Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Un livre passionnant sur l'incroyable parcours d'Evelyne Pisier et la rencontre renversante des deux auteurs.
Née en 1941 en Indochine, à Hanoï, (comme un de mes oncles, les colonies ont marqué de nombreuses familles et générations) cette femme ardente va mener tous les combats de son temps et certainement même en avance sur son temps. Dans cette France coloniale la vie s’écoule sereine et facile pendant quelques années. La jeune Lucile (la protagoniste du roman, le double d’Évelyne) profite de la vie sous la férule d’un père omniprésent, quasi omnipotent, maître du monde, du moins de son monde. Cet homme aux idées bien arrêtées sur les différences entre les races, sur l’inégalité entre les hommes, sur leur valeur, sur la hiérarchie des sexes, est aussi un fervent partisan du Maréchal. C’est une véritable caricature, mais pas un exemplaire unique, de cette intelligentsia coloniale dont on préfère aujourd’hui ne pas trop se souvenir.
Mona, la mère amoureuse et effacée, et Lucile, la fille, toutes deux obéissantes et soumises, acceptent ce point de vue, cette tyrannie domestique… jusqu’au jour où arrivent les conflits, la guerre est là, les japonais envahissent l’Indochine et parquent les femmes dans des camps – je me souviens des longs récits de mon père sur cette période, et imagine totalement les scènes si réalistes et douloureuses du roman. Comme dans tout pays en guerre, la famine, le viol des femmes, leur soumission, sont des prises de guerre faciles et valorisantes pour l’occupant qui laissent des traces comme marquées au fer rouge.
Pour Évelyne, il y a l’Indochine, puis la Nouvelle Calédonie, enfin la France. Il y a avant tout une émancipation, aidée en cela par une mère qui ouvre enfin les yeux, par une réalité qui s’avère être bien éloignée des règles édictées par le père. Il y a aussi la lecture de Simone de Beauvoir et de son Deuxième sexe, qui ouvre les yeux de Mona, qui décille ceux de Lucile, et permet aux deux femmes de s’émanciper. Ce sera un amant, un permis de conduire obtenu de haute lutte, des combats féministes pour le droit de femmes engagés pour Mona. Pour Lucile / Évelyne, c’est aussi une lutte de chaque instant pour se défaire de la mainmise et des allégations d’un père qui se fourvoie dans un racisme quasi d’état depuis si longtemps. La liberté, sa liberté, est au bout du chemin. Étudiante, il y a alors Cuba, il y a Fidel, il y a avant tout un destin incroyable pour cette femme qui aura su sortir de cette emprise et mener des combats toute sa vie.
chronique complète en ligne sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2018/09/03/et-soudain-la-liberte-evelyne-pisier-caroline-laurent/
Il y a des livres qu’on a du mal à sortir, de peur de ne pas l’aimer alors qu’on apprécie beaucoup une des personnes qui l’a écrit. C’est le cas pour et soudain la liberté et qu’est ce que j’ai eu tort de le laisser trainer, j’ai passé un excellent moment. Evelyne Pisier est décédée pendant l’écriture de sa biographie romancée. Pendant celle-ci, une très belle amitié est née entre elle et son éditrice Caroline Laurent. Ce texte est un hybride où s’intercale les passages entre l’histoire initialement prévue et ceux contenant les réflexions, les doutes… de Caroline Laurent. Cette construction donne une histoire très intimiste avec des échos touchants. On navigue entre passé, présent et échos de passés plus vastes. La plume est belle et prends aux tripes. Niveau histoire entre la fin du colonialisme, la naissance d’une conscience féministe et militante et la relation au communisme c’est une tranche d’histoire qui est mis en avant. C’est un beau texte intéressant et touchant.
Compliqué de chroniquer ce livre.
Tout d'abord, j'ai été très intéressée par cette lecture, par la découverte de l'enfance et de la jeunesse d'Evelyne Pisier.
Ce livre romancé de souvenirs qu'elle n'a pas eu le temps de terminer, emportée par la maladie.
J'ai énormément apprécié l'intervention de son éditrice, Caroline Laurent, devenue son amie, qui joint son écriture à celle d'Evelyne pour terminer le livre.
Caroline Laurent dont j'avais beaucoup aimé Rivage de la colère.
Un livre dont j'aurais certainement pu dire, c'est un très bon livre.
Seulement voilà, il y a eu depuis les révélations de Camille Krouchner, dont je n'ai pas lu le livre ne voulant pas me mêler au voyeurisme médiatique mais dont on a tant entendu parler..
Et l'image de la super femme féministe, libre et indépendante s'est un peu entachée.
Et me voilà plus que septique.
Ayant une amie, écrivain elle aussi, qui a vécu son enfance et son adolescence dans un milieu privilégié mais très libertaire et en ayant douloureusement subi les conséquences, je sais que certains milieux intellectuels peuvent être des plus nocifs.
Et l'emballement que j'aurais pu avoir pour le livre d'Evelyne Pisier s'est évanoui.
Pourtant, ses souvenirs sont tout sauf communs.
Ils montrent une richesse et une intensité de vie incroyable.
Une chose aussi qui m'a surprise, bien que Caroline Laurent en parle en quelques lignes, c'est le fait que Marie-France Pisier n'existe pas dans ces souvenirs, comme si elle n'était pas sa sœur, comme si elle n'était jamais née.
Alors que tous les membres de la famille sont parfaitement décrits.
Plus j'écris et moins j'ai envie de mettre d'étoiles à ce livre.
Finalement, je ne le noterai pas.
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