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La première chose qui m'a intriguée est bien évidemment la couverture, que je trouve vraiment magnifique. Elle remplit son rôle à merveille : mystérieuse, évocatrice, douce, et pour ne rien gâcher, on la regarde d'un oeil nouveau une fois l'histoire achevée. Puis il y a eu le titre. La cité des méduses. Voilà un titre inhabituel pour une fiction. Avec simplement ça, j'avais déjà craqué. J'ai lu le résumé, très vite, et j'ai attendu un peu avant de me lancer dans la lecture, la faute à un début de mois plutôt surbooké. Au final, c'est tant mieux ! Le temps de commencer à lire, une partie du résumé s'est effacée de ma mémoire, la fin très exactement que j'ai coupée ici et qui en dévoile selon moi beaucoup trop, et j'ai pu vivre la magie de cette histoire sans encombres.
Passons donc au plus important : l'histoire. Vous l'avez sûrement compris, j'ai été conquise. Dès les premières lignes, je me suis laissée emporter sur l'île d'Eliana. C'est elle que nous suivons, à travers un récit à la première personne. Eliana est une jeune Tisseuse, au palais des toiles. Elle est également une Songeuse, c'est-à-dire qu'elle rêve, ou plutôt qu'elle cauchemarde. Dans son monde, c'est une maladie et ceux qui en sont atteint sont envoyés au palais des Impurs et exposés à une honte indicible. Pour cette raison, Eliana garde ce secret pour elle, à l'instar d'autres songeurs qui ont eu la chance de ne pas être démasqués. Un jour, une femme mutilée arrive au palais. Sur sa paume, à l'encre invisible, est tatoué le prénom d'Eliana. Les deux femmes se trouvent alors liées. Eliana va l'aider à apprendre ce qui lui est réellement arrivée. Dans cette quête, elles vont découvrir que le monde dans lequel elles vivent est bâti sur bon nombre de mensonges dont la révélation pourrait changer le cours de l'histoire.
Le récit est bien mené. Son rythme est agréable et l'auteur maintient un niveau constant de mystère. L'équation évolue sans cesse, avec un grand nombre d'inconnues qui, peu à peu se révèlent, ou en dévoilent d'autres, pour finalement donner la solution au détour des dernières pages. J'ai été surprise plus d'une fois par l'évolution de la narration, et notamment par la fin. Aux éléments qui font avancer l'intrigue s'ajoute l'univers créé par Emmi Itäranta. Celui-ci m'a totalement emportée dans son sillage. Dès le départ, on est projeté dans cette cité des méduses, quoiqu'on n'en sache rien. On découvre peu à peu ce qui le constitue et le fait fonctionner. Certes, j'aurais aimé savoir beaucoup plus de choses, comme le fonctionnement des méduses chanteuses, celui des verres-radieux, l'arrivée au pouvoir du Conseil, ou encore la raison de l'existence de cette île et à quel tout elle appartient... Mais beaucoup de ces éléments ne seraient que du superflu. L'histoire se développe assez bien comme ça et le style est efficace avec les données dont nous disposons. L'ajout d'un très grand nombre d'informations aurait probablement alourdi inutilement le récit. Ma curiosité n'a pas été totalement satisfaite mais mon imagination a pris le relais. Une fois le livre terminé, j'ai pris un moment pour combler les lacunes laissées par l'auteur. C'était plutôt plaisant !
Un élément m'a vraiment beaucoup plu : la relation entre Eliana et Valeria. Elle est arrivée là, au milieu du récit, avec un naturel et une logique délicieux. C'était doux, mené avec beaucoup de subtilité et de délicatesse. Cette relation sert l'histoire. Elle n'est pas là juste pour satisfaire du voyeurisme, elle est là pour apporter quelque chose à l'histoire, sans pour autant prendre toute la place au sein de celle-ci. Elle s'intègre dans un récit et y apporte un véritable plus.
Les personnages sont touchants. Eliana a une vie compliquée, toute occupée qu'elle est à camoufler son secret. Elle est profondément bonne, tout comme Valeria, ce personnage qui, sans mot, parvient à se faire entendre. Alva, la soigneuse, est attachante. Elle inspire confiance et fait preuve d'intelligence. Janos, le frère d'Eliana, est également intéressant dans son soutien envers sa soeur et dans son évolution. Tous sont cohérents, qu'ils soient des personnages principaux ou secondaires, et ils contribuent tous à leur façon au récit, guidés par la plume d'une fluidité et d'une poésie terriblement plaisantes.
A travers cette histoire riche en créativité, Emmi Itäranta aborde des thèmes variés d'une façon qui favorise la réflexion. La nature humaine est un thème principal : sa quête de pouvoir, sa peur de le perdre et sa capacité de destruction sont ici illustrés magistralement, sans pour autant ce ton moralisateur qu'on leur trouve souvent associés. Le récit baigne également dans la peur de la différence, lorsque les habitants de l'île dénoncent les songeurs parmi eux, alors qu'ils savent pertinemment que le sort qui leur est réservé est inhumain. Ce sont les deux sujet les plus représentés, mais il y en a des tas d'autres qui m'ont fait réfléchir. L'amour, pris pour ce qu'il est : pur et normal quoiqu'il arrive. La tolérance, mère de la paix, et le profit personnel, son pendant maître de guerre. Et la solidarité, la révolte, ... J'en oublie probablement, mais vous avez saisi l'essentiel : ce roman porte un message très important, d'amour et de paix.
Verdict : ♥♥♥♥♥ Sous la plume d'Emmi Itäranta, l'univers qu'elle a créé trouve une réalité jusque dans nos esprits. Ses personnages et son histoire m'ont marquée par leur originalité et leur crédibilité. Il manque quelques informations sur les spécificités de cette île et du monde qui l'entoure mais les très nombreuses qualités de ce roman font oublier ces détails. Je vous conseille donc très fortement cette lecture. Quant à moi, je m'en vais acquérir Fille de l'eau, le précédent roman de cette auteur que je suivrai avec attention.
L'avis des Rêveurs et Mangeurs de Papier
http://revesurpapier.blog4ever.com/fille-de-l-eau-de-emmi-itaranta
Noria doit succéder à son père en tant que maître de thé. Il lui a appris la cérémonie de thé dans les moindres détails et la valeur de l'eau. C'est un héritage particulier, lourd, surtout quand l'eau potable se fait rare. Surtout quand l'utilisation de l'eau est surveillée, rationnée par les autorités. Et plus encore, quand son père lui dévoile l'existence d'une source secrète.
Nous voilà plongés dans une époque future où l'utilisation de l'eau est surveillée et où les crimes d'eau sont malheureusement fréquents et punis sévèrement. A coté de cette pénurie d'eau, on découvre Noria, jeune fille et future maître de thé, à qui on confie la protection d'une source secrète d'eau pure. On a vite conscience que c'est un petit coin magique qui mérite d'être protégé. Mais Noria détient tout de même un secret énorme. C'est une grosse responsabilité et c'est risqué, surtout quand l'armée commence à fouiner. Elle a le contrôle sur quelque chose que beaucoup convoite et selon ses choix, ça peut faire toute la différence. D'ailleurs, on ne sait pas trop ce que ça va donner, ni comment on réagirait dans la même situation.
A cause de ça, on sent aussi l'écart qu'il y a entre sa vie, en tant que fille de maître de thé, et celle des villageois ou celle de son amie Sanja, dont la petite soeur est malade à cause de l'eau sale qu'on leur distribue. Ca fait d'abord un peu mal au coeur de voir cette source d'eau pure juste là, sans qu'elle puisse être partagée, puis on comprend tout ce que ça implique si elle décidait d'en faire profiter.
Ce que j'ai le plus apprécié, c'est tout ce que dégage l'apprentissage du maître de thé. La cérémonie de thé est décrite comme un art, comme quelque chose de sacré et j'ai trouvé ça très beau. Malgré la rareté de l'eau potable, les gens acceptent et apprécient cette cérémonie. C'est une coutume respectée et elle a une valeur que je n'aurais jamais soupçonnée si je ne l'avais pas lu. Cela m'a vraiment impressionné!
Noria est aussi fascinée par le monde d'antan, alors quand Sanja et elle trouvent des enregistrements dans la Fosse, un espèce de dépotoir où de vieux objets sont entassés, elle voit là un moyen d'en apprendre un peu plus. Et leur contenu est plein d'espoir pour Noria. Ce sont des récits du monde d'antan, des morceaux de vérité. Y aurait-il d'autres sources secrètes, en terres interdites?
C'est pour moi une lecture unique en son genre. A la base, je m'attendais à de la science fiction, animée en terme d'action. Et j'étais bien loin de l'ambiance du livre. Il se trouve que c'est le genre de livre qui n'a pas besoin d'action pour être lu. Le déroulement de l'histoire reste pourtant captivant. Le rythme est en effet lent mais ça correspond parfaitement au décor qui ressort du livre. C'est calme et soigné, même si le sujet effraie quelque peu. L'écriture est douce, poétique, c'est vraiment très agréable.
C'est une histoire qui marque par son sujet et qui fait sérieusement réfléchir aux traces qu'on laisse derrière nous. Voilà une belle découverte et je ne dirais pas non à une suite, rien que pour retrouver cette ambiance toute douce.
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