quoi nous sommes, ou serons tous inévitablement confrontés un jour, si ce n'est avec un peu de chance pour pouvoir s'offrir le luxe de vieillir le mieux possible, mais au bout du compte nous mourrons tous. Nous ne possédons hélas tous les mêmes chances d'un vieillissement paisible, pour tout le monde c'est ainsi, même la jeunesse n'est pas forcément bien vécue. Il y a des jeunes vieux, des vieux jeunes enfin c'est une constatation, car nous mourrons à tout âge. L'auteur dépeint sans complexe, pourquoi en avoir? Un long cheminement d'une vie, et son cortège de maux qui grignottent et affaiblissent, les bleus de l'âmes, si peu que nous en ayons un semblant d'âme...Pauvres pêcheurs que nous sommes tous. Les sentiments négatifs et un peu honteux? Terriblement honteux enfouis rapidement pour reprendre le cours de notre vie à chacun, ces idées qui ne manquent pas de nous assaillir, il dépeint une véritable fresque haute en couleurs, que je quafierai de grandiose et pas usurpée, il mérite amplement avec les mots qui frappent et interpellent qu'on le veuille ou pas! de parfaitement osé pour qui tourne le regard, refuse la pensée, la véritable reflexion. Une dextérité de spécialiste, la décrépitude à long terme des organes qui affectent tout le système inexorablement. Tout le monde, ou presque voudrait se décharger des problèmes liés à la prise de l'âge. Nous refutons longtemps jusqu'au jour ou l'araignée nous entoure de ses fils et retient le corps pour le dévorer. Franck Balandier avec une écriture acérée, unique par les phrases courtes et si bien construites, un talent reconnu et inégalé, son talent d'écrivain n'est plus à faire. Il nous interpelle avec un humour noir certes! Mais aussi avec une poésie qui n'appartient qu'à lui seul, décapante, un réalisme saisissant. Il nous confront nous mettant face à la décrépitude du corps, et de l'esprit. Le vieillissement annoncé. Pourtant nous espérons tous " à l'arrière des arrières cours" toutes les cours, un regard, un geste, une émotion partagée, un peu de sollicitude, si minime soit elle, un dernier espoir d'un regard amoureux avec la jeunesse échangé. Franck Balandier aime à bousculer, faire bouger les consciences, il ne s'épargne pas, bien au contraire, son émotion est palpable quand il évoque la mort si cruelle qui paraît si injuste frappant les enfants. Il met aussi l'amour en lumière, ce sentiment puissant dont nous ne pourrons jamais nous passer. C'est un livre magnifique, le sentiment très personnel d'un homme qui ne se voile pas la face. Il nous regarde sans que nous puissions le soupçonner.
L’été 2003 est resté dans les mémoires comme l’été de La canicule. Les pouvoirs publics ont mis longtemps à le comprendre, les familles aussi sans doute, et les personnes âgées sont tombées, touchées par la déshydratation, et certainement aussi par la solitude extrême. On se souvient aussi qu’il a fallu louer les entrepôts frigorifiques de Rungis pour entreposer les corps…
Dans « Le corps parfait des araignées », Franck Balandier nous fait vivre au contact de ses deux personnages, lui, elle, face à face, de chaque côté de la rue, chacun ressent apparemment quelque chose pour l’autre, mais attend pour se déclarer, pour faire un pas…
De ces deux vies, de ces morts qui partent dans l’indifférence générale, l’auteur écrit un étrange roman qui met les choses à leur place, celle du temps qui passe et de l’idée que l’on a de la vie et de la mort ….
Retrouver la plume de Franck Balandier c'est faire un curieux voyage au fil d'une vie qu'il effeuille avec gourmandise,poésie, dérision, désillusion, humour, noirceur...
Votre regard va être dirigé vers trois champs (c'est lui le maître), sur seulement quarante et un jours, au cœur de la canicule de 2003.
L'exposition: un homme, une femme, chacun dans son immeuble en vis à vis, un point commun, leurs métiers sont complémentaires.
La narration se fait en voix off, celle de Jonathan Appferdel:"Enfin seul. Voilà ce que je me dis. Je viens de quitter ma femme. Cinq ans de vie commune, c'est long. Surtout quand on ne s'aime pas. Je m'en vais depuis toujours. Je ne suis que de passage."
La force de l'écriture c'est cette voix monologuant qui va créer en vous une persistance rétinienne. Les images se créent, se meuvent et restent en vous pour vous chambouler.
Dépasser la cinquantaine ce n'est pas vieux, c'est avoir un vécu, une expérience ...
Sauf, pour l'homme qui ne se voit pas vieillir, il ne voit que le vieillissement de la femme.
Dans la vraie vie c'est comme au cinéma, la femme de plus de cinquante ans, disparaît de la vue, oui elle n'est plus si jeune et ferme, mais elle existe plus forte, plus conquérante, plus assumée et meilleure dans cette maturité. Mais ce sont des qualités qui ne se voient pas dans un monde consumériste.
Vous qui me lisez, je ne veux pas vous dévoiler cette histoire qui ne se résume pas, mais que chacun vivra dans sa chair, que vous soyez homme ou femme vous ne resterez pas indifférent à cet inventaire des corps.
La Guest star c'est la Mort, il a fallu attendre 2003 pour savoir que beaucoup trop de personnes meurent sans faire de bruit, seules après avoir aimé, donné et rendu service à leur famille et voisinage. Pas le temps de leurs rendre visite ou de venir aux obsèques, non la vie est là et c'est bien connu ce sont les autres qui vieillissent et qui meurent. La réquisition de 4000 m2 d'entrepôts frigorifiques sur Rungis en dit long...
Mais la mort, ne peut-on reprendre les mots d'Anaïs Nin dans son journal : "L'unique sortilège contre la mort, la vieillesse, la vie routinière, n'est-il pas l'amour?"
Tous les ingrédients sont là, comme sait le faire l'auteur, pour vous amener à réfléchir de tout votre être et pas seulement avec votre tête, sur le sens à donner à l'existence.
En lisant ce beau livre que je vous recommande vivement, une musique me trottait dans la tête, celle de Gérard Manset, avec ces paroles là:
"Il voyage en solitaire
Et nul ne l'oblige à se taire.
Il chante la terre.
Il chante la terre
Et c'est une vie sans mystère
Qui se passe de commentaires."
©Chantal Lafon de Litteratum Amor 14 janvier 2017
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