Voilà que cette nouvelle année 2022 a vu le jour en compagnie d’un challenge littéraire qui m’a directement attirée via Instagram : celui de lire durant un an des livres de la maison d’édition Gallmeister. Chaque mois, un thème est donné et différents livres proposés en relation. Pour le mois de janvier, il s’agissait de « C’est la vie ». Comme le livre « Idaho » d’Emily Ruskovich était proposé, c’était l’occasion rêvée d’enfin le sortir de ma pile à lire.
Sa quatrième de couverture m’avait directement conquise. Pourtant, je dois bien l’avouer dès le départ, ma lecture s’est vraiment déroulée en demi-teinte.
Il est indéniable que l’auteure, Emily Ruskovich, a un don certain pour l’écriture. Son style est très singulier et poétique. Mais où le bât blesse pour moi, c’est que j’ai trouvé que le récit comportait beaucoup trop de longueurs. Alors oui, à certains moments, je pouvais les comprendre afin de magnétiser le lecteur mais parfois, c’était plus laborieux…
Ses descriptions de paysages et d’environ-nements sont certes bluffantes mais elles sont aussi très détaillées et précisées. C’est un peu un jeu à double tranchant et je me suis parfois un peu ennuyée.
Par contre, j’ai beaucoup apprécié la psychologie des personnages et plus partiellement celle de Wade. L’évolution de sa maladie fait ressentir parfaitement son changement de personnalité et la façon dont Ann le soutient, malgré de nombreuses difficultés pour elle, est touchante.
Ceci n’est que mon humble avis personnel. Je suis certaine que ce livre saura encore séduire de nombreux lecteurs et vous invite à cette occasion de vous forger votre propre opinion.
Wade, la cinquantaine est atteint de démence sénile précoce et perd peu à peu la mémoire. Ann, sa seconde femme depuis 8 ans, s'évertue à reconstituer le passé de Wade. Car 9 ans auparavant, un drame terrible s'est produit qui a fait voler sa vie en éclats, drame dont Ann ignore les détails. Entre les bribes de souvenir qui ont pu échapper à Wade, ce qu'elle a pu lire, ce qu'elle imagine, elle décortique le moindre indice pour essayer de comprendre jusqu'à l'obsession.
S'il y a dans le comportement de Ann beaucoup d'amour pour son mari, elle est habitée par une certaine culpabilité dont on ne saura jamais si elle était justifiée ou pas et il y a un côté malsain dans cette idée fixe de vouloir à tout prix reconstituer le passé ...
Mais la finesse des descriptions, la psychologie très fouillée des nombreux personnages, la nature rude et omniprésente de ce vaste et sauvage Idaho, cette histoire étrange qui peu à peu se reconstitue( fantasme ou réalité ?) sans qu'on sache jamais vraiment ce qui s'est réellement passé et surtout pourquoi, la multitude de détails, ont contribué à me faire tourner les pages, tenue en haleine, fascinée par la personnalité d'Ann.
Et je dois bien le dire par l'extraordinaire densité de ce premier roman traitant de sujets difficiles comme le deuil, la mémoire qui s'effiloche, le poids du silence...
Il y a des passages que j'ai profondément aimés, d'autres moins( il m'a semblé parfois que l'autrice s'égarait en chemin à vouloir disséquer, analyser le moindre personnage, qui aurait croisé à un moment donné la vie de Wade) mais je l'ai refermé avec le sentiment d'avoir lu un roman puissant et découvert une autrice à suivre.
L'Idaho, c'est un pays de montagnes, désert, rude, où l'hiver interminable peut vous bloquer chez vous plusieurs mois. Les personnages de cette histoire sont à l'image de leur terre : rugueux, taiseux, austères.
Ann vit avec Wade. Wade qui perd la mémoire, et qui, petit à petit, oublie qu'il a eu une autre femme avant elle, Jenny. Et deux petites filles, May et June. Et qu'un jour d'été, prise d'un coup de folie, Jenny a tué May d'un coup de hache. L'un après l'autre, chaque personnage va tenter de raconter son histoire et de percer le mystère de l'événement incompréhensible et impardonnable. C'est bouleversant...
Une chaude après-midi d'août 1995, une forêt de bouleaux dans les Rocheuses, au nord de l'Idaho. A l'arrière
du pick-up familial, Wade empile des bûches tandis que sa femme, Jenny, les élague à la hachette.
Leurs filles, June, 9 ans, et May, 6 ans, jouent aux alentours, se chamaillent.
La mère demande à faire une pause, s'installe sur le siège du passager et déguste une citronnade. "Elle tient toujours
la hachette dans sa main droite, qui pend par la portière". May arrive par derrière. Survient l'impensable.
Un infanticide incompréhensible. June s'enfuit, on ne la retrouvera pas.
Quelques années plus tard, nous retrouvons Wade qui vit toujours dans sa maison perdue dans les montagnes.
Désormais âgé d'une cinquantaine d'années, il est atteint de démence précoce et perd peu à peu toute notion de
son passé. Sa seconde épouse Ann qui n'a jamais su les détails du drame, se sent investie d'un devoir de mémoire:
Plus Wade devient l'ombre de lui-même, plus Ann fait tout pour raviver ses souvenirs et reconstituer la trame
de cette tragédie en endossant au passage de bien lourdes responsabilités.
Ce roman choral passe d'un personnage à l'autre, d'une époque à une autre, nous mène sur diverses pistes.
Il n'y aura aucune explication claire au meurtre commis par Jenny, mais une histoire dévoilée avec parcimonie
au rythme des souvenirs réels ou imaginaires des protagonistes à la psychologie très fouillée, quitte à
paraître parfois alambiquée. J'aurais préféré parfois un peu plus de simplicité.
Le cadre âpre et grandiose qui sert de toile de fond, isole Wade, Jenny puis Ann, les écrase.
Tout paraît bien dérisoire face à cette nature implacable. Ils semblent pareils à de pitoyables insectes se
débattant contre une fin inéluctable.
Mais parfois il y a quelques moments de grâce, et ils trouvent comme une rédemption dans leur dévouement à
quelqu'un.
J'ai particulièrement été touchée par Wade et par la façon dont l'auteur fait percevoir la maladie du point de vue du
personnage.
Les deux petites filles sont également très attachantes, le passage de l'enfance à l'adolescence de June est vu sous un
angle bien intéressant.
Par contre les autres personnages m'ont laissée 'à distance', indifférente.
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