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27 janvier 2020, une date importante puisqu’il s’agit des 75 ans de la libération d’Auschwitz et les survivants des camps de concentration disparaissent peu à peu, repoussant dans un passé lointain l’Horreur.
Certes les témoignages existent, des figures célèbres de la politique, de la littérature ont raconté l’horreur. On pense à Primo Levi et Si c’est un homme, à Ginette Kolinka, Simone Veil, et tous les autres. Fayard a publié le récit de Félix Spitz. Certains diront qu’il s’agit d’un énième témoignage. Pour moi, c’est une nécessité. En ces temps où la haine réapparait toujours plus forte, il faut lire les récits de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants devenus adultes, de ces rescapés de la mort, témoins d’une horreur inimaginable pour nous.
Félix Spitz est né en Allemagne, dans une famille juive polonaise. Bon élève, il était promis à une belle vie mais son judaïsme l’a tout d’abord promis à une expulsion – ses origines polonaises le sauvent d’une déportation et extermination immédiate. Les hasards, les rencontres mais surtout la force de caractère, la ruse et parfois l’audace ne lui ont certes pas permis d’échapper aux camps mais ont été pour lui des moyens d’échapper à la mort. Elle a rôdé autour de lui, saisissant ses parents, sa famille, le laissant orphelin et l’obligeant à affronter seul l’horreur. Sans pathos, c’est ce que Félix Spitz nous livre aujourd’hui dans Personne ne me croira. Après des années de silence, il raconte les vint premières années de sa vie, les camps et la libération, l’horreur et la barbarie.
« D’abord parce que ce n’est pas mon caractère de jouer les victimes. Et raconter des horreurs de la guerre me met nécessairement dans cette position que je me suis toujours refusé à tenir. «
Son témoignage est indispensable, même vital. Il est ce rappel à l’Homme de l’horreur dont il est capable.
« Je suis un homme de 91 ans, mais mon récit est celui d’un petit garçon. »
« Il n’y a rien de réjouissant dans le spectacle de l’humanité. La férocité de l’homme, même sans raison, a toujours existé et ne cessera jamais. Pour survivre, l’homme est capable de tout. C’est à désespérer de l’humanité. Cependant, je lutte contre mon pessimisme. Mon témoignage est celui d’un homme qui veut continuer à croire en l’homme. »
La littérature de la Shoah est à l’image du nombre de victimes de cette atrocité : plurielle, nombreuse et variée. Et il faut lire ces récits pour ne jamais oublier, pour que les générations futures ne reproduisent pas ce que les générations passées ont vécu.
« Le médecin allemand demande à ses confrères juifs pourquoi ils mettent tant d’acharnement à survivre. Ils lui répondent : « Nous le devons absolument pour pouvoir témoigner. » »
« Il faut que l’on sache, c’est cette urgence qui m’anime aujourd’hui. »
Certes ces quelques mots sont banals mais sans Félix Spitz, sans Ginette Kolinka, sans la parole des survivants et des disparus, que restera-t-il ? Le silence ? C’est le silence qui tue. Les mots sauvent ceux qui les disent, les écrivent et ceux qui les lisent.
« Ecrire est extrêmement difficile. La parole est une chose, la fixer sur le papier en est une autre. Relire une phrase est une épreuve physique extrêmement éprouvante. »
En résumé : témoigner c’est transmettre, c’est lier les générations et les hommes. Un récit indispensable.
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