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Historien et biographe, Emmanuel de Waresquiel laisse de côté les figures historiques pour se retourner sur son enfance dans le Maine durant les années 60. Il nous confie en préambule « On ne s’intéresse pas impunément à la vie des autres sans se pencher sur la sienne »
C’est un récit empli de tendresse et de pudeur où l’écrivain convoque les auteurs qui ont jalonné sa jeunesse : Proust, Victor Hugo, Saint Exupéry ou encore ces poètes anglais qu’affectionnait sa mère qui a gardé de l’Angleterre « le souvenir et les usages de ses nannies » sa mère qui lui donnera le goût de l’histoire en lui contant les épopées de ses aïeuls et leurs mystères « ces histoires-là, qu’on aurait crues écrites par Edgar Poe ». Cette mère, aimante, pudique et romanesque lorsqu’elle racontait l’histoire de la famille, l’auteur en parle avec tendresse dans les premiers chapitres. Le père, ancien militaire, dirigeait sa ferme et ses vergers avec « le sens du commandement » « Il en imposait naturellement ».
Dans cette vaste demeure de Poligny « entre pâtures et forêts », château digne du chat botté, la vie est provinciale. Loin de l’agitation, on y respire un air suranné, on sonne la cloche pour signaler le déjeuner et on va à la messe le dimanche en famille.
Derrière les souvenirs d’enfance se profile le biographe qui va tour à tour évoquer tous les membres de cette famille aux aïeuls aristocrates et, parfois, illustres. Aux côtés des héros de guerre, on croise quelques originaux comme cet « oncle qui portait un nom de roman russe » et qui sculptait des oiseaux.
Emmanuel de Waresquiel excelle dans l’art subtil de ces portraits peints à petites touches expressionnistes. Il sait aussi faire revivre des sensations, des paysages de cette enfance qui échappe au temps.
Et de nous confier, dans les dernières pages :
« Je me demande au fond quelle nécessité j’ai pu éprouver à cette danse des souvenirs, quel plaisir j’ai pris à cette immersion lente dans le passé, comme en apnée…
…De l’étrangeté sans doute, comme si l’étais devenu mon propre double, comme si mon autre avait vécu dans un monde mystérieusement aboli par une conjuration du temps. »
Belle lecture d’un récit où l’évocation des souvenirs d’enfance est rafraichissante et joyeuse, où la tendresse sourd à chaque page sous l’écriture élégante et poétique d’Emmanuel de Waresquiel.
Je remercie les éditions Tallandier et Babelio pour cette belle découverte.
L'auteur écrit pour parler de ce qu'il aime ; son sujet, c'est Stendhal, un romancier qu'il aime pour… des raisons exposées (l'Italie, le renoncement à une carrière, le style bref et allègre, le goût du bonheur) et peut-être d'autres inavouées : on entre en stendhalie, écrit-il, comme on suivrait le lapin au pays d'Alice.
Si le lien entre biographie et romans est montré, celui entre écrits personnels et vie de l'auteur l'est plutôt moins. On retient que Stendhal doit sa carrière de romancier à la chute de Napoléon, et que la prison, celle de l'enfance, celle des héros (Julien à la forteresse de Besançon, Fabrice à la tour Farnèse à Parme) est le lieu où s'exprime la liberté d'aimer.
Une lecture de soleil, lumineuse et chaleureuse.
Excellente biographie.
J'ai seulement regretté :
- la faiblesse de la période jusqu'à la Convention montagnarde (1794) : 190 pages sur 668.
- la période de l'Empire essentiellement centrée sur Napoléon !
- l'absence d'une chronologie en fin d'ouvrage.
Mais superbe écriture
Un travail de fourmi ... un travail d'historien sur 668 pages complétées de références d'archives et d'annexes. Je n'aime pas particulièrement M. Fouché mais j'ai décidé d'aller jusqu'au bout de cet ouvrage parce qu'il s'agit d'une biographie complète qui présente un homme au-delà du policier rude, précurseur des RG, ennemi de Robespierre et de Bonaparte, qui a voté la mort de Louis 16 et poussé Joséphine de Beauharnais au divorce. C'est toute une étude du pouvoir mais également une analyse fine d'une vie, celle d'un homme trop ambitieux qui meurt dans l'indifférence générale. Une belle leçon finalement pour nos hommes politiques !
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